Les artistes japonais peuvent-ils s’imposer dans le monde du showbiz américain à l’instar de BTS ?

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Abe Kasumi [Profil]

Aux États-Unis, un certain nombre d’artistes et interprètes d’origine asiatique ont connu un succès remarquable ces dernières années. Si Gangnam Style du chanteur coréen PSY et PPAP de l’humoriste japonais Pikotaro n’ont connu qu’un seul succès, le groupe de K-pop BTS se maintient au premier plan depuis quatre ou cinq ans maintenant. Cette popularité pérenne d’artistes asiatiques dans le showbiz américain est sans précédent. Nous avons exploré le contexte de cette situation et les raisons de leur triomphe.

Comment les Japonais peuvent-ils trouver le succès aux États-Unis ?

Pour réussir dans le monde du show-business américain en tant qu’artiste japonais, « parler anglais est une condition sine qua non », d’après Miyake, qui ajoute : « En premier lieu, vous avez intérêt à avoir quelque chose qui intéresse le public, mais avouons clairement que l’émergence de BTS a facilité l’entrée sur le marché des artistes asiatiques de divertissement ».

Concernant le bond en avant des artistes coréens, elle déclare : « La principale différence avec des artistes japonais est qu’ils bénéficient du soutien de leur pays en premier lieu. Ils passent des années à cultiver un talent authentique, pas un simple vernis. Le schéma est le suivant : ils affinent leur art dès leur plus jeune âge, acquièrent des compétences en y mettant toute leur vie, et seulement ensuite se lancent à l’étranger, l’Asie puis le monde entier ».

Au Japon, la démarche est différente.

« Au Japon, la culture des idoles penche fortement en faveur de la stratégie du “si c’est jeune et mignon, ça va se vendre”. Cela ne fonctionne pas aux États-Unis où l’accent est mis sur le talent. Bien sûr, il existe des artistes de classe mondiale au Japon. Pour être compétitif sur la scène mondiale, l’un des moyens est d’impliquer les animes et les mangas, qui sont déjà reconnus au niveau international ».

Ken Kensei dit : « Pour que des artistes Japonais tirent le meilleur parti des possibilités qui s’offrent à eux, il leur faut des compétences, du charisme, et maîtriser l’anglais. Il ajoute : « Le Japonais qui a le mieux exploité les deux premiers points ces dernières années est Ebina Kenichi, qui a gagné America’s Got Talent pour sa performance de la tête qui tombe. D’autres danseurs font peut-être la même chose au Japon, mais la plupart des Américains l’ont vue pour la première fois dans son spectacle, et l’impact qu’elle a eu sur le public a été géant. Pas besoin de parler anglais quand vous dansez, il y a donc une chance pour les Japonais de concourir aux États-Unis. »

Ken Kensei (deuxième à partir de la gauche) dans le film Lettres d’Iwo Jima, avec Watanabe Ken à droite. (Photo avec l’aimable autorisation de l'auteure de l'article)
Ken Kensei (deuxième à partir de la gauche) dans le film Lettres d’Iwo Jima, avec Watanabe Ken à droite. (Photo avec l’aimable autorisation de l’auteure de l’article)

J’ai déjà interviewé Ebina Kenichi à New York en 2013, le lendemain de sa victoire dans l’émission America’s Got Talent. Pendant la prise de vue, à l’extérieur de la salle, les fans se sont succédé pour lui demander des photos et des autographes, et j’ai été surpris par sa popularité. Par la suite, lorsque je lui ai demandé quel était le secret de son succès aux États-Unis, il m’a répondu :

« Vous devez être le meilleur du monde, mais vous pouvez aussi être le seul sur votre créneau. Si votre performance est originale, vous pouvez être différent des autres et attrayant sans avoir à surpasser la concurrence. Avez une façon différente d’attirer les gens et vous n’aurez pas de concurrence. »

Bien que la porte soit encore étroite, on peut dire que même les Japonais ont une chance de devenir des stars s’ils ont un impact artistique et visuel exceptionnel, la maîtrise de la langue étant un absolu.

(Photo de titre : BTS rencontrant le président Biden à la Maison Blanche le 31 mai 2022, pour échanger sur la question des crimes haineux et de la discrimination à l’encontre des personnes d’origine asiatique. ©Adam Schultz/White House/Planet Pix via ZUMA Press Wire/Kyôdô Images)

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Abe KasumiArticles de l'auteur

Journaliste basée à New York. Elle y vit depuis 2002, après avoir travaillé pendant six ans au sein d’une maison d’édition de magazines, où elle a entre autres interviewé de grands nom de la musique et dirigé l’édition de guides touristiques. Elle est éditrice en chef pendant sept ans avant de prendre son indépendance en 2014. Elle publie actuellement toutes sortes d’informations sur des sujets variés : vie quotidienne, problèmes de société, travail, cuisine, technologie et entreprenariat, etc. Elle est également chroniqueuse sur la radio Cross FM.

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