
Les Jeux paralympiques de Paris vus par un photographe japonais
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Londres : des jeux qui ne visent qu’au plaisir des spectateurs
Les Jeux de Pékin, en 2008, ont donné l’impression qu’une transformation majeure avait eu lieu, dans la mesure où tous les sièges étaient occupés pour toutes les épreuves. Puis à Londres, en 2012, les médias britanniques ont braqué leurs projecteurs sur l’élite des athlètes paralympiques, dont les épreuves ont été diffusées sur le réseau public. Le sport paralympique était désormais reconnu comme un divertissement sportif à part entière, dans une ville où l’on peut faire remonter son histoire à 1948, année des Jeux de Stoke Mandeville. Il y a même eu de la bousculade pour l’achat des billets.
Spectateurs en train d’applaudir au stade d’athlétisme de Londres en 2012. La vente des tickets a atteint le chiffre record de 2,7 millions pour les seuls Jeux Paralympiques.
À Rio, l’enthousiasme de la foule a été tout aussi impressionnant en 2016. Les Jeux ont été couverts au jour le jour au Japon, en anticipation des Jeux de Tokyo 2020.
Les Jeux paralympiques sont devenus un événement sportif international majeur. Des hordes de spectateurs ont envahi Paris, où 2,5 millions de tickets ont été vendus. Un nouveau record a été établi dans la capitale en ce qui concerne le total des tickets vendus pour les deux compétitions. Lors des pauses entre les épreuves, la foule chantait en chœur Les Champs-Élysées. L’excitation qui régnait dans les stades montrait clairement que les gens ne faisaient plus de distinction entre les Jeux olympiques et paralympiques.
Le Français Antoine Praud est monté dans les gradins pour célébrer avec sa famille la médaille de bronze qu’il a remportée au 1 500 mètres et ses fans se sont précipités vers lui, tandis que la foule chantait Les Champs-Élysées.
Les gens se sont tout autant réjouis du spectacle des Paralympiques, sans aucune réticence à propos des handicaps des athlètes. Les choses ne redeviendront jamais comme avant : si l’on doit s’attendre à quelque chose, c’est à une accélération de la transformation.
Les athlètes sont de plus en plus forts, et cela vaut pour les Jeux de Tokyo
Les Jeux de Tokyo 2020 ont été repoussés à 2021, en raison de la pandémie de Covid-19, et ils se sont tenus en l’absence de spectateurs. Si tel n’avait pas été le cas, les Jeux auraient sans doute partagé l’attrait pour les para-sports avec un plus vaste public.
Le 400 mètres masculin aux Jeux paralympiques de Tokyo, qui se sont déroulés sans aucun spectateur. Satô Tomoki a remporté la médaille d’or et établi un nouveau record pour les Jeux paralympiques. Au nombre des héritages importants que nous ont légués les Jeux de Tokyo figure le traitement sur un pied d’égalité des Jeux olympiques et paralympiques dès la phase des candidatures.
Le Japon a vu ses para-athlètes se renforcer. En 2019, le Centre d’entraînement couvert de l’Est, utilisé par les para-athlètes, a été fondé dans l’arrondissement tokyoïte de Kita. Il constitue une base propice à la découverte de nouveaux athlètes et à la formation des entraîneurs.
Les athlètes sont plus nombreux à bénéficier d’un parrainage national et entrepreneurial, et certains d’entre eux accèdent au statut professionnel ou semi-professionnel. L’équipe paralympique japonaise a remporté 13 médailles d’or à Tokyo et 14 à Paris.
Veiller à ce que le mouvement s’enracine
Il reste toutefois bien des questions en suspens.
Les para-athlètes ont souvent besoin d’équipements coûteux, tels que fauteuils roulants et membres prothétiques. Les Jeux de Paris ont vu s’affronter 168 équipes, dont celle des réfugiés, mais les athlètes en provenance de pays en développement étaient à l’évidence moins nombreux.
La ville de Paris elle-même manquait d’infrastructures accessibles, notamment en ce qui concerne les trottoirs et le métro, et il était donc difficile de se déplacer en fauteuil roulant.
L’élite des athlètes japonais a bénéficié d’un fort soutien, mais l’attention qui leur est accordée reste déficiente dans les zones rurales et les écoles. Il y a des gymnases qui interdisent l’usage de leurs installations par les athlètes en fauteuil roulant.
Nous devons créer un environnement où la pratique du sport soit accessible à tout le monde. Qui plus est, le sport peut offrir un moyen de renforcer l’intégration sociale des personnes souffrant d’un handicap. Les Jeux paralympiques ont été conçus à cette fin dès leur origine. Nous avons devant nous bien d’autres tâches que l’obtention d’un plus grand nombre de médailles. Des athlètes médaillés ont eux-mêmes formulé cette préoccupation lors de conférences de presse.
La Phryge paralympique, mascotte des Jeux, en train de galvaniser l’enthousiasme des spectateurs sur le site de l’épreuve de canoë.
Aux Jeux de Paris, il y avait deux mascottes Phryges. La Phryge paralympique avait une jambe droite artificielle. Les deux Phryges avaient pour devise : « Seules, nous allons plus vite, mais ensemble, nous allons plus loin. »
Voilà qui exprime très bien les possibilités et les défis qui nous attendent. En ce qui me concerne, j’ai le sentiment que ma couverture des Jeux paralympiques est elle aussi en train d’entrer dans une nouvelle phase.
(Propos recueillis par Nishioka Yukifumi. Photo de titre : Oda Tokito, vainqueur des simples de tennis en fauteuil roulant au stade Rolland Garros de Paris. Toutes les photos : © Ochi Takao)
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