Le renouveau régional au Japon

La joie d’un petit village japonais autour des feuilles décoratives « tsumamono »

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Dans la cuisine japonaise, il n’est pas rare d’utiliser de belles feuilles, appelées tsumamono, pour décorer les plats. Un village isolé dans les montagnes de l’île de Shikoku se redynamise grâce à un commerce que les participants prennent plaisir à développer. Parmi eux se trouvent des jeunes qui ont quitté la vie urbaine pour une nouvelle activité pas comme les autres.

Tenter un stage de formation à Kamikatsu ?

Au fil des 36 années passées, une nouvelle génération reprend le flambeau. La population du village continue cependant de vieillir et de se réduire. Le gros challenge pour Yokoishi ? Impliquer les jeunes. Depuis dix ans, Irodori propose des stages en partenariat avec la municipalité de Kamikatsu et certains stagiaires choisissent de s’y installer. Yokoishi recrute activement en dehors du village et, en ce moment, les employés de Irodori sont tous des personnes entre 20 et 50 ans qui ont fait le choix de quitter la vie urbaine.

Les bureaux de la société sont loués à la municipalité.
Les bureaux de la société sont loués à la municipalité.

Les huit employés de Irodori viennent tous de l’extérieur du village.
Les huit employés de Irodori viennent tous de l’extérieur du village.

Toutefois, l’objectif majeur de la revitalisation régionale n’est pas forcément de faire croître la population. Pour Yokoishi, « même avec moins de 1 500 habitants, un village peut survivre avec un modèle de société circulaire ». Pour parvenir à cet idéal, il privilégie l’idée des « forêts de couleurs ». La forêt recouvre 90 % de la superficie de Kamikatsu, avec principalement des cryptomères qui y ont été plantés. En raison du recul de la demande pour le bois depuis quelques années, l’entretien n’est plus ce qu’il était et le risque de glissements de terrain et autres catastrophes naturelles va en augmentant. L’idée est de remplacer ces conifères par des arbres caduques produisant des fleurs et du beau feuillage en automne qui conviennent aux tsumamono.

Le pont Irodori enjambe la rivière Katsuura.
Le pont Irodori enjambe la rivière Katsuura.

De nombreux arbres à fleurs plantés pour créer des « collines colorées ».
De nombreux arbres à fleurs plantés pour créer des « collines colorées ».

En 2018, Irodori crée un parc d’apprentissage pratique pour former des producteurs de tsumamono. Les nouveaux-venus peuvent y apprendre le métier, et le site est en même temps une vitrine où l’on peut admirer l’offre de l’entreprise. Les photographes apprécient le pont suspendu qui enjambe le torrent de montagne au sein du parc, et les touristes privilégient les onsen et campings aux alentours.

« J’ai pu persévérer parce que mon boulot me plaisait »

Les cryptomères abattus servent de biocarburants dans les usines et auberges traditionnelles. Des fibres obtenues des cryptomères sont également employées pour créer des produits textiles vendus sous la marque KINOF (jeu de mot japonais signifiant « tissu d’arbre »). Yokoishi voudrait devenir le parrain de l’épanouissement de Kamikatsu en utilisant la richesse de ses forêts sempiternelles pour faire revivre la région à travers l’industrie, l’environnement et le tourisme.

Les textiles Kinof sont fabriqués à base des fibres de cryptomères qui ont d’excellentes propriétés antibactériennes.
Les textiles Kinof sont fabriqués à base des fibres de cryptomères qui ont d’excellentes propriétés antibactériennes.

Yokoishi sait de quoi il parle quand il dit : « Lorsque vous venez vivre dans une communauté rurale, on s’attend à ce que vous vous y impliquiez, et si vous montez une affaire, ça finira mal pour vous si les bénéfices ne reviennent pas dans la communauté... Je pense que ce que nous faisons à Kamikatsu, nous le faisons vraiment bien. »

Il faut dire que lui-même n’est pas du coin, et cela fait 44 ans qu’il effectue le trajet depuis la ville de Tokushima. Au départ, on le traitait d’accouru, mais c’est ce côté frustrant qui l’a poussé à mettre en place une affaire qui a marché et a profité à toute la communauté.

« J’ai pu persévérer parce que mon boulot me plaisait. C’est la même chose pour les vieilles dames. Elles sont ravies que leurs produits se vendent et travaillent jusqu’au milieu de la nuit. Si on arrive à impliquer davantage de jeunes qui pensent de la même manière et apprécient la vie rurale, le village ira en s’enrichissant. »

(Toutes les photos sont de Nippon.com, avec l’aimable autorisation de Irori Corporation.)

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