Le sumo : entre rituels et combats, du spectacle avant tout

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Nagayama Satoshi [Profil]

Dans le sumo, de nombreux éléments traditionnels sont restés intacts, le distinguant d’autres sports professionnels au Japon. Dans cet article, nous nous intéressons aux éléments les plus hauts en couleur mais également divertissants de cet art martial, tels que le système de championnat, la cérémonie d’entrée sur le ring et les différents types de mawashi portés par les lutteurs.

Des tenues différentes selon les lutteurs

Le mawashi, seule tenue portée par le lutteur sur le ring et pendant l’entraînement, est à la base un simple pagne appelé fundoshi. Auparavant, il était coutume de ne porter que le strict minimum en cas de travail manuel intense, si bien que le fundoshi fut adopté en tant que tenue des lutteurs de sumo. Au fil du temps, cette tenue a évolué pour devenir les différents types de mawashi portés aujourd’hui.

Le type de mawashi porté par les lutteurs de divisions jûryô et makunouchi lors des combats porte le nom de de shimekomi. Ils sont fabriqués en satin de soie tissé dans le style hakata-ori. Ils se caractérisent notamment par la présence d’une pièce de tissu rigide connue sous le nom de sagari, sur le devant et à laquelle sont accrochés de nombreux cordons de ceinture. La plupart des sagari sont composés de 19 cordons, mais les lutteurs peuvent en porter plus ou moins, à condition que le nombre total soit impair, les nombres pairs étant considérés de mauvais augure, car ils peuvent facilement être « brisés ».

Takayasu frappe son shimekomi pour se préparer à un combat. (© Jiji)
Takayasu frappe son shimekomi pour se préparer à un combat. (© Jiji)

Les mawashi réservés à l’entraînement, eux, sont simples, et en coton. Ceux portés par les lutteurs des deux plus hautes divisions, jûryô et makunouchi, sont de couleur blanche, et ceux de divisions inférieures telles que makushita sont noirs, pour les entraînements comme pour les combats.

Gônoyama (à gauche) pousse l’ôzeki Kotozakura à l'entraînement sous le regard des lutteurs de rang inférieur. (© Jiji)
Gônoyama (à gauche) pousse l’ôzeki Kotozakura à l’entraînement sous le regard des lutteurs de rang inférieur. (© Jiji)

Que le spectacle commence !

Contrairement aux mawashi et shimekomi réservés à l’entraînement, le keshô mawashi, qui ressemble à un tablier et que portent les lutteurs lors de la cérémonie d’entrée sur le ring et lors d’événements spéciaux, n’a des fins que purement esthétiques.

Au début de l’époque d’Edo, les pagnes en lin blanc étaient la norme. Cependant, avec l’apparition de la soie et du satin, les lutteurs ont commencé à ajouter des motifs pittoresques brodés d’or et d’argent sur les bords de leur mawashi.

Mais les mawashi deviennent problématiques à fur qu’ils sont de plus en plus décorés. Les doigts et les mains des lutteurs se raccrochent souvent aux fils des broderies pendant les combats. Vers le milieu du XVIIIe siècle, le keshô mawashi et le shimekomi sont devenus deux éléments bien distincts, le premier étant exclusivement réservé à la cérémonie d’entrée sur le ring. La partie avant du keshô mawashi est peu à peu devenue de plus en plus longue jusqu’à atteindre le haut des pieds des lutteurs, comme c’est le cas aujourd’hui, offrant toujours plus d’espace pour des motifs de plus en plus chargés.

Un keshô mawashi est relativement cher, avec des prix commençant généralement à 800 000 yens. Ces coûts ne sont généralement pas à la charge des lutteurs, ces objets étant généralement offerts par des mécènes, des clubs de supporters ou des sponsors. Les motifs des keshô mawashi reflètent le donateur, représentant par exemple le produit d’une entreprise. Ils peuvent également avoir une signification particulière pour les lutteurs, comme un surnom ou un objet de leur préfecture ou pays d’origine.

De gauche à droite : le keshô mawashi de Takamizakari joue sur son surnom de « Robocop » ; celui d’Atamifuji présente une marque de crème brûlée de sa ville natale ; et celui de Tobizaru met en scène le Roi Singe, un personnage légendaire qui, comme le lutteur, est petit mais puissant. (© Jiji)
De gauche à droite : le keshô mawashi de Takamizakari joue sur son surnom de « Robocop » ; celui d’Atamifuji présente une marque de crème brûlée de sa ville natale ; et celui de Tobizaru met en scène le Roi Singe, un personnage légendaire qui, comme le lutteur, est petit mais puissant. (© Jiji)

Cependant, parmi tous les keshô mawashi, deux se distinguent particulièrement. Le premier a appartenu au yokozuna Hitachiyama. Il était décoré d’un motif de laurier aux feuilles incrustées de perles, de rubis et d’autres pierres précieuses, avec au centre un diamant de 5 carats. Mais ce n’est rien par rapport au deuxième keshô mawashi, le seul à pouvoir rivaliser, celui de Wakashimazu, avec un prix fixé à 150 millions de yens, arborant un aigle en plein vol, un diamant de pas moins de 10 carats dans le bec. Le mawashi en lui-même aurait eu une valeur de 5 millions de yens, la valeur étant essentiellement concentrée dans le diamant.

Bien que les keshô mawashi chargés et aux couleurs vives ne soient plus vraiment au goût du jour, ces objets continuent d’attirer l’œil et ne manquent pas de faire grande impression auprès des fans et du public.

(Photo de titre : des lutteurs de division makunouchi parés de leur keshô mawashi lors de la cérémonie d’entrée sur le ring. © Jiji)

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Nagayama SatoshiArticles de l'auteur

Rédacteur en chef du Sumo Journal. Né à Tokyo en 1956. Diplômé de la faculté d’économie de l’université Sophia. Depuis 1986, il est reporter pour le magazine Oozumo du quotidien Yomiuri Shimbun. Auteur de nombreux livres et articles sur le sumo.

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