Suspense dans un Kyoto au futur proche : Kunimura Jun et Judy Ongg nous parlent de « Sunny »
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L’histoire se déroule à Kyoto dans un futur proche
Rashida Jones n’est pas seulement une actrice aux multiples talents, elle s’est associée à A24 et a assuré la production exécutive d’une série qui sera distribuée dans le monde entier via Apple TV+. L’histoire, dans laquelle elle joue le rôle principal, se déroule à Kyoto.
Les téléspectateurs peuvent apprécier de nombreux paysages iconiques japonais tels la pagode de cinq étages en fond des ruelles pavées bordées de maisons traditionnelles (machiya), les bains publics (sentô), mais ausi le Centre de conférence international de Kyoto (conçu par Otani Yukio), qui représente l’architecture moderne des années 1960.
C’est justement ce bâtiment qui est le décor de l’entreprise Imatec, un fabricant d’électronique. Masa (Nishijima Hidetoshi), le mari de Susie (Rashida Jones), y travaille, mais il n’apparaît cependant que dans des scènes de souvenir. Car l’avion qui les transportait, son fils et lui, vers Hokkaidô, se serait écrasé.
Le corps du mari et du fils n’ont cependant pas été retrouvés, et Noriko (Judy Ongg), la mère de Masa, espère qu’il n’était pas à bord de l’avion. Susie, elle, est désespérée. Un homme qui se fait appeler Tanaka Yûki (Kunimura Jun) entre alors en scène. Se présentant comme un collègue de Masa, il dit être venu apporter un cadeau de la part de l’entreprise : il s’agit de Sunny, un robot domestique fabriqué par Imatec.
Yûki apprend à Susie que le robot a été développé par son mari, alors qu’elle le croyait employé au département « réfrigérateurs ». Perplexe, elle commence à enquêter sur le véritable travail de son époux. N’y aurait-il pas un lien entre la conception du robot et l’accident d’avion ? Bientôt, l’existence d’un « manuel noir » qui réécrit les programmes des robots et l’ombre des yakuza apparaissent au grand jour. Susie déteste les robots, mais avec l’aide de Sunny, elle entreprend de résoudre le mystère.
Mais aussi une saveur retro
Au fur et à mesure que l’histoire progresse, se révèle le passé caché de Masa. Noriko et Yûki jouent un rôle important dans l’histoire. Nous avons d’abord demandé aux deux vétérans qui les ont incarnés leurs impressions sur la série.
KUNIMURA JUN L’histoire se déroule dans un futur proche, une époque où les robots et les humains cohabitent de façon normale, mais la série déploie une vision du monde mystérieuse avec une atmosphère nostalgique. Elle est remplie de suspense, de noirceur, d’humour et de divers autres aspects, c’est une série qui déploie une dynamique inédite et très avancée.
JUDY ONGG De plus, l’action se passe à Kyoto, la cité que tous les étrangers veulent visiter, n’est-ce pas ? Voir ce robot futuriste au milieu de célèbres paysages scéniques de la ville est pour moi un décalage intéressant. Colin O’Sullivan, l’auteur du roman original Dark Manual, vit à Akita [nord du pays] et connaît très bien le Japon. Le film est réalisé de manière amusante, mais on y découvre de nouvelles perspectives sur le Japon et les Japonais.
K.J. C’est aussi le genre de série où l’on ne peut pas vraiment savoir comment les choses vont tourner.
J.O. Et pourtant, on n’est pas du tout dans le merveilleux ou le bizarre. Au second visionnage, on voit tout ce qui parle du présent à travers les motifs du futur. L’atmosphère est un mélange de futur proche et d’une ambiance rétro, mais au cœur de tout cela, il y a la façon dont les gens vivent et vivront dans l’avenir. Il y a du yin et du yang, et l’équilibre entre les deux est très intéressant.
K.J. Le film dépeint divers éléments sombres de la société, tels que la solitude et le désir de réparer les erreurs passées, sans être trop lourd.
J.O. Il y a des moments dans la vie où l’on ne comprend pas ce qui se passe. Et tout le scénario était comme ça ! Jusqu’à la toute fin on découvre des choses, comme dans la vie !
— L’humour fonctionne bien dans les dialogues, en particulier avec Noriko, jouée par vous, Judy...
J.O. C’est sûr, le yin et le yang sont intenses (rires) !
K.J. Le personnage de Noriko est particulièrement dense effectivement (rires) !
J.O. Noriko est une femme très intéressante (rires). Parce sa palette de réactions s’étend du raffinement à la drôlerie. Avec le temps, j’ai joué beaucoup de cheffes d’entreprises ou de députés, mais à la base, vous savez, (à voix basse) je suis une comédienne (rires). J’aime m’amuser. Et pour une fois, j’ai apporté mes propres idées, ou disons que j’ai fait beaucoup de suggestions, et je me suis bien amusée.
Soutien pour les esseulées
— Le rôle de Tanaka Yûki est particulièrement complexe...
K.J. Je ne vais pas tout dévoiler ! Je peux dire qu’il s’agit d’une personne qui travaille avec des technologies telles que les robots et l’IA. Quand l’histoire commence, c’est un collègue de Masa, et peu à peu son implication dans l’histoire devient de plus en plus profonde, vous allez vous régaler...
J.O. C’est intéressant de voir les ficelles se dénouer. Il y a tellement de mystères imbriqués ! Pour ce qui est de Noriko, j’ai même ma propre théorie, qui n’est pas dans le scénario mais que je pourrais vous décrire en large et en travers… Mais pour l’instant, je le garde pour moi (rires).
— L’affrontement belle-mère belle-fille est aussi un moment fort.
J.O. En tant que belle-mère « classique » bien sûr, le point de départ était que je n’aime pas la femme de mon fils… Il y a une scène où Noriko, ivre, explique à Sunny qu’on « ne donne pas d’aubergines d’automne à sa belle-fille », un proverbe qui signifie beaucoup de choses, mais qu’on interprète généralement comme « il vaut mieux ne pas rendre la vie trop facile à sa belle-fille ». J’ai été impressionnée par la qualité de l’écriture du scénario. Il y a toutes sortes de raisons profondes cachées dans les mots et les actions de Noriko.
— Le personnage de Susie paraît un peu « rentre-dedans », non ?
K.J. C’est un personnage qui a du mal à communiquer, sauf avec Masa, qu’elle a rencontré en arrivant au Japon. La relation entre leurs deux personnages est celle de deux étrangers mais qui ont subi un traumatisme émotionnel.
— Puis leur couple est séparé...
K.J. Mais le robot apparaît, et une étrange amitié naît. L’histoire décrit une forme de coexistence solidaire entre les robots et les humains dans une société future. Mais la technologie créée par l’homme peut être terrifiante en fonction de la façon dont elle est exploitée.
J.O. J’appartiens au troisième âge et j’assiste à la naissance d’un avenir où nous vivrons avec l’IA. Dans cette série, la position du robot est importante pour apprendre à mieux connaître l’homme. C’est aussi une façon de se préparer au temps qui viendra bientôt où nous aurons besoin de compter sur l’aide de l’IA.
Toute expérience est un enrichissement
Les deux acteurs ont une longue carrière dans le monde du spectacle. Cela fait 63 ans que Judy Ongg est sur scène, depuis ses débuts à l’âge de 11 ans, tandis que Kunimura Jun est actif depuis 48 ans. Les deux vétérans ont travaillé à l’échelle internationale et tous deux parlent couramment l’anglais dans Sunny.
Nous leur avons demandé s’ils avaient un message pour la jeune génération, après cette participation à une production A24 à l’avant-garde de ce qui se fait dans ce métier.
K.J. Dans notre jeunesse, le Japon était un pays où, rétrospectivement, l’idée qu’ ;« on n’arrête pas le progrès » allait de soi. Aujourd’hui, c’est l’inverse, les jeunes cherchent à maintenir le statu quo plutôt que d’espérer en l’avenir. Il serait bon qu’ils puissent se projeter dans un futur meilleur que la situation actuelle. Ce n’est pas seulement un problème pour les jeunes, la question est ce que la société dans son ensemble, y compris ceux d’entre nous qui sont plus âgés, peut faire à ce sujet.
J.O. Je pense que les gens ont peur de l’échec et qu’ils se contentent du médiocre. Mais pour vivre pleinement sa vie, il faut vous lancer des défis. Si vous échouez, c’est une expérience d’apprentissage. Rétrospectivement, vous vous direz que c’était amusant. Tout est un enrichissement. Si vous en avez envie et que vous pensez que vous pouvez le faire, essayez. Ensuite, vous savez, la vie vous donnera plus de force, et c’est bien de se lancer encore des défis à 70 ou 80 ans. Dites-vous que c’est aujourd’hui le jour le plus jeune du reste de votre vie !
La série
- Casting : Rachida Jones, Nishijima Hidetoshi, Joanna Sotomura, Judy Ongg, Kunimura Jun, Annie The Clumsy
- Productrice : Katie Robbins
- Site officiel : tv.apple.com/fr/show/sunny/
Bande-annnonce
(Toutes les photos sont avec l’aimable autorisation d’Apple TV+. Photo de titre : de gauche à droite, avec Sunny au centre, les acteurs Joanna Sotomura, Annie the Clumsie, Rashida Jones, Nishijima Hidetoshi, Judy Ongg et Kunimura Jun, lors d’une projection spéciale organisée à Tokyo en juin 2024.)