JO d’hiver de Pékin : Kobayashi Ryôyû, le nouveau phénomène de la nation des sauteurs à ski
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Premier Japonais à remporter la Coupe du monde chez les hommes
Kobayashi Ryôyû est sans conteste le grand favori des Jeux olympiques de Pékin. Ses performances écrasent toute concurrence.
Au 6 janvier cette saison, après 10 épreuves de Coupe du monde (toutes sur Grand Tremplin), il avait remporté 6 victoires et n’avait raté le podium que deux fois. Il a également remporté 3 des 4 épreuves traditionnelles de la « Tournée des quatre tremplins », qui a lieu chaque année autour du Nouvel An. Il est évidemment en tête de la Coupe du monde au classement général.
Ces résultats récents montrent qu’il ne s’agit pas d’un simple momentum favorable ou d’une série aléatoire de bonnes performances. Il suffit de regarder les résultats globaux de la Coupe du monde, après sa victoire de la saison 2018-2019 et sa troisième place en 2019-2020, sa quatrième place l’année dernière, sans compter sa solidité cette année.
La principale caractéristique de Kobayashi réside dans sa régularité, une course d’élan stable et une prise d’appel constante. C’est ce qui lui assure des performances très régulières au top lors de chaque rencontre.
S’il est aujourd’hui le meilleur sauteur du monde, son parcours révèle de nombreuses surprises.
Un enfant prodige du sport
Kobayashi Ryôyû est né et a grandi dans le village de Matsuo, dans la préfecture d’Iwate, au nord-est du pays, dans une région peu ouverte sur le saut à ski (la plupart des grands sauteurs japonais sont natifs de Hokkaidô). Mais il y a de la neige, et la légende dit que Kobayashi a commencé à sauter lorsque son frère aîné Junshirô a fabriqué un petit tremplin dans le jardin de la maison familiale pour jouer.
Très tôt, Kobayashi, qui avait commencé le saut et le combiné nordique, a été repéré pour ses capacités physiques exceptionnelles. En 5e année du primaire, il fut sélectionné dans la première promotion du programme de formation athlétique de sa préfecture, où il fut remarqué et jugé prédisposé pour la lutte et le rugby en raison de son agilité. Il a aussi joué dans l’équipe de base-ball pendant sa scolarité primaire, puis dans l’équipe de football au collège. Bref, il développait un « talent universel » pour n’importe quel sport.
Et le programme de formation athlétique, en lui faisant suivre un entraînement généraliste mensuel pendant deux ans, lui a fait acquérir une condition physique optimale quelle que soit la discipline à laquelle il se destinerait plus tard. Il possèdait dorénavant la base physique pour devenir un athlète de haut niveau.
C’est finalement sur le saut à ski et le combiné nordique que Kobayashi décide de se concentrer. Ses premiers résultats en compétition, encore lycéen, n’ont rien d’exceptionnel. C’est plutôt son frère Junshirô, actif lui aussi dans les deux disciplines, qui se fait remarquer en remportant le championnat des lycées dès sa première année, et même en battant les adultes et devenant champion du Japon en troisième année.
Rencontre avec une légende
C’est à cette époque qu’une rencontre fera prendre un tournant majeur au destin de Kobayashi. C’est Kasai Noriaki qui remarque son potentiel exceptionnel au tremplin. Kasai, huit qualifications aux Jeux olympiques d’hiver, record historique, est une légende du saut à ski, aussi bien en Europe qu’au Japon. En le voyant en pleine performance, Kasai a eu une révélation : « Sa façon de sauter ressemblait à celle des plus grands champions européens. » Kasai invite donc Kobayashi dans son équipe Tsuchiya-Home, dont il est l’entraîneur.
Auprès de Kasai, il apprend sa technique de prise d’appel au tremplin et à limiter la tension. À 49 ans, Kasai était encore actif en compétition, c’est-à-dire que l’entraîneur et l’élève étaient adversaires en compétition ! Néanmoins cela n’a pas empêché pas Kobayashi de considérer Kasai comme son maître et à celui-ci de lui transmettre tous ses secrets.
Quand la relation entre le maître et le disciple fonctionne, les résultats s’améliorent au fil du temps. Ainsi, dès sa première année dans l’équipe, Kobayashi a participé à sa première compétition de Coupe du monde en 2015-2016. Et dès l’année suivante, il est en lice dès la première épreuve ainsi qu’au championnat du monde.
Il sera sélectionné pour les Jeux olympiques à Pyeongchang lors de la saison 2017-2018. Encore inconnu du grand public, il arrive en tête de la sélection japonaise à la 7e place au petit tremplin, et, capitaine de l’équipe japonaise, effectue le meilleur saut lors de la compétition par équipe.
Sur cette lancée, Kobayashi change de braquet : dès la saison suivante, en 2018-2019, il devient champion du monde en remportant 13 compétitions de Coupe du monde, la deuxième meilleure performance en une seule saison de tous les temps. Et la première pour un sauteur non européen.
« Je pense que l’essentiel vient de ce que j’ai réussi à stabiliser mes courses d’élan », dit Kobayashi pour expliquer son passage au niveau supérieur. Kasai, qui a soutenu son évolution technique, a une autre réaction :
« Au début, quand j’ai vu qu’il allait casser la baraque, j’ai été heureux pour lui. Puis, je me suis quand même dit : “non mais il se prend pour qui ?” » (rires)
Voilà comment le maître encore actif se réjouit affectueusement du succès de son disciple…
Assez fort pour briser les aléas de la météo
Aujourd’hui, Kobayashi établit ses performances exceptionnelles en combinant les techniques apprises de Kasai sur le socle du physique d’athlète qu’il s’est bâti pendant son enfance. Et pourtant, mis à part une médaille de bronze par équipe, il n’a jamais brillé aux Championnats du monde en trois participations.
L’une des difficultés particulières au saut à ski est que les conditions météo très fines peuvent grandement influer sur les performances, quelle que soit la maîtrise technique du sauteur par ailleurs. Cela sera également le cas à Pékin. Comment sera le vent au moment où Kobayashi prendra son envol ? Heureusement, Kobayashi est capable de vaincre dans n’importe quelles conditions atmosphériques. Il a maintenant la puissance suffisante pour satisfaire toutes nos attentes.
À Pékin, les épreuves de saut commenceront le 5 février avec les qualifications sur le petit tremplin. Kobayashi est inscrit pour les concours du petit tremplin individuel, par équipes mixtes (une nouveauté de ces JO), grand tremplin individuel et par équipes hommes.
Ce sera sa deuxième participation à la grande fête du sport mondial. La deuxième fois qu’il est en lice pour devenir le meilleur de l’épreuve individuelle, la médaille d’or tant recherchée, et montrer son leadership dans le concours par équipes.
(Photo de titre : le saut de Kobayashi, en tête du classement cette saison, lors de la 8e épreuve de la Coupe du monde. Photo du 18 décembre 2021, à Engelberg, en Suisse. AFP/ Jiji)