Paris 2024 : la judokate Tsunoda Natsumi et ses deux techniques gagnantes
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Tsunoda Natsumi espère générer un afflux de médailles pour le Japon aux Jeux olympiques de Paris. La judokate participera à la compétition de judo féminin dans la catégorie des 48 kilos, qui aura lieu dès le 27 juillet, le lendemain de la cérémonie d’ouverture. Si elle parvient à conserver la position dominante qui a été la sienne lors de récents événements internationaux, elle a de fortes chances de ramener chez elle la première médaille d’or remportée par le Japon dans la catégorie des super-légers depuis celle obtenue par Tani Ryôko aux Jeux d’Athènes en 2004. La victoire lui vaudrait aussi l’honneur d’être le 500e médaillé japonais, ce qui constituerait une plume de plus dans son chapeau lors de sa première apparition aux jeux olympiques.
La Fédération japonaise de judo (AJJF, pour All Japan Jûdô Federation) a sélectionné Tsunoda pour les Jeux olympiques en juin 2023, à l’issue de sa victoire lors des Championnats du monde de Doha. Après un début un tant soit peu tardif, elle s’est affirmée comme une compétitrice de premier plan dans sa catégorie de poids peu avant la trentaine, en accumulant une liste impressionnante de titres, dont les médailles d’or consécutives aux Championnats du monde de judo qui se sont déroulés de 2021 à 2023. À 31 ans et 11 mois, elle est la judokate la plus âgée de tous les temps à représenter le Japon, battant de plus d’un an le record établi par Hamada Shôri.
Un changement de catégorie de poids
Malgré son immense talent, Tsunoda n’avait jamais rêvé de participer aux olympiades. Mais son passage à la catégorie des 48 kilos en 2019 s’est avéré un important catalyseur pour son succès à venir. Tsunoda s’était jusque-là focalisée sur la catégorie des 52 kilos, l’une des catégories les plus compétitives, dominée par des athlètes comme Abe Uta et Shishime Ai. Mais une malencontreuse blessure subie au cours des qualifications olympiques l’a mise hors circuit. Ses espoirs de représenter le Japon à Tokyo dans la catégorie demi-légers s’étant amenuisés, elle a pris la décision difficile de rétrograder d’une catégorie de poids.
« Je vieillissais, et Tokyo semblait ma dernière chance de participer à des Jeux olympiques », a dit Tsunoda pour justifier sa décision. « J’avais le sentiment que, s’il y avait pour moi peu d’espoir de m’en sortir dans la catégorie des 52 kilos, autant mobiliser toutes mes forces et tenter ma chance dans une autre catégorie. »
Perdre du poids constituait un défi en soi, sachant que la catégorie des 48 kilos est elle aussi très compétitive. En tant que catégorie traditionnelle du judo au Japon, elle est dominée par des athlètes comme Tonaki Fûna, Kondô Ami, médaille d’or à Rio, et le champion du monde junior Koga Wakana. Prenant le défi au sérieux, Tsunoda est restée réaliste quant à ses chances tout en gardant son attention focalisée sur les JO.
Mais il restait peu de temps à Tsunoda pour faire ses preuves dans sa nouvelle catégorie de poids, et l’AJJF a finalement choisi Tonaki pour représenter le Japon aux Jeux de Tokyo. Ayant manqué sa chance d’être sélectionnée dans l’équipe nationale, Tsunoda a ruminé l’idée de se retirer. Puis, aux Championnats du monde de judo qui ont eu lieu avant les Jeux de Tokyo, elle a remporté la victoire dans la catégorie des 48 kilos, un succès qui, dit-elle, l’a inspirée et lui a donné confiance pour continuer à participer à des compétitions.
En parlant des pensées qu’elle nourrissait après sa victoire, elle a dit qu’elle gardait les yeux fixés sur le déroulement des JO : « J’ai décidé d’investir toutes mes forces dans la réalisation de cet objectif. L’expérience n’a fait que confirmer mon désir de continuer le judo. J’ai pris les choses comme elles venaient, année après année et compétition après compétition, en me disant qu’en cas de défaite ce serait terminé. »
Vétéran de la compétition, Tsunoda ne cesse de s’améliorer avec l’âge. Au nombre de ses avantages, figure son aptitude à faire usage de sa force pour plaquer son adversaire au sol, où elle est en mesure d’appliquer son newaza bien rodé. Ses fans vont attendre d’elle qu’elle fasse ses preuves à Paris face aux meilleurs athlètes du monde.
Les mouvements gagnants
L’arsenal de Tsunoba compte deux mouvements principaux qu’elle ne manquera pas d’infliger à ses adversaires à Paris, le tomoe nage (projection en cercle) et la luxation du coude (ude hishigi jûji gatame).
Le style offensif de Tsunoda s’enracine dans sa pratique de la lutte et du ju-jitsu, dans laquelle elle es’est engagée lorsqu’elle était à l’université. Elle a développé un goût très prononcé pour tout l’éventail des techniques au sol et des clés propres au ju-jitsu, et accumulé compétence et confiance dans les techniques de plaquage au sol et de contrôle qu’elle utilise systématiquement en compétition.
Bien sûr, l’éventail des techniques utilisées par Tsunoda va bien au-delà des deux que nous venons de mentionner. Lors du Antalya Grand Slam du mois de mars, le dernier grand tournoi avant les JO, Tsunoda a remporté une victoire par ippon contre Abiba Abuzhakynova, du Kazakhstan, en semi-finale via une projection kata guruma, en soulevant prestement son adversaire sur ses épaules et en la déposant sur le tapis en un unique et vif mouvement. En finale, en revanche, Tsunoda a montré la puissance dévastatrice de ses mouvements favoris. Face à l’étoile montante de Turquie Sila Ersin, elle a obtenu un waza-ari grâce à un fulgurant tomoe nage avant de l’emporter avec un ude hishigi jûji gatame, ce qui lui a valu la médaille d’or et des victoires par ippon dans la totalité de ses cinq combats.
Tsunoda est bien résolue à tirer le meilleur parti de ses chances aux JO après cinq années de lutte, une opportunité qu’elle doit à son amour pour le judo et à l’énergie qu’elle y investit. Elle dit qu’elle entend confirmer sa décision de continuer la pratique de ce sport à Paris et payer en retour tous ceux qui l’ont soutenue lors de ses nombreux revers.
Il est peu probable que Tsunoda gagne tous ses combats par ippon, mais elle est physiquement et mentalement préparée pour la dure bataille qui l’attend. Le 27 juillet, elle va finalement rencontrer l’opportunité, longtemps attendue, de monter sur le tapis aux Jeux olympiques. Et si elle remporte la médaille d’or, ce sera le couronnement de sa carrière.
(Photo de titre : Tsunoda Natsumi après sa victoire au Grand Slam de Paris en février 2022. Reuters)
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