
S’engager sur le chemin de la décarbonisation : le Japon dans l’ère post-Glasgow
Vers le « zéro carbone » : Honda mise sur la technologie de l’hydrogène
Économie Technologie Environnement- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
L’installation de bornes de recharge dans les zones urbaines et rurales
Pour justifier son initiative, BMW s’appuie sur la prévision selon laquelle plus de 20 millions de VEB vont circuler sur les routes allemandes, contre quelques millions pour ce qui est des VEPC, et le constructeur automobille déclare que le maintien d’une telle concentration va exiger une amélioration considérable et extrêmement coûteuse du réseau électrique. Il observe que l’installation de bornes de recharge pour les VEB serait relativement facile dans les zones urbaines dotées de réseaux électriques bien développés, tandis que les stations de réapprovisionnement en hydrogène offriraient une solution plus rentable dans les zones rurales où les conducteurs effectuent en règle générale de plus longs trajets.
C’est à l’Allemagne que s’intéresse BMW, mais le scénario est tout aussi valable pour le Japon. Ici, toutefois, les obstacles à l’installation de bornes de recharge dans les grands ensembles urbains ont freiné l’essor des VEB, un phénomène qui pourrait renforcer l’attrait exercé par les VEPC sur les citadins. À l’heure actuelle, bien des conducteurs de VEB doivent s’écarter de leurs trajets ou subir de longues attentes pour recharger leurs batteries. L’installation de postes de réapprovisionnement en hydrogène dans les stations-service existantes renforcerait l’attrait exercé par les VEPC sur les citadins en permettant aux propriétaires de ces véhicules de faire rapidement le plein, à l’instar des conducteurs de véhicules à essence.
Disposer de stations de ravitaillement facilement accessibles contribuerait aussi au développement d’autres types de véhicules à l’hydrogène. Toyota par exemple, travaille actuellement à la mise au point d’une voiture équipée d’un moteur à hydrogène qui brûle cet élément d’une façon similaire à celle employée par un moteur conventionnel à essence. Malgré toutes les raisons qui plaident en faveur des moteurs à hydrogène, alors que les constructeurs automobiles peuvent compter sur la technologie existante des moteurs à combustion, Toyota est à l’heure actuelle la seule entreprise à mettre au point un modèle.
La plupart des entreprises qui produisent des véhicules alimentés à l’hydrogène, y compris Toyota, Honda, GM, Hyundai et leurs semblables, se focalisent sur les VEPC. Le groupe Stellantis, quatrième plus grand constructeur automobile mondial, dont la liste respectable des partenaires inclut des marques comme Jeep et Peugeot, envisage lui aussi de renforcer son offre de VEPC, comme en témoigne sa récente déclaration annonçant son intention d’accroître la part qu’il détient au sein d’une collaboration avec le fabriquant français de dispositifs à piles à combustible Symbio.
La Corolla de Toyota, équipée d’un moteur à hydrogène, en compétition à la course de 24 heures Fuji Super TEC, sur le circuit Fuji dans la préfecture de Shizuoka, en 2021. (© Toyota)
Les applications industrielles
L’hydrogène se prête à de nombreuses applications industrielles allant au-delà des véhicules de tourisme. C’est ainsi que le gouvernement japonais souhaite renforcer le rôle de l’hydrogène dans le secteur lié à l’énergie et, de concert avec l’éolien offshore et l’ammoniac, en faire un élément clef de sa « stratégie de croissance verte » visant à parvenir à la suppression totale des émissions d’ici 2050.
Le projet du gouvernement mise sur l’hydrogène non seulement pour la production d’énergie, mais aussi en tant que technologie neutre en carbone vouée à jouer un rôle crucial dans des domaines comme le transport et l’industrie, tout en soulignant la nécessité de faire appel à un large éventail d’acteurs pour renforcer la compétitivité industrielle face à la volonté de divers pays d’Europe et d’Asie de l’Est de redoubler d’efforts dans le domaine de l’hydrogène. Un engagement d’une telle ampleur garantit que l’hydrogène va jouer un rôle qui ne se limitera pas à l’alimentation énergétique des véhicules de tourisme.
Au cœur de l’attitude du gouvernement japonais vis-à-vis de l’hydrogène se trouve son potentiel en tant que source d’énergie renouvelable capable de rivaliser avec les combustibles fossiles. Contrairement à l’électricité, dont la production doit être régionale du fait de la tendance des longues lignes de transmission à entraîner des pertes d’énergie, on peut le produire dans des zones abondantes en matières premières et le transporter sur de longues distances. Il est aussi plus facile et moins coûteux de le stocker que de construire de vastes regroupements de batteries.
Tous ces facteurs font qu’il est tentant de miser sur le potentiel de l’hydrogène pour combler les lacunes dans le domaine de l’énergie éolienne et solaire, dont la capacité à répondre aux besoins fondamentaux en élergie est entravée par les fluctuations de la production et les contraintes foncières qui font obstacle à la construction d’installations de grande ampleur. L’emploi d’énergie renouvelable générée pendant les heures creuses permet de produire et de stocker de l’hydrogène dit vert (qui n’émet pas de carbone), grâce à quoi les services sont à même de faire face aux insuffisances de la demande.
Honda a le projet d’étendre l’usage de l’hydrogène à tous ses secteurs d’activité d’ici 2050. (© Honda)
Le Japon, dont la capacité de production d’hydrogène est limitée, s’efforce de créer une chaîne internationale de valorisation qui mette l’accent sur le développement de technologies et d’insfrastructures destinées au transport de l’hydrogène sous forme liquide, une perspective dans laquelle s’inscrivent plusieurs projets en cours en Australie. Une grande partie de l’hydrogène en provenance de l’Australie est certes obtenue à partir de sources émettant du carbone, telles que le charbon ou le gaz naturel, mais des efforts sont consentis en vue d’accroître la part de l’hydrogène vert.
C’est au beau milieu de cette vague d’intérêt pour l’hydrogène en tant que vecteur d’énergie à faible coût que Honda a annoncé son intention de renforcer ses activités dans le domaine de l’hydrogène. De concert avec son projet de nouveau VEPC, Honda cherche à élargir le champ d’application du dispositif de piles à combustible de la prochaine génération qu’elle a conçu avec GM, notamment en constituant des regroupements d’unités destinés à l’alimentation énergétique de grosses voitures, de camions ou d’engins de construction, et de l’intégrer dans des blocs d’alimentation fixes. Honda est convaincue que son nouveau dispositif, qui est trois fois moins cher et deux fois plus puissant que son prédécesseur, va emporter l’adhésion de la clientèle.
En ce qui concerne l’étape suivante, Toyota et BMW envisagent de nouvelles applications pour leurs dispositifs de piles à combustible, par exemple dans les gros camions.
À l’heure où les VEB semblent sur le point de devenir les principaux véhicules à émissions nulles, les piles à combustible ont indéniablement un rôle à jouer à l’heure où la société avance vers la décarbonisation. La meilleure façon de parvenir à la neutralité carbone consisterait à tirer le meilleur parti des deux technologies.
(Photo de titre : Aoyama Shinji [centre], directeur exécutif de Honda, pause devant le système de combustible nouvelle génération lors d’une conférence de presse sur le lancement des nouvelles initiatives de la firme relatives à l’emploi de l’hydrogène. Jiji)
Tags
technologie environnement écologie CO2 industrie gaz Honda voiture