JO d’hiver de Pékin : Hanyû Yuzuru, vers le miracle du quadruple axel et un troisième titre

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Avec deux médailles d’or aux deux derniers Jeux olympiques, Hanyû Yuzuru règne sur le monde du patinage artistique masculin. Sa brillante victoire aux Championnats du Japon en décembre 2021 a dissipé les inquiétudes qui subsistaient quant à son rétablissement après ses blessures de l’an passé. Son objectif pour sa troisième olympiade ? Tout simplement une troisième médaille d’or, en relevant le défi du quadruple axel.

Les splendides empreintes du roi de la glace

Hanyû Yuzuru a dominé le patinage artistique ces dernières années, et ses performances ont prouvé qu’il mérite le qualificatif de superstar. Les Jeux d’hiver de Pékin 2022 sont sa troisième olympiade, mais il l’aborde dans la position de challenger.

Revenons sur sa carrière.

Lorsque Hanyû qui venait d’entrer au lycée est passé pendant la saison 2010-2011 de la catégorie junior à la catégorie senior, il s’est instantanément distingué en obtenant la deuxième place aux Championnats des Quatre Continents. La force en saut montrée par son quadruple boucle piqué et son triple axel, et la puissance artistique déployée avec l’Ina Bauer, un mouvement rare chez les hommes, font alors de lui un athlète dont on attend beaucoup.

La saison suivante, il remporte la Coupe de Russie et se qualifie pour les Championnats du monde où il obtient la médaille de bronze, avec le plus haut nombre de points en technique pour son programme libre.

Hanyû Yuzuru pendant sa première participation aux Championnats du monde où il a remporté la médaille de bronze. Il avait 17 ans. Photo du 31 mars 2012, à Nice (Kyôdô).
Hanyû Yuzuru pendant sa première participation aux Championnats du monde où il a remporté la médaille de bronze. Il avait 17 ans. Photo du 31 mars 2012, à Nice (Kyôdô).

Son désir de toujours s’améliorer, en maîtrisant tous les aspects de la discipline, a été essentiel dans sa victoire.

Il n’est bien sûr pas le seul à avoir cette ambition. Mais ce qui rend Hanyû différent est la force de sa volonté. Yamada Mami, son entraîneuse à ses débuts, se souvient qu’il a été de loin son élève le plus déterminé à s’entraîner jusqu’à obtenir le résultat souhaité.

Une fois arrivé dans la catégorie senior, il a appris de ceux qui étaient plus âgés que lui, en s’efforçant de les rattraper puis de les dépasser. Il déteste perdre, et se déteste quand cela lui arrive. Lorsqu’il rate son programme court pendant ses premiers Championnats du monde, il envisage de renoncer à participer au programme libre. S’il ne le fait pas, c’est parce qu’il a le sens des responsabilités, car renoncer l’aurait empêché d’accomplir sa mission de représentant, et parce qu’il ne veut pas perdre contre lui-même.

Le miracle de deux titres olympiques

Il participe à ses premiers Jeux olympiques, ceux de Sotchi en 2014, après être devenu un des meilleurs patineurs mondiaux grâce à ses excellents résultats dans plusieurs compétitions internationales. Il fait ses débuts avec l’épreuve par équipe, obtenant la meilleure note au programme court avec un nombre de points supérieur à 100, une première mondiale. Dans le programme libre, il se classe premier, malgré deux chutes après des sauts. Cette force qui lui permet de surpasser ses rivaux lui vaut la médaille d’or.

Il réussit à conserver son titre de champion olympique aux Jeux d’hiver de Pyeongchang de 2018, un résultat extraordinaire, compte tenu de ce qu’il avait vécu avant cette compétition.

Blessé à la cheville droite après une chute lors d’une séance d’entraînement du Trophée NHK en novembre 2013, il est absent des grandes compétitions qui suivent, et cela l’empêche d’atteindre son objectif de participer à la Finale du Grand Prix ISU qu’il avait remporté quatre fois de suite. Il est contraint de retarder son retour à la compétition jusqu’aux Jeux de Pyeongchang.

Mais il remporte son deuxième titre olympique grâce à son écrasante puissance artistique. À l’issue de la compétition, il révèle n’avoir pu s’entraîner de manière satisfaisante, parce que sa blessure n’était pas encore complètement guérie. Obtenir une deuxième médaille d’or dans ces conditions relève du miracle, même pour le meilleur patineur au monde.

Une médaille d'or obtenue grâce à une performance qui pourrait être qualifiée d'improvisée, puisqu'il n'était pas encore complètement remis de sa blessure. Le 17 février 2018 à Gangneung, Corée du Sud (AFP/Jiji).
Une médaille d’or obtenue grâce à une performance qui pourrait être qualifiée d’improvisée, puisqu’il n’était pas encore complètement remis de sa blessure. Le 17 février 2018 à Gangneung, Corée du Sud (AFP/Jiji).

Il trace sa route à grande vitesse, mais ses performances brillantes ne sont pas la seule raison qui font de lui la star de sa discipline et une présence écrasante.

Pendant la saison 2016-2017, Hanyû a réussi le premier quadruple boucle officiellement reconnu dans une compétition internationale. Pendant la saison suivante, il réalise aussi le premier quadruple lutz de sa carrière, ce que seul Brandon Mroz avait réussi avant lui.

Cela montre qu’il ne se satisfait jamais de ce qu’il a mais cherche perpétuellement à aller plus loin. Ce désir de sans cesse explorer les nouvelles possibilités du patinage artistique est ce qui vaut les louanges.

Le quadruple axel : le défi ultime ?

Il aborde ses troisième Jeux olympiques, ceux de Pékin, à nouveau dans la position de challenger, puisqu’il a décidé de tenter un quadruple axel. Réussir ce saut, le plus difficile entre tous, ce que personne n’a encore fait, est sa première motivation depuis les Jeux de Pyeongchang.

Ce ne sera bien sûr pas chose aisée. Hanyû a consacré beaucoup de temps à sa préparation avant de le présenter en compétition. Et si l’on se base sur qu’il a montré lors des Championnats du Japon fin décembre 2021, quand il l’avait inclu dans son programme, son niveau est tel que le succès paraît suffisamment possible.

Mais cette décision comporte des risques. S’il le rate, il perdra beaucoup de points, et pourrait être écarté de la lutte pour la médaille d’or. Sa détermination est cependant entière. Ce défi a en effet été la force motrice de sa vie de compétiteur depuis les Jeux olympiques de Pyeongchang.

L'atterrissage d'Hanyû après son quadruple axel pendant les championnats du Japon, le 26 décembre 2021, à la Saitama Super Arena. Celui-ci n'a pas été reconnu car le nombre de tours était insuffisant (Kyôdô).
L’atterrissage d’Hanyû après son quadruple axel pendant les championnats du Japon, le 26 décembre 2021, à la Saitama Super Arena. Celui-ci n’a pas été reconnu car le nombre de tours était insuffisant (Kyôdô).

Hanyû ne voit pas ce défi comme un rêve qui n’appartient qu’à lui.

« C’est aussi le rêve de mes fans, et j’aimerais le réaliser aussi pour eux. »

C’est ce qu’il répond quand on lui demande pourquoi il ne renonce pas au défi du quadruple axel. Il sait qu’il est un grand patineur, qu’on attend beaucoup de lui, et se sent donc investi de la responsabilité de ne pas décevoir. Il croit qu’il peut réussir et relèvera ce défi à Pékin.

Il affrontera pendant cette compétition un adversaire coriace : l’Américain Nathan Chen. Présent aux Jeux de Pyeongchang, il a mal supporté l’intense pression et a terminé dix-septième au programme court mais s’est montré bien plus fort dans la partie libre, ce qui lui a permis de finir cinquième. Il n’a cessé de progresser depuis, remportant d’abord les Championnats du monde de 2018, un mois après les Jeux olympiques (Hanyû était absent), puis toutes les compétitions auxquelles il a participé ensuite.

Cette succession de victoires a pris fin en octobre dernier quand il a fini troisième à Skate America 2021, la première compétition du Grand Prix ISU, mais il a ensuite remporté Skate Canada avec une importante avance sur le deuxième. Il a dominé les Championnats des États-Unis en janvier 2022, malgré quelques erreurs. Chen est aussi un des meilleurs sauteurs sur glace au monde, comme en atteste le fait qu’il inclut cinq quadruples sauts dans son programme libre.

Hanyû a longtemps souffert de blessures cette saison, au point que sa participation aux Jeux a pu paraître incertaine, mais son impressionnante performance aux Championnats du Japon en décembre dernier indique qu’il est décidé à revenir au premier plan. Réussira-t-il à accomplir son rêve en remportant une troisième médaille d’or en patinage artistique à Pékin ? Nous le saurons bientôt.

(Photo de titre : Hanyû Yuzuru, champion du Japon de patinage artistique en décembre dernier. Le 26 décembre 2021, à la Saitama Super Arena. Kyôdô)

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