Fukuoka, ville portuaire historique du sud-ouest du Japon : des temps anciens jusqu’au XXIème siècle

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Du fait de sa position géographique au nord de l’île de Kyûshû, juste en face du continent eurasiatique, la ville de Fukuoka s’est développée au fil des siècles en jouant un rôle de première importance dans les échanges diplomatiques et commerciaux entre le Japon et le reste du monde. À l’heure actuelle, elle est la métropole régionale la plus active de l’Archipel, avec le taux de création d’entreprises le plus élevé du pays. Voici son histoire.

Les tentatives d’invasion de l’Archipel par les Mongols

Quand la dynastie mongole des Yuan (1279-1368) fondée par Kubilai Khan s’est emparée de la Chine, elle a organisé deux expéditions en direction du nord de l’île de Kyûshû avec l’intention d’envahir le Japon. Ces deux tentatives d’invasion se sont déroulées respectivement en 1274 et en 1281. Et à chaque fois, c’est la baie de Hakata qui a été visée. Après la première attaque, les Japonais ont construit une muraille de pierre sur le pourtour de la baie à laquelle ils ont donné le nom de Genkô bôrui, c’est-à-dire « rempart contre les Mongols ». À l’issue de la seconde tentative, qui s’est soldée elle aussi par un échec, le shogunat de Kamakura a installé sur place un « gouverneur chargé de la surveillance de l’ouest » (Chinzei tandai). C’est ainsi que Hakata est devenue une ville stratégique dans la politique du shogun.

Ces vestiges du « rempart contre les Mongols » (genkô bôrui) - construit par les Japonais sur le pourtour de la baie de Hakata, après la première tentative d’invasion de l’Archipel, de 1274 - se trouvent à Iki no matsubara, dans l’arrondissement de Nishi, à Fukuoka. (© Ville de Fukuoka)
Ces vestiges du « rempart contre les Mongols » (genkô bôrui), construit par les Japonais sur le pourtour de la baie de Hakata après la première tentative d’invasion de l’Archipel de 1274, se trouvent à Iki no matsubara, dans l’arrondissement de Nishi, à Fukuoka. (© Ville de Fukuoka)

Après les tentatives d’invasion infructueuses de l’Archipel par les Mongols, les bateaux de commerce ont continué à circuler entre le port de Hakata, celui de Ningbo, en Chine, et le royaume de Kôryô (Goryeo), dans la péninsule coréenne. La chute du shogunat de Kamakura, en 1333, n’a pas empêché la ville de continuer à prospérer en entretenant des relations commerciales avec la Chine des Ming (1368-1644), la Corée et le royaume des Ryûkyû (aujourd’hui dans la préfecture d’Okinawa). Les activités des marchands les plus puissants ont été si florissantes que l’on considère qu’entre le XIe le XVIe siècle, la ville a connu un véritable « âge d’or » du commerce.

Hakata n’en a pas moins été ravagée à de multiples reprises à l’occasion des conflits qui ont marqué l’époque des cours du nord et du sud (1336-1392) et celle des provinces combattantes (1467-1568). Au milieu du XVIe siècle, des seigneurs féodaux (daimyô) de premier plan sont entrés en conflit, chacun voulant exercer sa mainmise sur la ville et c’est dans ce contexte qu’en 1580, Hakata a été réduite en cendres. Six ans plus tard, Toyotomi Hideyoshi (1537-1598), un des artisans de l’unification du Japon, a rétabli la paix dans l’île de Kyûshû et rebâti la ville. Le plan d’urbanisation qu’il a élaboré à cette occasion a servi de base à la structure de l’arrondissement actuel de Hakata.

Deux villes jumelles

Après la bataille de Sekigahara où il s’est brillamment illustré, Kuroda Nagamasa (1568-1623) a été nommé daimyô de la province de Chikuzen, dans l’île de Kyûshû, par le shogun Tokugawa Ieyasu (1543-1616). Il a alors édifié un château à Fukuzaki, dans la partie ouest de Hakata (correspondant à l’actuel arrondissement de Chûô), et il a appelé l’endroit « Fukuoka » en référence aux liens qui unissaient sa famille à la ville de Fukuoka de la province de Bizen (actuelle préfecture d’Okayama). Il a ainsi donné naissance à deux agglomérations jumelles, à savoir la « ville au pied du château » (jôkamachi) de Fukuoka et le pôle d’échanges commerciaux florissant depuis plusieurs siècles de Hakata.

Aujourd’hui, ces deux localités historiques sont intégrées dans le tissu urbain de Fukuoka qui a acquis officiellement le statut de ville en 1889, alors qu’à l’époque sa superficie se limitait à 1,5 % de celle qui est la sienne à présent. Mais la distinction entre Fukuoka et Hakata n’a pas pour autant complètement disparu. Elle est même encore bien visible en particulier lors des fêtes qu’on y célèbre.

Les vestiges du château de Fukuoka construit au tout début du XVIIe siècle par le daimyô Kuroda Nagamasa (1568-1623). C’est à cet endroit que s’élevait également le « pavillon pour les hôtes étrangers » (kôrokan) qui a accueilli les messagers et les marchands venus du continent ainsi que les membres des ambassades et les moines envoyés par la cour impériale en Chine, durant l’époque de Heian (794-1185). (© Ville de Fukuoka)
Les vestiges du château de Fukuoka construit au tout début du XVIIe siècle par le seigneur Kuroda Nagamasa (1568-1623). (© Ville de Fukuoka)

La fête Gion Yamakasa de Hakata, qui a lieu chaque année du 1e au 15 juillet, attire d’énormes foules. Son point culminant est une impressionnante course de chars appelée oiyama qui commence le matin du dernier jour, avant le lever du soleil. Photo prise le 15 juillet 2019. (©Jiji Press)
La fête Gion Yamakasa de Hakata, qui a lieu chaque année du 1er au 15 juillet, attire d’énormes foules. Son point culminant est une impressionnante course de chars appelée « oi-yama » qui commence le matin du dernier jour, avant le lever du soleil. Photo prise le 15 juillet 2019. (Jiji Press)

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