À la découverte des « kimarite », les spectaculaires techniques de sumo

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« Victoire de Terunofuji par yorikiri ! » La voix tonnante de l’arbitre remplit le stade de sumo, soulevant les acclamations des spectateurs aux premières loges. Les kimarite, les « techniques décisives » du sumo, sont une liste de mouvements précis qui sont répertoriés de manière officielle. Ils permettent de comprendre les subtilités du plus célèbre des sports traditionnels japonais.

Images d’archives : des techniques rares et spectaculaires

Pour le public, il est toujours spectaculaire de voir des mouvements rares ou surprenants. Même si de telles techniques ne sont pas utilisées dans les matchs de haut niveau, les fans de sumo éprouvent toujours un frisson de plaisir en assistant à un kimarite d’exception. Voici quelques exemples.

Mitokoro-zeme (triple attaque)

Cette « attaque de trois points » consiste à enrouler sa jambe autour de l’arrière de la jambe de l’adversaire (que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur) tout en saisissant sa cuisse opposée et en poussant sa poitrine de la tête pour le forcer à reculer.

Dans les années 1950, le rikishi de rang jûryô Nachinoyama a remporté quatre matchs en utilisant cette technique. Pendant près de quarante ans, personne n’a osé la retenter, mais Mainoumi (qui a atteint le rang de komusubi), un lutteur de petit gabarit connu pour son vaste répertoire de techniques surprises, l’a remis sur le devant de la scène dans les années 1990.

Le onzième jour du basho de novembre 1991, Mainoumi combattait pour la première fois Akebono, à ce moment-là le plus fort des yokozuna (le rang ultime du sumo). Le géant d’origine hawaïenne mesurait 33 centimètres de plus et pesait 100 kilos de plus que lui. L’excitation dans l’air était palpable avant même le début du match et Mainoumi a répondu à l’attente du public avec une performance mémorable : après une feinte éclair vers le haut, il plonge dans la poitrine d’Akebono pour le terrasser quelques secondes plus tard grâce à la triple attaque mitokoro-zeme.

Ci-dessous, une autre prouesse du lutteur Mainoumi.

Le lutteur de petit gabarit Mainoumi (172 cm et 96 kg), terrassant le géant Kotofuji (192 cm, 146 kg) avec un mitokoro-zeme au basho de septembre 1992. Aucun lutteur n'avait utilisé un tel kimarite en division makuuchi depuis le basho de mai 1955, le premier tournoi où les kimarite ont commencé à être annoncés (avec l'aimable autorisation du journal Ôzumô).
Le lutteur de petit gabarit Mainoumi (172 cm et 96 kg), terrassant le géant Kotofuji (192 cm, 146 kg) avec un mitokoro-zeme au tournoi de septembre 1992. Aucun lutteur n’avait utilisé un tel kimarite en division makuuchi depuis le tournoi de mai 1955, le premier tournoi où les kimarite ont commencé à être annoncés. (Avec l’aimable autorisation du journal Ôzumô)

Sotomusô

Uchimusô, un kimarite consistant à saisir et soulever l’intérieur de la cuisse, est utilisé dans pratiquement tous les tournois, mais le sotomusô est assez rare. Dans cette variation, l’attaquant agrippe la cuisse opposée et tire le bras de l’adversaire en le tordant vers le bas. Le risque est que l’adversaire s’écrase de tout son poids sur l’attaquant, mais lorsque la technique est brillamment exécutée, l’adversaire est forcé de pivoter et de tomber sur le dos.

Depuis la création de la liste officielle des kimarite, seuls 12 matchs de la division makuuchi ont été remportés avec un sotomusô. Futagodake (ayant atteint le rang komusubi) a remporté cinq matchs grâce à cette technique à la fin des années 1960, et Kyokushûzan (également komusubi) l’a utilisée trois fois à la fin des années 1990. À eux deux, ils ont pratiquement le monopole de ce kimarite.

Le dixième jour du basho de novembre 1968, Futagodake (à gauche) remporte la victoire contre Uminoyama grâce à un sotomusô. Futagodake maîtrisait également la variante uchimusô (avec l'aimable autorisation du journal Ôzumô).
Le dixième jour du tournoi de novembre 1968, Futagodake (à gauche) remporte la victoire contre Uminoyama grâce à un sotomusô. Futagodake maîtrisait également la variante uchimusô. (Avec l’aimable autorisation du journal Ôzumô)

Yaguranage

Il s’agit d’une technique spectaculaire consistant à attraper le mawashi de son adversaire et à placer une jambe à l’intérieur de ses cuisses pour le soulever et le projeter sur le côté.

Au basho de mars 1972, Kotozakura (à droite) exécute un yaguranage, envoyant son adversaire Takanohana dans le public (avec l'aimable autorisation du journal Ôzumô).
Au tournoi de mars 1972, Kotozakura (à droite) exécute un yaguranage, envoyant son adversaire Takanohana dans le public. (Avec l’aimable autorisation du journal Ôzumô)

Le yaguranage nécessite une force phénoménale dans les jambes. Depuis qu’Aobayama l’a utilisé lors du neuvième jour du tournoi de novembre 1975, ce kimarite n’a pas été utilisé pendant des décennies, en partie à cause du manque d’entraînement du bas du corps des lutteurs et aussi parce qu’ils sont beaucoup plus lourds de nos jours. Mais 34 ans plus tard, le yokozuna Asashôryû a ressuscité la technique face au ôzeki Harumafuji lors du treizième jour du tournoi de juillet 2009.

Au basho de juillet 2009, Asashôryû (à gauche), d'origine mongole, soulevant Harumafuji sur sa jambe et exécutant un yaguranage en le projetant à sa gauche. Interviewé après le match, Asashôryû a déclaré que la technique était aussi utilisée dans la lutte mongole et qu'il prévoyait depuis un certain temps de l'utiliser (Jiji Press).
Au tournoi de juillet 2009, Asashôryû (à gauche), d’origine mongole, soulevant Harumafuji sur sa jambe et exécutant un yaguranage en le projetant à sa gauche. Interviewé après le match, Asashôryû a déclaré que la technique était aussi utilisée dans la lutte mongole et qu’il prévoyait depuis un certain temps de l’utiliser. (Jiji Press)

(Photo de titre : Mainoumi face à Akebono, le onzième jour du tournoi de novembre 1991, Jiji Press)

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