Payer pour monter : une première dans l’histoire du mont Fuji

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Depuis son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en 2013, le mont Fuji a acquis encore plus de succès auprès des touristes étrangers au Japon. Le nombre annuel de personnes venues à la cinquième station du côté de la préfecture de Yamanashi est passé de 2,31 millions en 2012 à 5,06 millions en 2019, la dernière année ayant précédé la crise sanitaire. Mais on remarque également les méfaits du surtourisme, sous la forme de comportements inappropriés ou de conduites dangereuses.

Une première dans l’histoire du mont Fuji

La préfecture de Yamanashi a décidé de limiter le nombre de randonneurs sur le mont Fuji, une première depuis le début des pèlerinages rituels il y a environ neuf cents ans. Une barrière de péage a été installée à la cinquième station du sentier Yoshida en prévision de l’ « ouverture » de la montagne, c’est-à-dire le début de la saison de randonnée alpine, le 1er juillet. On peut la franchir entre 3 heures du matin et 16 heures, et le nombre total de personnes autorisées à le faire chaque jour a été fixé à quatre mille (ce chiffre ne comprend pas les personnes ayant reservé une nuit dans les refuges).

La vue depuis la route Subaru Line
La vue depuis la route Subaru Line

Des files de cars de tourisme à la cinquième station dès avant l'ouverture de la montagne.
Des files de cars de tourisme à la cinquième station dès avant l’ouverture de la montagne.

Le montant du péage est fixé à deux mille yens. On peut régler cette somme en ligne sur le site officiel du mont Fuji. La réservation en ligne d’une date est déjà possible depuis le 20 mai, et au moment de la rédaction de ces lignes, plus de vingt mille personnes l’avaient fait. Régler le péage sur place, sans réservation, est aussi possible, mais mieux vaut dans ce cas-là vérifier sur le compte X du mont Fuji, actualisé en permanence, le nombre de personnes ayant déjà franchi la barrière.

Il faut faire attention au fait que les personnes ayant fait l’ascension à partir de la préfecture de Shizuoka devront aussi payer ce péage de deux mille yens s’ils descendent par le sentier Yoshida. L’argent récolté servira à financer les services de traduction et d’interprétariat ou encore à renforcer la sécurité du site.

Le 19 juin a été réalisée une répétition du passage de la barrière, avec différentes simulations : touristes étrangers ne parlant pas japonais, conseils donnés aux personnes sous-équipées.

Des interprètes présents au passage de la barrière invitent les touristes étrangers à se montrer prudents durant leur ascension.
Des interprètes présents au passage de la barrière invitent les touristes étrangers à se montrer prudents durant leur ascension.

Des personnes recommandent aux candidats à l'ascension vêtus trop légèrement de louer des vêtements protégeant de la pluie ou du froid.
Des personnes recommandent aux candidats à l’ascension vêtus trop légèrement de louer des vêtements protégeant de la pluie ou du froid.

Lutter contre le surtourisme

Le sentier Yoshida, bien aménagé et facilement accessible depuis la région de Tokyo, est le plus populaire (60 % des randonneurs qui font l’ascension l’utilisent) des quatre sentiers qui mènent au sommet de la montagne la plus haute du pays. En 2023, 137 236 personnes l’ont emprunté, un nombre proche du niveau d’avant la crise sanitaire. Mais il a également ses problèmes, embouteillages ou phénomène du bullet climbing, c’est-à-dire une montée et descente effectuée dans la même journée sans faire de pause. Afin de remédier à ces difficultés, les autorités de la préfecture de Yamanashi ont pris en mars de cette année un arrêté visant à limiter le nombre de randonneurs sur le mont Fuji.

 Le gouverneur de la préfecture de Yamanashi teste lui-même la barrière. Son bracelet muni d'un QR code qui est la preuve que le péage a été préalablement réglé en ligne.
Le gouverneur de la préfecture de Yamanashi teste lui-même la barrière. Son bracelet muni d’un QR code qui est la preuve que le péage a été préalablement réglé en ligne.

En plus du droit de passage, lorsqu'on paie un montant de mille yens pour soutenir la préservation du site, on reçoit une étiquette Fuji en cyprès japonais.
En plus du droit de passage, lorsqu’on paie un montant de mille yens pour soutenir la préservation du site, on reçoit une étiquette Fuji en cyprès japonais.

Lors de sa visite, Nagasaki Kôtarô, le gouverneur de Yamanashi, a sollicité la compréhension du public vis-à-vis de ces restrictions en soulignant qu’elles avaient pour but d’offrir aux visiteurs japonais comme étrangers de meilleurs moments sur la montagne. La préfecture envoie des informations destinées aux touristes étrangers par l’intermédiaire des médias internationaux, des ambassades, et des sites de voyages.

L’une des conditions stipulées par le Conseil international des monuments et sites (ICOMOS) de l’inscription au patrimoine de l’humanité est « un nombre de visiteurs approprié à la capacité d’accueil du mont Fuji. » Pour M. Nagasaki, la mesure prise est un pas vers la résolution du problème du surtourisme, et son ambition est de faire de cette montagne un exemple pour le Japon tout entier. C’est en d’autres termes la première étape vers la réalisation d’une promesse faite au reste du monde. La barrière installée est provisoire cette saison, mais l’objectif est qu’elle devienne permanente à partir de l’année prochaine en fonction des résultats qu’elle aura produits et des problèmes qu’elle aura mis au jour.

Un terminal GPS est distribué aux grimpeurs pour permettre également l’analyse des flux de personnes.
Un terminal GPS est distribué aux grimpeurs pour permettre également l’analyse des flux de personnes.

(Reportage, texte et photos de Nippon.com)

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