Lieux sacrés du Japon

Sur les traces des rites ancestraux du Japon : l’île interdite d’Okinoshima livre ses secrets

Tourisme

Les trois sanctuaires de Munakata, au sud-ouest du Japon, sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Leur valeur réside dans de très anciennes pratiques religieuses qui y ont été préservées et transmises au fil des siècles, comme en témoignent de précieux objets découverts sur une île interdite d’accès aujourd’hui.

D’autres trésors pour les archéologues

Pendant le VIe siècle, les offrandes étaient souvent déposées à l’ombre de rochers. Le site numéro 7 en est un exemple parfait, avec de nombreux objets bien rangés sur les parties plates à l’ombre des énormes rochers de l’île. Ont été découverts sur ce site des harnais pour chevaux en bronze doré, des épées dont les poignées sont incrustées de cristal de roche, des carquois ornés de galons dorés en textiles, des boucliers avec des ornements en métal décoratif, des hallebardes, et des armures keikô pour cavaliers. Les objets comme les épées incrustées sont à l’image des trésors du grand sanctuaire d’Ise.

Des parures pour chevaux découverts au site numéro 7. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)
Des parures pour chevaux découverts au site numéro 7. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)

Au site numéro 22 (VIIe siècle) qui se trouve à l’ombre de rochers massifs, ainsi qu’au site numéro 5 (fin du VIIe siècle au VIIIe siècle), situé à l’ombre et devant les rochers, on a découvert des objets en miniature en bronze doré déposés en offrande. Des modèles réduits de métiers à tisser et de koto (harpe japonaise) évoquent les trésors dédiés aux divinités impériales du grand sanctuaire d’Ise. On pense que c’est à partir du IVe siècle que des objets ont été déposés par dessus ou à l’ombre de rochers pour indiquer des sites sacrés.

Fouilles au site numéro 5. Dans les crevasses à l’arrière, on a retrouvé des modèles miniature d’un koto à cinq cordes et des bobines pour filer en bronze doré ainsi que d’autres objets. Au premier plan, des récipients en terre cuite pour les offrandes rituelles. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)
Fouilles au site numéro 5. Dans les crevasses à l’arrière, on a retrouvé des modèles miniature d’un koto à cinq cordes et des bobines pour filer en bronze doré ainsi que d’autres objets. Au premier plan, des récipients en terre cuite pour les offrandes rituelles. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)

Des modèles miniature d’instruments à tisser et autres objets en bronze doré provenant des sites numéro 1, 5 et 22 (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)
Des modèles miniature d’instruments à tisser et autres objets en bronze doré provenant des sites numéro 1, 5 et 22 (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)

Un modèle miniature en bronze doré d’un koto à cinq cordes, découvert au site numéro 5 (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)
Un modèle miniature en bronze doré d’un koto à cinq cordes, découvert au site numéro 5 (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)

De nombreux récipients en terre cuite utilisés pour les offrandes ont aussi été exhumés sur le site numéro 5. Certains servaient à la fabrication du sel, ce qui explique que le sel figurait parmi les dons aux divinités, un autre point commun avec le sanctuaire d’Ise. Il est fort probable que les cérémonies tenues dans les trois sanctuaires de Munakata se sont petit à petit apparentées à ceux d’Ise à partir de la fin du VIIe siècle, ce qui est la preuve du rôle incontournable de l’île d’Okinoshima dans le Japon ancien ainsi que de l’importance des échanges avec la péninsule coréenne. Naviguer vers la Corée aurait été impossible sans le savoir-faire des habitants d’Okinoshima qui ont ainsi acquis un rôle majeur dans les cérémonies religieuses.

Un récipient en terre cuite découvert sur le site numéro 5. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)
Un récipient en terre cuite découvert sur le site numéro 5. (Avec l’aimable permission de Munakata Taisha)

Des principes qui s’appliquent à notre ère

Les traces des rites liés à la nature découverts dans les sanctuaires de Munakata ont de nombreux points en commun avec les vestiges de lieux de culte retrouvés ailleurs, ainsi qu’avec les cérémonies religieuses à travers le Japon. Bien que l’Archipel soit riche en ressources naturelles, le pays est aussi vulnérable aux catastrophes naturelles. La tradition de vénérer des divinités étroitement liées à cette nature à laquelle on rend grâce tout en la craignant aide les gens à rester humbles envers la nature et à mieux apprendre à vivre en harmonie avec elle.

Ceux qui habitent les grandes villes, loin de la nature, ne sont pas non plus épargnés des typhons ou des tremblements de terre... Il nous reste énormément de leçons à tirer des rites anciens des trois sanctuaires de Munakata.

(Photo de titre : l’île d’Okinoshima. Avec l’aimable autorisation de l’auteur)

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