Exploration de l’histoire japonaise

« Seppuku » : le sang-froid du guerrier devant la mort, ou une esthétique de l’honneur ?

Histoire Tradition

Le rituel fatal du seppuku, ou le suicide par éventration, est un acte bien connu qu’accomplissaient les samouraïs. Après une bataille, les vaincus choisissaient parfois de se tuer pour montrer leur sang-froid devant la mort. Même sur ordre, il y avait un point d’honneur à accepter de s’ouvrir le ventre de son plein gré. Mais derrière l’image classique du seppuku se cache une vérité que les gens d’aujourd’hui ne connaissent pas.

Le seppuku comme style de beauté

La notion du seppuku comme signe de courage et d’énergie devant la douleur est également devenue de plus en plus floue.

En premier lieu, l’ouverture du ventre est une blessure peu létale.

L’anecdote remonte à la période Heian (794-1185). Pendant la guerre de Heiji (1160), Fujiwara no Michinori est défait, prend la fuite, creuse un trou et s’y ouvre le ventre. Or, quand ses poursuivants le trouvent, « il respire et ses yeux voient encore », comme le dit le Heiji monogatari. Il est donc pris vivant et décapité.

On a dit de l’ouverture du ventre que, comme méthode de suicide, elle était très douloureuse et peu mortelle. C’est là qu’intervient le kaishaku. Placé derrière celui qui s’ouvre le ventre, le kaishakunin ou « celui qui donne le kaishaku », va trancher sa tête dès que ce sera fait, mettant fin à la souffrance.

Pour un samouraï haut gradé (valant au moins 500 koku de revenus), le seppuku peut avoir lieu à l’intérieur de sa résidence, son jardin, ou le jardin de celui à qui a été confiée sa garde. Les samouraïs de rang inférieur commettent le seppuku sur leur lieu de détention. L’illustration ci-dessus représente une reconstitution de seppuku dans un lieu de détention, avec une assemblée de magistrats et gardiens de la prison en observateurs. De fait, il s’agit de l’exécution capitale d’un criminel.
Pour un samouraï haut gradé (valant au moins 500 koku de revenus), le seppuku peut avoir lieu à l’intérieur de sa résidence, son jardin, ou le jardin de celui à qui a été confiée sa garde. Les samouraïs de rang inférieur commettent le seppuku sur leur lieu de détention. L’illustration ci-dessus représente une reconstitution de seppuku dans un lieu de détention, avec une assemblée de magistrats et gardiens de la prison en observateurs. De fait, il s’agit de l’exécution capitale d’un criminel.

Il existe diverses façons de s’ouvrir le ventre. Celle de gauche, en un seul trait de gauche à droite, dite « en forme de 1 » (représentant l’idéogramme « un », à savoir 一) était considérée comme élégante, celle de droite, dite « en forme de 10 » représentant l’idéogramme « dix », à savoir 十), est en deux coups, le premier horizontalement de gauche à droite (1), le second de haut en bas (2) était considérée comme plus formelle. Mais le kaishakunin coupait la tête avant d’en arriver là.
Il existe diverses façons de s’ouvrir le ventre. Celle de gauche, en un seul trait de gauche à droite, dite « en forme de 1 » (représentant l’idéogramme « un », à savoir 一) était considérée comme élégante, celle de droite, dite « en forme de 10 » représentant l’idéogramme « dix », à savoir 十), est en deux coups, le premier horizontalement de gauche à droite (1), le second de haut en bas (2) était considérée comme plus formelle. Mais le kaishakunin coupait la tête avant d’en arriver là.

Cette pratique reste encore compréhensible, dans la mesure où il s’agit de donner le « coup de grâce ». C’est ce que l’on a appelé « la pitié du samouraï ». Mais comment justifier des pratiques comme le sensu-bara, qui fut courant à l’époque d’Edo ? Dans le sensu-bara, celui qui « s’ouvre le ventre » ne tient pas un sabre mais un éventail (sensu), et fait seulement mine de s’ouvrir le ventre comme s’il tenait un sabre. L’assistant le décapite dès qu’il baisse la tête. Il ne s’agit de rien d’autre que d’une simagrée de seppuku.

Aucun ventre n’est coupé, aucune douleur n’est supportée, tout est fait pour une exécution propre et rapide. Aucun besoin de montrer une force de caractère particulière, aucun besoin non plus de montrer ses tripes, personne ne verra jamais son « cœur véritable ».

Oui, mais l’honneur est sauf. Pour éviter de lui faire perdre la face à titre posthume, on dira qu’il s’est « formellement » éviscéré. Telle était la réalité.

Néanmoins, ne discutons pas des valeurs des samouraïs du passé unilatéralement de notre point de vue d’individus de l’âge moderne. J’explique seulement ici comme un guerrier considérait une mort dans la dignité. En outre, des cas ont réellement existé de maisons qui ont effectivement pu se perpétuer grâce à la mort par seppuku de l’un de ses membres qui a renoncé à son moi et a accepté de mourir comme une pierre de rebut.

Il n’est pas exagéré de dire que les samouraïs naissaient et vivaient pour perpétuer leur famille. Ils pouvaient préserver leur maison et la préserver jusqu’aux générations futures en « prenant » la responsabilité jusque dans la mort. C’était sans doute là l’état d’esprit des samouraïs quand ils décédaient.

(Photo de titre : Tokugawa bakufu keiji zufu [« Dessins criminels des temps du shogunat Tokugawa »], scène de seppuku. Un tissu blanc est posé sur trois tatamis et un poignard sur un présentoir triangulaire est placé devant lui. La personne à droite est le kaishakunin. Collection du musée de l’Université Meiji.)

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suicide histoire samouraï mort rituel

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