La joie d’un couple de Japonaises après un jugement historique sur le mariage homosexuel

Société

(Par Akira Tomoshige)

Tokyo (Reuters) - Des larmes de joie coulent sur les visages de Jenny et Narumi, un couple de Japonaises. En effet, le 18 mars 2021, pour la première fois au Japon, un tribunal a jugé l’interdiction des mariages entre personnes de même sexe comme étant contraire à la Constitution.

Cette décision rendue par le tribunal de district de Sapporo (préfecture de Hokkaidô) est une victoire symbolique majeure sur la question de la légalité des mariages homosexuels au Japon, seul pays du G7 à ne pas reconnaître pleinement ce type d’unions.

Mais pour Jenny et Narumi, cette nouvelle prend une dimension très personnelle. Les deux jeunes femmes souhaitent vivre en concubinage. Elles ont même organisé une cérémonie de mariage (officiellement non reconnue).

Jenny et Narumi partageant un moment de bonheur chez les parents de Jenny à Tokyo, le 19 mars 2021. (REUTERS/Akira Tomoshige)
Jenny et Narumi partageant un moment de bonheur chez les parents de Jenny à Tokyo, le 19 mars 2021. (REUTERS/Akira Tomoshige)

(REUTERS/Akira Tomoshige)
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« J’ai ressenti une lueur d’espoir » se réjouit Narumi. En raison de l’attitude encore conservatrice du Japon envers les couples LGBT, Jenny et Narumi ont refusé de révéler leur noms de famille.

« J’étais heureuse de me dire que je pourrais peut-être bientôt, même si je ne sais pas quand, épouser Jenny au Japon. »

Entre Jenny, 28 ans, et Narumi, 27 ans, ça a été le coup de foudre. Elles se sont rencontrées en janvier 2020 via une application de rencontre et ne se sont jamais quittées depuis.

Leur histoire a évolué très rapidement si bien qu’en août, elles ont décidés d’habiter ensemble et ont fait la demande d’un certificat de partenariat domestique. Ce document facilite la location de biens immobiliers ou les visites à l’hôpital, mais ne prévoit aucune garantie juridique telle que les droits d’héritage ou la garde des enfants du conjoint.

« Nous sommes vraiment heureuses » s’est exclamée Jenny, qui est moitié américaine, moitié japonaise. « Si nous pouvions faire un mariage reconnu aux yeux de la loi, nous pourrions avoir des enfants » s’enthousiasme-t-elle.

« Dans la situation actuelle, l’enfant serait inscrit au registre de l’état civil. Mais officiellement, il n’aurait que l’une de nous deux comme parent ».

Jenny et Narumi cuisinent ensemble chez les parents de Jenny à Tokyo. (REUTERS/Akira Tomoshige)
Jenny et Narumi cuisinent ensemble chez les parents de Jenny à Tokyo. (REUTERS/Akira Tomoshige)

(REUTERS/Akira Tomoshige)
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Le couple a même envisagé de déménager aux États-Unis si la situation n’évolue pas au Japon, puisque Jenny possède la citoyenneté américaine.

Le verdict du 18 mars a été rendu dans le cadre de cinq affaires similaires en cours au Japon. Ce jugement pourrait créer un précédent qui pourrait à son tour peser dans la balance d’autres affaires. Cependant, l’autorisation légale du mariage homosexuel nécessite l’adoption d’une nouvelle loi, ce qui prendra probablement un certain temps.

Cependant, l’opinion publique, elle, change. Selon un sondage du journal Asahi Shimbun au sujet du ressenti de la population nippone suite à cette décision historique, 65 % des personnes interrogées disent être d’accord avec le jugement du tribunal.

Jenny et Narumi confient avoir été particulièrement heureuses parce que les voix de la communauté japonaise LGBT ont enfin été entendues en haut lieu.

« J’ai eu la sensation qu’un sentiment longtemps refoulé en moi éclatait ; nous étions enfin reconnus » a explosé de joie Narumi.

Jenny et Narumi prennent la pose au carrefour de Shibuya à Tokyo. (REUTERS/Akira Tomoshige)
Jenny et Narumi prennent la pose au carrefour de Shibuya à Tokyo. (REUTERS/Akira Tomoshige)

Toutefois, Jenny a les idées claires ; elle est consciente que le mariage légal de deux personnes du même sexe au Japon, ce n’est pas pour demain. Mais elle ne désespère pas.

« Si nous pouvions avoir les mêmes droits juridiques que les autres couples, j’aimerais vivre avec Naru-chan et fonder une famille » dit-elle, en appelant sa chère et tendre par un surnom affectueux.

« J’aimerais habiter dans un endroit chaleureux, une maison remplie d’enfants, de chiens et de chats, et de rires. »

(Texte de Elaine Lie, édité par Karishma Singh. Traduit et édité de l’anglais par Nippon.com)

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