30 ans depuis l’effondrement de l’URSS : la fin du régime vécu par un étudiant japonais sur place

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Le 25 décembre 1991, la démission de Gorbatchev marque l’effondrement de l’URSS. Que s’est-il passé ? Un Japonais, analyste en relations internationales qui vivait à Moscou à l’époque, a été témoin de ce tournant historique.

Ce que la Russie d’aujourd’hui partage avec l’Union soviétique d’antan

Quelle est la situation en Russie aujourd’hui ? Je dois dire que c’est une situation très difficile. Tout d’abord parce que la croissance économique s’est arrêtée. Il y a deux raisons principales à cela.

Les sanctions économiques viennent en premier lieu. Depuis l’annexion de la Crimée prise à l’Ukraine en mars 2014, l’Occident et le Japon ont imposé des sanctions économiques à la Russie, qui durent depuis sept ans à ce jour.

L’autre raison est la « révolution du pétrole de schiste », qui a commencé dans les années 2010. Le prix du brut n’atteint plus les sommets des années 2008. Actuellement, le prix du baril tourne autour de 80 US$.

Avec la nouvelle offre provoquée par la révolution du schiste, il n’est plus possible de voir le pétrole retrouver des tarifs de 140 US$ comme il y a une quinzaine d’années. Pour ces deux raisons, l’économie russe continue de stagner.

Pendant les sept années qui ont suivi l’annexion de la Crimée en 2014, le PIB a crû en moyenne de 0,38 %. Objectivement, la Russie est en crise. Comment Poutine maintient-il la stabilité intérieure ? Il fait jouer de nombreuses cartes, mais le facteur le plus important est le contrôle de l’information.

Poutine a établi sa domination de la télévision dès les années 2000. En revanche, le Kremlin a laissé Internet relativement libre. Ce n’est qu’avec l’influence croissante de YouTube qu’il lui est devenu impossible de l’ignorer.

La chaîne YouTube d’Alexeï Navalny, le fondateur de la Fondation anti-corruption compte 6,44 millions d’abonnés. Arrêté en janvier 2021, il est toujours en prison.

Le Kremlin maintient un strict contrôle de la liberté de parole et communique sur le thème que l’Occident est hostile à la Russie et veut la briser. Selon cette rhétorique, les mouvements opposés à Poutine comme celui de Navalny sont des agents de l’Occident.

L’Occident est divisé de l’intérieur et a de sérieux problèmes, bref, les citoyens russes ont bien de la chance de vivre heureux… Ce contrôle de l’information a tout d’une nouvelle « soviétisation ».

Né en 1952, Poutine a toujours eu pour ambition, dès son enfance, de devenir officier de renseignement. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, il a immédiatement rejoint le KGB. Après l’effondrement de l’Union soviétique, il est devenu directeur du FSB (Service fédéral de sécurité), l’agence qui a succédé au KGB.

Dans un certain sens, il est naturel qu’il soit revenu à la « voie soviétique » en période de crise. Mais, comme le montre clairement la fin de l’Union soviétique, il y a peu de chances que ce soit à la manière soviétique que la Russie se développe.

(Voir également un autre article de l’auteur : Récit d’un Japonais qui a « fui » Moscou avec sa femme russe et ses enfants malgré une vie agréable)

(Photo de titre : des citoyens célèbrent l’échec d’un coup d’État des partisans de la ligne dure du Parti communiste soviétique sur la place du Manège, à Moscou, le 21 août 1991. Reuters/Kyodo)

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