Les courtisanes de Yoshiwara observées par un dessinateur du XIXe siècle

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Kobayashi Akira [Profil]

Pour se familiariser avec la vie urbaine dans le Japon de la fin du XIXe siècle, plongeons dans le quartier des plaisirs de Yoshiwara et le monde des prostituées de l’époque vus par les yeux de l’écrivain et illustrateur Kitagawa Morisada.

Les maisons closes d’Edo

Les citoyens ordinaires s’offraient les services des shinzô de rang inférieur. On ne dispose pas de données précises, mais, sachant que le tarif minimum pour une oiran équivalait à 25 000 yens (180 euros), le prix à payer pour les shinzô devait être inférieur à cette somme.

Les tomesode shinzô commençaient à travailler à 15 ans, tandis que les furisode shinzô commençaient un peu plus tard, à 17 ans, et avaient la possibilité de s’élever au rang d’oiran, ce qui leur conférait un statut légèrement supérieur. L’estampe ci-dessous représente une shinzô dont la parure — kimono, chevelure et accessoires — est plus modeste que celle des courtisanes de plus haut rang.

Une shinzô de Yoshiwara. Illustration provenant de Morisada mankô (Estampes de Morisada). (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de la Diète nationale)
Une shinzô de Yoshiwara. Illustration provenant du « Manuscrit Morisada » (Morisada mankô). (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

Les shinzô s’exhibaient devant leurs clients assis dans le harimise, une pièce du premier étage de la maison close ornée d’une devanture à claire-voie. Les harimise s’alignaient tout au long de la rue principale de Yoshiwara.

Prostituées dans un harimise, séparé de la rue par une cloison à claire-voie, illustration provenant de Yoshiwara jûnitoki (Une journée à Yoshiwara). (Avec l’aimable autorisation des archives numériques de l’Université du Kansai)
Prostituées dans un harimise, séparé de la rue par une cloison à claire-voie, illustration provenant de Yoshiwara jûnitoki (Une journée à Yoshiwara). (Avec l’aimable autorisation des archives numériques de l’Université du Kansai)

Cette vue de Yoshiwara montre les harimise alignés des deux côtés de la rue principale de Nakanochô. Le mikaeri yanagi, ou « saule qui regarde en arrière », doit, dit-on, son nom aux regards nostalgiques que les hommes jetaient derrière eux à leur sortie du quartier de plaisir. Tôto Shin-Yoshiwara ichiran (Vue de Yoshiwara dans la capitale de l’Est), par Hiroshige II. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque centrale de la métropole de Tokyo)
Cette vue de Yoshiwara montre les harimise alignés des deux côtés de la rue principale de Nakanochô. Le mikaeri yanagi, ou « saule qui regarde en arrière », doit, dit-on, son nom aux regards nostalgiques que les hommes jetaient derrière eux à leur sortie du quartier de plaisir. Tôto Shin-Yoshiwara ichiran (Vue de Yoshiwara dans la capitale de l’Est), par Hiroshige II. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque centrale de la métropole de Tokyo)

Une fois leur choix fait dans le harimise, les clients montaient à l’étage en compagnie des travailleuses du sexe.

Yoshiwara yûkaku shôka no zu (Une maison close de Yoshiwara) représente une scène débordante de vie au premier étage. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de la Diète nationale)
Yoshiwara yûkaku shôka no zu (Une maison close de Yoshiwara) représente une scène débordante de vie au premier étage. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

Au premier étage, se pressaient les prostituées, les clients et les serviteurs. La coutume étaient de commencer par partager une coupe de saké, mais certains clients, avides de passer à l’acte, sautaient cette étape. Sachant que les oiran disposaient d’une résidence qui leur était réservée à l’arrière de l’établissement, on peut en déduire que les filles représentées sur cette estampe sont de rang inférieur, et que les chambres sont probablement des mawashibeya utilisées à tour de rôle par les couples.

En ce qui concerne les habitudes de Morisada à Yoshiwara, on en est réduit aux spéculations. Mais, étant donné qu’il a vécu pendant un certain temps une vie de célibataire à Edo, il n’est pas exclu qu’il ait été un client régulier. Ses estampes témoignent de l’acuité de son attention aux détails...

(Voir également notre article : Yoshiwara, quartier des plaisirs et berceau de la culture d’Edo)

(Illustration de titre : une prostituée de Yoshiwara en tenue d’intérieur. Tirée du « Manuscrit Morisada » [Morisada mankô]. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

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Kobayashi AkiraArticles de l'auteur

Né en 1964 à Tokyo. Après avoir travaillé comme éditeur dans une maison d’édition, il devient indépendant en 2011. Il dirige actuellement Diranadachi, un bureau de production éditoriale, où il mène des projets de magazines de voyages ou d’histoire, des mooks, et écrit lui-même des articles.

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