Le train miniature offert par les Américains qui a poussé le Japon à se moderniser

Histoire Culture

Les trains ont sans aucun doute été l’une des technologies qui ont le plus influencé l’histoire du Japon, modifiant radicalement le paysage du pays et de ses villes. Afin de pousser l’Archipel à s’ouvrir aux relations commerciales au milieu du XIXe siècle, le gouvernement américain a vanté les charmes de l’Occident en leur offrant une petite locomotive. Les Japonais en ont été fascinés.

Un symbole de la modernisation du Japon

Lors de la création de la première ligne ferroviaire du Japon, des experts étrangers ont été impliqués dans tous les aspects du projet, de la pose des rails à la construction des gares. Aucun, cependant, n’a exercé son travail sans la supervision de responsables japonais. Inoue Masaru était l’un de ces superviseurs.

Il était membre des « cinq génies de Chôshû », un groupe de samouraïs parti étudier en Grande-Bretagne en 1863, quelques années avant l’effondrement du shogunat des Tokugawa. Inoue a appris le génie civil à Londres et est revenu en 1868 dans son pays, où il a été nommé chef du Bureau des chemins de fer en 1871. Il était l’un des plus éminents défenseurs de l’introduction de ce nouveau mode de transport au Japon, et on se souvient aujourd’hui de lui comme le « père des chemins de fer japonais ». (Voir notre article lié : Les « cinq génies de Chôshû » et la fondation d’un État moderne au Japon)

La première locomotive à vapeur importée au Japon de Grande-Bretagne, construite en 1871, est actuellement exposée au Railway Museum de la préfecture de Saitama.
La première locomotive à vapeur importée au Japon de Grande-Bretagne, construite en 1871, est actuellement exposée au Musée des Chemins de fer, dans la préfecture de Saitama.

Le 14 octobre 1872, la première ligne de chemin de fer du Japon a été officiellement inaugurée. L’empereur lui-même était présent ce jour-là, aux côtés de responsables gouvernementaux et de diplomates, des ambassadeurs du royaume Ryûkyû (l’actuelle préfecture d’Okinawa), et même des chefs du peuple indigène des Aïnous, tels que décrits par l’orientaliste américain William Elliot Griffis, qui a assisté à la cérémonie.

Le Japon a adopté le transport ferroviaire avec enthousiasme et a ensuite fait importer davantage de locomotives, de matériel roulant et de rails pour étendre le réseau. Dans les années qui ont suivi, de nombreuses autres villes japonaises ont été reliées par les chemins de fer, et les trains, avec l’architecture en brique, sont devenues les symboles de la modernisation du Japon. En 1896, Inoue Masaru a créé la société par actions (SPA) Kisha Seizô à Osaka en tant que premier fabricant de locomotives au Japon. Il a été l’un des piliers du développement ferroviaire du pays jusqu’en 1972, date à laquelle la compagnie a fusionné avec Kawasaki Heavy Industries.

Même sans le cadeau du commodore Perry, les Japonais auraient tôt ou tard adopté le transport ferroviaire. Mais cette spectaculaire manifestation de 1854 devant l’élite d’Edo est restée dans les mémoires comme l’un des éléments clefs à avoir déclenché la modernisation du Japon.

(Voir également notre article : La révolution industrielle du Japon : rattraper les puissances occidentales)

(Photo et texte : rédaction de Nippon.com. Photo de titre : la gare de Tokyo, l’un des bâtiments emblématiques représente les prémices des réseaux de chemins de fer japonais et l’architecture du Japon moderne.)

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