La modernité de l’esthétique traditionnelle
Les mille et une utilisations du « furoshiki », une pièce de tissu qui simplifie la vie
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Kezaco le furoshiki ?
Aujourd’hui, les choses, comme les personnes d’ailleurs, ont tendance à être rangées dans une catégorie selon leur signification ou leur sens. Dans les vieux programmes télévisés ou dans les mangas, le furoshiki était souvent caricaturé et présenté comme un objet utilisé par des voleurs ou des locataires cherchant à se dérober à la faveur de la nuit. Cette image est gravée en nous, qu’on le veuille ou non, un peu comme l’origami, où la seule chose dont vous vous souvenez est la façon de fabriquer un avion.
Mais avec ses mille et une utilisations, difficile de ranger le furoshiki dans une case. On tente actuellement de redonner à ce tissu l’image qu’il mérite, mais de mon point de vue, il est victime d’idées préconçues et je trouve cela vraiment dommage.
Laissons ces stéréotypes de côté et partons ensemble à la découverte du furoshiki.
Une palette infinie de couleurs, de motifs, de tissages...
Des morceaux de tissu portant le nom de furoshiki peuvent être utilisés en tant que tels, mais ce ne sont pas les seuls. Mouchoirs, bandanas, écharpes… n’importe quelle pièce de tissu a une forme plus ou moins carrée et il est facile de faire un nœud avec ses quatre coins.
(Voir notre vidéo : La magie du « furoshiki » : comment emballer vos objets avec un simple tissu)
Avez-vous la vidéo ? Tentez donc un emballage. Vous le constatez vous-même : il n’y a pas non plus de règles strictes et bien définies pour faire un nœud. Laissez vos mains faire le travail et le tour est joué. Plutôt que la forme du nœud, c’est la couleur et les motifs imprimés sur le tissu qui impressionneront. Même la boîte à repas bentô la plus banale peut prendre des allures majestueuses une fois parée d’un furoshiki. Et n’oublions pas la texture également, tout aussi importante pour rendre l’utilisation du furoshiki plus agréable.
En fait, tant que votre furoshiki est solidement noué et que vous pouvez le porter en toute sécurité, n’importe quel type fera l’affaire !
Les premiers furoshiki étaient fabriqués en assemblant diverses pièces de tissu appelées tanmono, un peu comme un patchwork. Ces pièces faisaient environ 35 centimètres de large et étaient notamment utilisées pour la confection des kimonos, de sorte que les tailles étaient des multiples de 35. Un furoshiki futahaba double largeur mesurait 70 centimètres de large et un grand furoshiki mihaba triple largeur mesurait 1,05 mètre. Et qui a dit qu’un furoshiki devait être absolument carré ? Bien au contraire, un furoshiki légèrement plus long sur la verticale, qui n’a pas autant de jeu, sera plus facile à nouer.
Aujourd’hui, les furoshiki ne sont plus fabriqués à partir de tanmono. On peut les trouver dans différentes tailles : les grands d’un mètre de côté, les moyens de 70 centimètres et les plus petits de 50 centimètres. Pour y mettre vos achats ou pour le porter comme un vêtement, je vous conseille une grande taille. La taille moyenne sera par exemple pratique pour des sorties plus décontractées et la plus petite taille sera parfaite pour créer un espace de rangement dans un sac plus grand.
Une palette infinie de couleurs, de motifs, de tissages, de teintures et d’imprimés ; les furoshiki n’ont pas fini de vous étonner ! Certains arborent même des broderies ou se présentent sous la forme d’un patchwork ; un rappel à leurs origines peut-être ? Ils peuvent être conçus de différentes matières, telles que le coton, le lin, le chanvre, la soie, le polyester ou encore la rayonne. Pour un usage quotidien, je vous conseille le lin ou le coton.
Le furoshiki s’adapte à vos besoins
Imaginez : vous avez un sac ou une sacoche. Vous ne pourrez pas y mettre un objet plus grand que sa capacité. Ou encore un bentô : il ne restera pas en place et glissera à l’intérieur. Vous n’aurez plus tous ces problèmes avec un furoshiki ! De taille ajustable, il s’adapte à n’importe quel usage. Pas assez grand ? Attachez-en deux ensemble et le problème est réglé.
Avec un furoshiki, il y a toujours un moyen de se tirer d’un mauvais pas. Très souple, il vous suffit de défaire les nœuds aux quatre coins pour qu’il retrouve sa forme initiale une fois à plat. Vous pouvez l’utiliser dans n’importe quel sens, selon le nombre d’objets que vous souhaitez transporter et le redéplier à plat une fois que vous n’en avez plus besoin.
L’ancêtre du sac écologique ?
Vous pouvez attacher le furoshiki de différentes façons pour en faire un sac à provisions. Le moyen le plus simple est d’attacher deux coins opposés l’un à l’autre. Attention : un nœud en queue de cochon (également appelé nœud de vache ou nœud de ménagère) se desserrera facilement. Dans ce cas, veillez à ce qu’il soit solidement attaché. Dans le cas d’une charge lourde ou volumineuse, préférez deux poignées. Pour une charge plus légère, une devrait suffire.
Je ne dis pas qu’un furoshiki est mieux qu’un sac réutilisable acheté en magasin. Ils peuvent même être utilisés ensemble. Un furoshiki de petite taille rendra votre sac habituel encore plus pratique ; les anses seront allongées, il sera plus solide et plus coloré.
Quatre fonctions principales
Pour résumer, les furoshiki ont généralement quatre fonctions : envelopper des objets, se substituer à un sac, se porter en bandoulière ou sur le dos et se porter en guise de vêtement. Les objets enveloppés dans un furoshiki sont protégés, et exit les va-et-vient dans votre sac. Si vous l’utilisez comme un sac justement, le furoshiki s’ouvre et se ferme très facilement. Et en prenant deux furoshiki pour envelopper des objets ou en tant que sac, vous pourrez aisément porter votre charge sur votre épaule ou votre dos. Pratique ! En tant que vêtement, il peut servir de couvre-chef, de veste ou encore de jupe. Ainsi, le furoshiki qui servait de sac à provisions devient très utile pour ne pas attraper froid.
Un furoshiki peut également se transformer en un couvre-main tekkô pour vous protéger du froid ou du soleil. Les enfants adorent jouer avec, complétant ainsi parfaitement leur panoplie de ninja. Et une fois ces amusements terminés, le furoshiki retrouve sa forme initiale. Rien ne se perd, tout se transforme...
Pliez un furoshiki dans le sens de la longueur et vous obtiendrez une sorte de corde, que vous pourrez utiliser en guise de ceinture obi pour un kimono léger (yukata). Solide, vous pourrez également y glisser un mouchoir par exemple.
Emballer sa boîte-repas
Le découper dans des formes bien définies réduirait l’éventail de ses possibles utilisations. Malin, ce morceau de tissu carré, qui à première vue ne paye pas de mine, peut se transformer comme par magie. Et les façons de nouer un furoshiki sont nombreuses. La méthode basique pour envelopper un bentô est universelle. De petits nœuds aux coins permettent d’étirer le tissu, et attachés les uns aux autres, forment des poignées. Pratique pour le transport, non ? Cela a l’air compliqué mais ce ne sont que des gestes simples mis bout à bout. Si vous avez déjà l’habitude de nouer des furoshiki pour en faire un sac à provisions, vous prendrez très vite le coup de main.
Un objet qui apporte du réconfort
Le furoshiki peut parfois rendre de nombreux services et vous sauver la mise. Un nœud fait en tirant les deux extrémités du tissu dans des directions opposées s’avèrera plus solide qu’un ruban adhésif et créera une sorte de lien par pression. Mais un furoshiki ne sert pas uniquement à envelopper ou à nouer. Il étreint les objets qu’il contient, les berce délicatement mais avec force.
Enroulez vos bras autour de vous-même ; voilà, le furoshiki est un peu comme ça. Ses utilisations varient en fonction de la force avec laquelle il est noué, tenu, porté sur le dos ou transporté.
Si vous ne savez pas comment faire un nœud en particulier, essayez d’utiliser vos mains pour l’usage que vous devez faire de l’objet et retranscrivez vos gestes sur votre furoshiki.
L’origine du mot
Mais d’où vient le mot furoshiki ? Son étymologie serait peu claire. Malgré tout, il y aurait plusieurs théories et interprétations qui expliqueraient son origine. Pour certains, le furoshiki était utilisé en tant que pièce de tissu pour s’asseoir tout en se prélassant dans l’équivalent d’un sauna. En effet, furo veut dire « bain et shiki vient de shiku qui signifie « étendre ». À l’époque d’Edo (1603–1868), le furoshiki désignait alors un tissu utilisé pour transporter ses affaires pour se rendre aux bains publics, ce qui semble l’explication la plus plausible.
En dehors du bain, le furoshiki pouvait également être utilisé pour voyager ou faire ses courses, ou encore par des colporteurs qui allaient de ville en ville avec leur marchandise. Cependant, à l’époque d’Edo, plus personne ne se déplaçait en emmenant ses affaires avec soi. Quelques emplettes en chemin ? Pas de problème ; suffisamment profondes, les manches furisode du kimono faisaient parfaitement l’affaire. Ou la ceinture obi, ou encore sous le couvre-chef en tenugui ; bref, il y avait toujours un moyen. Mais pour se rendre aux bains publics, il fallait des vêtements de rechange, cela était donc beaucoup plus volumineux. Un peu comme un baluchon, le furoshiki était donc très pratique pour y mettre toutes ses affaires.
Avec un furoshiki plié et glissé dans votre sac, vous aurez l’esprit tranquille, pour parer à n’importe quel imprévu. Vous avez fait trop d’achats ? Le furoshiki se transforme en sac et pourra même vous permettre de porter des charges lourdes sur votre dos. Ce tissu saura aussi vous protéger contre le vent et la pluie.
Aujourd’hui, on peut trouver des furoshiki dans de nombreux magasins. Ses innombrables utilisations possibles facilitent l’indépendance et la capacité de faire beaucoup de choses par soi-même. Enfin, n’hésitez pas bien sûr à en offrir en cadeau !
(Toutes les photos : © Yokoyama Isao, avec la participation du mannequin Takino Asami)