La culture pop nippone se mondialise

Hatsune Miku, la diva virtuelle qui révolutionne la musique pop japonaise

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La scène musicale japonaise est aujourd’hui prise d’assaut par des artistes d’un genre nouveau qui utilisent Vocaloid, un logiciel de synthèse vocale, pour composer leurs chansons. La source de leur inspiration ? Une chanteuse virtuelle du nom de Hatsune Miku. Qui est-elle et comment les musiciens japonais l’utilisent-ils ? Retraçons les étapes qui ont jalonné l’évolution d’une véritable révolution musicale.

Un cercle vertueux de créations musicales grâce à la « Diva numérique »

Le succès retentissant de Hatsune Miku dépasse la sphère de la musique pour atteindre des créateurs de styles variés, notamment des illustrateurs, qui publient sur Internet de nombreuses représentations artistiques du personnage.

La plupart des compositeurs se servant de Hatsune Miku publient leurs chansons sur des sites de streaming tels que Niconico et YouTube, inspirant des artistes à créer des illustrations, qui à leur tour inspirent des animateurs à créer des clips vidéo. Parfois, d’autres compositeurs font des reprises ou reprennent la version originale en proposant une nouvelle chorégraphie. On peut même trouver des romans écrits à partir des paroles de ces chansons. C’est ainsi que s’est développée une chaîne créatrice puisant son énergie dans la collaboration, les reprises et les remix (version revisitée d’un morceau).

Crypton Future Media a joué un rôle important dans la promotion et la diffusion de ses œuvres secondaires. Grâce à un système de licence similaire aux logiciels open source, ses personnages peuvent être librement utilisés par des particuliers pour un usage non lucratif, sans qu’elles aient à se soucier des droits d’auteur. L’entreprise a également mis en place Piapro, une plateforme en ligne permettant aux utilisateurs de poster leurs œuvres et d’échanger entre eux.

Lors de sa sortie, Hatsune Miku était souvent qualifiée de « Diva numérique », mais il faut préciser que ce n’est pas en tant que personnage d’anime qu’elle a connu le succès. Ce qu’on trouve au cœur de ce mouvement, c’est un phénomène culturel complètement nouveau porté par des artistes et créateurs s’inspirant mutuellement sur Internet.

C’est ainsi que les auditeurs ont commencé à prêter attention non seulement au personnage de Hatsune Miku, mais aussi aux musiciens derrière les chansons. La chanson Meruto, sortie en décembre 2007, en est l’un des premiers exemples. Publiée par l’artiste Ryo (Supercell), la chanson a eu un impact énorme sur les auditeurs de l’époque et a été jouée plus de 3 millions de fois en un an.

Outre l’original, les reprises chantées par d’autres utilisateurs gagnent alors en popularité, à tel point qu’à un moment le haut du classement des vidéos les plus visionnées de Niconico était uniquement constitué de Meruto et de reprises. Avec ce titre, Ryo (Supercell) s’est démarqué des premiers morceaux qui étaient surtout centrés sur le personnage de Hatsune Miku, tels que MikuMiku ni Shite Ageru et Koisuru Voc@ loid, en créant une chanson pop qui aurait pu être chantée par n’importe quelle idole japonaise.

Ses débuts avec une grande maison de disques en 2008 ont été le fruit de l’activité de ce nouveau mouvement, rapidement suivis par une variété de nouveaux artistes en 2009 et 2010 se faisant connaître sur Niconico, tels que Yonezu Kenshi, qui travaillait alors sous le nom de Hachi, et Wowaka, du groupe de rock Hitorie.

L’avènement des « enfants du Vocaloid »

Au cours des années 2010, cette tendance musicale continue de s’étendre, grâce notamment à Tell Your World de Livetune, un groupe dont fait partie KZ, un Vocaloid P produisant des morceaux depuis les premiers temps du mouvement. Initialement écrite pour une campagne publicitaire de Google Chrome, la chanson, sortie en mars 2012 et créditée « Livetune feat. Hatsune Miku », a pour thème le phénomène culturel créé par Hatsune Miku.

Hatsune Miku est synonyme de nouvelles possibilités : créer et collaborer au-delà des frontières régionales ou nationales grâce aux technologies numériques, s’exprimer et se mesurer aux autres artistes même en étant un inconnu, ou se faire connaître du monde entier depuis son ordinateur. Toutes ces nouvelles opportunités sont le résultat de la « révolution musicale » déclenchée par Hatsune Miku.

Hatsune Miku n’a pas été un succès éphémère car elle a été soutenue par un mouvement musical composé de nombreux créateurs. Aujourd’hui, le style a atteint une nouvelle génération, dont la première expérience de musique pop est du Vocaloid et non pas des chanteurs réels, soutenant la montée en puissance d’une nouvelle génération, celles des « enfants du Vocaloid ». Bien établie comme nouvelle forme unique de culture musicale japonaise, la scène Vocaloid devrait continuer de produire beaucoup de nouveaux artistiques doués dans les années à venir.

(Photo de titre : © Crypton Future Media, INC)

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