À l’heure de « l’ébullition mondiale », le Japon veut comprendre la fonte de l’Antarctique

Environnement International Science

En 2023, le niveau de glace en Antarctique n’a jamais été aussi bas. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a donc tiré la sonnette d’alarme. Finie l’ère du réchauffement climatique, nous sommes passés à celle de « l’ébullition mondiale ». Plusieurs scientifiques japonais sont dans les équipes de recherches qui travaillent à mieux comprendre comment les courants marins chauds font fondre les plateformes glaciaires de l’Antarctique.

Les eaux de la base Shôwa abondent de créatures marines colorées

Pendant la 64e expédition de 2022-23, l’équipe de recherche dirigée par Ichikawa Kôtarô, professeur associé de l’Université de Kyoto, a étudié la vie marine dans les eaux de l’Antarctique. Les résultats sont encore en cours d’analyse, mais un drône submersible a pu être utilisé pour la première fois par l’équipe de télévision rattachée à la mission pour filmer les eaux près de la base Shôwa. Les images ont dévoilé un écosystème riche où s’ébattaient diverses créatures colorées. L’un des poissons capturés par l’équipe (une morue de roche émeraude originaire de l’Antarctique) avait notamment dans la bouche un grand nombre d’œufs. Ichikawa et son équipe s’intéressent à ce phénomène et pensent qu’il pourrait s’agir d’un mécanisme de survie, évoluant dans un environnement extrême et pauvre en nutriments, les poissons auraient évolué et auraient été poussés à consommer les œufs.

Ichikawa explique que ces organismes vivant dans ce milieu n’ont pas encore fait l’objet de recherches approfondies. Il a émis l’hypothèse que dans ce milieu marin où 99 % de la lumière du soleil ne passe pas et dont les hivers sont si rigoureux, les poissons survivent en entrant dans un état proche de l’hibernation.

Une morue de roche émeraude filmée dans les eaux au large de la base Shôwa.
Une morue de roche émeraude filmée dans les eaux au large de la base Shôwa.

On voit ici nager une astérie de la famille des étoiles de mer. Ses multiples bras la font ressembler à une fleur.
On voit ici nager une astérie de la famille des étoiles de mer. Ses multiples bras la font ressembler à une fleur.

Cette méduse jaune ne nage jamais, elle attend ses proies qu’elle attrape avec ses ses tentacules blancs.
Cette méduse jaune ne nage jamais, elle attend ses proies qu’elle attrape avec ses ses tentacules blancs.

Arrêter le réchauffement climatique

António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, lors de sa visite Antarctique avant la COP 28 en novembre 2023, a mis le monde en garde contre le danger de la fonte des calottes glaciaires et a appelé les chefs d’État à lutter activement contre le réchauffement climatique. Pour lui, nous sommes entrés dans l’ère de « l’ébullition mondiale », pourtant les nations ne font toujours pas front commun, malgré les efforts du passé. Les dirigeants du monde entier s’étaient emparé de la question du trou dans la couche d’ozone découvert dans les années 1980 au-dessus de l’Antarctique par une équipe de recherche japonaise et une gouvernance mondiale avait permis de limiter la production et la consommation de chlorofluorocarbones. Cette prise de conscience continue de porter ses fruits, puisque le programme des Nations unies pour l’environnement a déclaré en janvier 2023 que la couche d’ozone serait complètement reconstituée dans les décennies à venir. Si la recherche sur le réchauffement climatique parvenait à son tour à faire taire les climato-sceptiques et faire consensus au sujet des mécanismes du réchauffement, je pense que l’humanité pourrait à nouveau unir ses forces et mettre en œuvre une solution. L’équipe japonaise qui poursuit avec acharnement ses travaux en Antarctique, contribue grandement à faire avancer la recherche malgré les conditions si hostiles et les températures pouvant descendre jusqu’à -80° C.

Trente participants de la 64e expédition en Antarctique : la mission a hiverné en Antarctique pendant un an jusqu’à ce que vienne la relève.
Trente participants de la 64e expédition en Antarctique : la mission a hiverné en Antarctique pendant un an jusqu’à ce que vienne la relève.

(La photo de titre ainsi que les illustrations de l’article [à l’exception des schémas], proviennent du reportage de l’émission de Fuji Television intitulée « Antarctique, la dernière frontière : Un monde mystérieux vu par les scientifiques de l’expédition » [Chikyû saigo no hikyô Nankyoku Tairiku : Kansokutai ga mita shinpiteki na sekai]. Toutes les photos ont été fournies avec l’aimable autorisation de Fuji Television, sauf mentions contraires.)

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