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« La Rose de Versailles » : hymne aux femmes indépendantes et à l’amour éternel

Manga/BD

La Rose de Versailles, un manga dont l’action se déroule à Versailles avant et pendant les événements de la Révolution française et qui décrit la vie mouvementée d’Oscar de Jarjayes, vivant sous une identité masculine, et de la reine Marie-Antoinette, a plus d’un demi-siècle d’existence. Penchons-nous sur ce chef-d'œuvre immortel, qui a également été adapté en série d’animation et en production théâtrale.

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La Rose de Versailles, d’Ikeda Riyoko, fut publiée pour la première fois en série dans l’hebdomadaire Margaret des éditions Shûeisha en 1972. C’est un chef-d'œuvre qui se déroule pendant l’époque mouvementée de la Révolution française et s’est imposé comme une œuvre majeure de l’histoire du manga.

Les personnages centraux du récit sont la reine Marie-Antoinette et son amant secret, le prince suédois Fersen. Et puis Oscar, une femme travestie en homme, élevée comme l’héritier d’une famille de l’aristocratie militaire, et André, un roturier qui suit ses traces.

Des personnages sont les jouets de l’histoire, d’autres désespèrent de l’histoire, d’autres encore se battent pour l’avènement d’une nouvelle ère, d’autres donnent leur vie pour leurs proches… La romance historique qui se dessine à travers la vie de ces femmes et de ces hommes souleva l’enthousiasme des fans et fit de ce titre une référence majeure dans les mangas des générations suivantes.

Le cinquième et dernier volume DVD de la version animée est sorti le 17 février 2022. (Avec l’aimable autorisation de Pia)
Le cinquième et dernier volume DVD de la version animée est sorti le 17 février 2022. (Avec l’aimable autorisation de Pia)

Et pourtant, l’équipe éditoriale qui a étudié le premier projet avait émis un avis défavorable à la sérialisation. L’argument était : « Un récit historique ? Un sujet d’un tel rafinement ne sera jamais compris par le lectorat du manga shôjo (destiné à un public féminin)… » Cela donne une idée de l’image du manga dans la société japonaise à l’époque. Le manga n’était même pas considéré comme de la culture. Le manga shôjo occupait la marche la plus basse des différents segments du genre, et les artistes féminines étaient payées moitié moins que leurs homologues masculins.

Ikeda Riyoko, l’auteure, est née en 1947 à Osaka, et a grandi à Kashiwa, préfecture de Chiba. À l’époque où les valeurs de la société ne considéraient pas les études supérieures comme essentielles pour les femmes, Ikeda Riyoko surmonta l’opposition de son père et s’inscrivit au département de philosophie de l’université d’Éducation de Tokyo (aujourd’hui l’Université de Tsukuba). Elle prit une part active dans les mouvements étudiants de l’époque.

« Il n’était pas question pour moi de critiquer la société et les adultes tout en restant à la charge de mes parents. » Ikeda quitta donc sa famille pour devenir indépendante. Elle exerça divers métiers, serveuse, ouvrière en usine, vendeuse au porte-à-porte, pour vivre et financer ses études.

En 1968, toujours étudiante, elle fait ses débuts en tant que mangaka dans le magazine hebdomadaire Margaret. À l’époque, dessiner des mangas n’est qu’un moyen de payer son loyer. Mais ses premiers récits connaissent un bon succès et, à 24 ans, elle commence la publication de La Rose de Versailles.

Toutefois, comme nous l’avons dit, la rédaction composée uniquement d’hommes à cette époque s’opposa à la publication d’un sujet qui, pour eux, ne pourrait jamais être compris par les lectrices. Ikeda déclara alors : « Ça va marcher, j’en suis sûre. Si ça ne marche pas, je stoppe immédiatement ». C’est ainsi que la série fut lancée.

Ikeda Riyoko fut invitée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême puis donna un récital vocal au théâtre du Petit Trianon du château de Versailles. (31 janvier 2011. Jiji Press)
Ikeda Riyoko fut invitée au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême puis donna un récital vocal au théâtre du Petit Trianon du château de Versailles. (31 janvier 2011. Jiji Press)

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