La station de recherche du mont Fuji : une mine d’or pour la science

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Kamogawa Masashi [Profil]

La station météorologique du mont Fuji, située à son sommet a été fermée en 2004 après 72 années d’observation ininterrompue des phénomènes atmosphériques. Depuis lors, la Station de recherche du mont Fuji, une institution sans but lucratif, loue tous les ans les bâtiments à des fins de recherche pendant deux mois de l’été. Son altitude élevée et l’absence de toute autre montagne aux alentours font du mont Fuji un endroit idéal pour un large éventail d’activités environnementales importantes.

Des données précieuses, mais une lutte acharnée pour le financement

Les données sur les émissions de gaz à effet de serre collectées à la SMRF par l’Institut national du Japon pour les études environnementales figurent parmi les plus précieuses au monde. Le sommet de la montagne s’insère dans la troposphère libre, la couche de l’atmosphère, située au-dessus de 1 500 mètres d’altitude, où le relief n’offre guère de résistance aux courants aériens. Cette situation en fait un endroit idéal pour observer et mesurer la pollution atmosphérique. Outre cela, son exposition soutenue aux vents d’ouest fait du mont Fuji un promontoire propice à la surveillance des conditions atmosphériques jusqu’aux confins de l’Extrême-Orient. C’est ainsi que les données qui y ont été collectées au fil des ans ont permis d’analyser l’impact que les activités industrielles de la Chine et l’agriculture sur brûlis de l’Indonésie ont sur la pollution atmosphérique dans la région. Bien sûr, la collecte des données peut aussi se faire par avion, mais il n’y a rien de mieux qu’un observatoire stationnaire pour effectuer un suivi de données en perpétuel changement. Des batteries et des panneaux solaires entretenus par les chercheurs pendant l’été permettent d’avoir accès aux données tout au long de l’année.

La webcam en direct la plus élevée du Japon est accessible en été. Elle fournit de précieuses données sur les formations nuageuses. Comme on le voit ici, la maintenance des installations de la station occupe une place importante dans les activités de la SRMF. (Photo fournie par l’auteur)
La webcam en direct la plus élevée du Japon est accessible en été. Elle fournit de précieuses données sur les formations nuageuses. Comme on le voit ici, la maintenance des installations de la station occupe une place importante dans les activités de la SRMF. (Photo fournie par l’auteur)

La collecte des données s’avère aussi d’une valeur inestimable pour la recherche sur les pluies acides et les particules fines PM 2,5. Mais la station abrite bien d’autres genres de recherche, notamment des études sur la médecine de haute montagne, l’entraînement physique, la foudre, les rayons cosmiques, l’astronomie et les télécommunications.

Malgré l’inscription du mont Fuji sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en dépit du fait que nombre des utilisateurs de la station sont des chercheurs appartenant à des institutions nationales, et nonobstant l’importance de la recherche qui y est menée, la SRMF doit se battre pour obtenir le financement dont elle a besoin. Ses quelque 45 millions de yens de coûts de fonctionnement sont couverts par les cotisations des utilisateurs, les dons et les subventions octroyées par concours. Faute de financement public ou de subvention de l’État, la collecte de fonds est un casse-tête permanent, et la SRMF est lourdement tributaire de la bonne volonté d’un grand nombre de personnes. Beaucoup de chercheurs mettent la main à la poche pour leurs propres dépenses. Et pourtant, il semble qu’il n’y ait jamais assez d’argent.

Ceci étant, tous les gens impliqués dans le fonctionnement de la station estiment qu’ils ne peuvent pas se permettre de trahir le dévouement de leurs prédécesseurs, ces individus audacieux qui, animés par une foi indéfectible en la valeur scientifique du mont Fuji, ont travaillé si dur et si longtemps pour faire aboutir leurs objectifs de recherche. La SRMF ne ménage aucun effort pour informer le public et lui faire prendre conscience du trésor que le mont Fuji représente pour la recherche scientifique sur les problèmes environnementaux auxquels le monde se trouve confronté.

(Photo de titre : la Station de recherche du mont Fuji au sommet de ce mont. Toutes les photos sont fournies par l’auteur)

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Kamogawa MasashiArticles de l'auteur

Physicien et chercheur dans le domaine des séismes, des tsunami et de la foudre. Né en 1971 à Yokohama. Professeur associé en charge des projets au Centre mondial pour la recherche asiatique et régionale de l’Université de Shizuoka, membre du conseil d’administration et directeur administratif de la Station de recherche du mont Fuji, membre du conseil d’administration de l’Unisec.

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