Les règles de savoir-vivre au Japon

Savoir s’incliner : une marque de respect essentielle au Japon

Culture Tradition

L’art de saluer joue un rôle central dans le savoir-vivre à la japonaise. Voici un petit tour d’horizon des différentes manières de s’incliner en fonction des situations. Découvrons aussi les racines de cette pratique.

La façon habituelle de s’incliner

Dans les écoles japonaises, il est coutume de s’incliner (o-jigi) au début et à la fin des classes. Les étudiants se lèvent de leurs chaises pour faire face à l’enseignant. Un élève désigné dit alors Rei !, et tous courbent en même temps la tête.

Au Japon, la coutume de s'incliner a été introduite dans les classes à l'époque moderne, mais certaines écoles ne la pratiquent pas. (Pixta)
Au Japon, la coutume de s’incliner a été introduite dans les classes à l’époque moderne, mais certaines écoles ne la pratiquent pas. (Pixta)

Le mot rei peut signifier « s’incliner »mais aussi « étiquette »de manière plus générale, ce qui reflète l’importance centrale de cette action dans les bonnes manières japonaises. Destinée à l’origine aux personnes de rang supérieur, la soumission symbolique de la tête, présentée d’une manière vulnérable, avait pour objectif d’indiquer que l’inclinaison n’était pas hostile. Cette habitude aurait été transmise de la Chine au Japon il y a plus d’un millénaire, et au Moyen Âge, elle a commencé à faire partie des règles des samouraïs servant à montrer leur respect.

Différents noms sont utilisés en fonction de l’angle de l’inclinaison : plus une personne se courbe, plus le respect exprimé est profond. L’eshaku est la salutation la plus simple : en se tenant debout, on incline le corps d’environ 15°. Le keirei, utilisé dans les salutations ordinaires, est de 45°, tandis que le saikeirei, utilisé dans les cérémonies bouddhistes ou shintô, nécessite de s’incliner presque à angle droit.

Les façons de s’incliner

Pour être encore plus précis dans les détails :

  1. Inspirer en inclinant le haut du corps vers l’avant.
  2. Expirer une fois atteint l’angle approprié.
  3. Une fois la respiration terminée, inspirer de nouveau en relevant le haut du corps.

Lorsque vous vous courbez, détendez vos épaules pour que vos mains restent naturellement ouvertes et glissent des cuisses aux genoux. Pour les inclinaisons légères, vous pouvez inspirer ou expirer plus rapidement. Même si vous ne suivez pas ces instructions à la lettre, les garder à l’esprit vous permettra d’adopter la bonne posture.

(Illustration de Satô Tadashi)

La façon de s’incliner est véritablement rationnelle : toutes les actions reposent sur les mouvements naturels du corps. La respiration est essentielle lors de l’inclinaison, comme l’exprime la phrase reisansoku, qui signifie littéralement « s’incliner, respirer trois fois ». Lorsque les gens se courbent, ils doivent inspirer, expirer, puis inspirer à nouveau. Comme la durée des respirations ne varie pas beaucoup d’une personne à l’autre, il est ainsi plus facile de coordonner la durée de ces inclinaisons. L’inspiration augmente également la pression abdominale, permettant ainsi de maintenir inconsciemment une bonne posture. Après avoir relevé la tête, on doit regarder son interlocuteur et expirer tout en exprimant son respect. On appelle cela zanshin (« esprit persistant ») : on continue à rester vigilant après avoir accompli une action. Le zanshin fait partie des traditions martiales qui mettent l’accent sur l’harmonie de l’esprit, de la technique et du corps.

Il est coutume de s’incliner en disant les salutations courantes, telles que ohayô gozaimasu (« bonjour ») et hajimemashite (« enchanté »). (Pixta)
Il est coutume de s’incliner en disant les salutations courantes, telles que ohayô gozaimasu (« bonjour ») et hajimemashite (« enchanté »). (Pixta)

De nombreux Japonais ne connaissent plus très bien ces traditions. C’est pour cette raison que des conseils superficiels, tels que « baissez la tête et comptez silencieusement jusqu’à trois », sont devenus courants.

Les employés des hôtels et des restaurants haut de gamme s’inclinent souvent avec déférence en se tenant avec les mains jointes devant leur estomac. On pourrait imaginer que cette action est l’expression d’une politesse particulièrement soutenue, mais selon une théorie, il s’agit d’une pratique relativement moderne, dérivée d’une façon de s’incliner utilisée lorsqu’il fallait accueillir les clients au sein de l’ancêtre de l’actuel grand magasin Mitsukoshi.

Tenir ses deux mains en avant tout en s'inclinant est une pratique courante avec les clients, mais qui n'est pas appropriée pour les salutations quotidiennes. (Pixta)
Tenir ses deux mains en avant tout en s’inclinant est une pratique courante avec les clients, mais qui n’est pas appropriée pour les salutations quotidiennes. (Pixta)

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