Exploration de l’histoire japonaise

La période Jômon : la culture et la société japonaises à l’époque préhistorique

Histoire Culture

Yamada Yasuhiro [Profil]

Bien qu’elle fût constituée de chasseurs-cueilleurs, la population du Japon de la période préhistorique Jômon s’était dotée d’une société et d’une culture très sophistiquées, dont l’essentiel a été transmis aux habitants qui lui ont succédé sur l’archipel japonais. Un professeur nous emmène des milliers d’années en arrière et nous raconte.

Mort et renaissance

La période Jômon entretient un lien étroit avec la poterie. À l’occasion de fouilles des monticules funéraires d’Ômori, à Tokyo, effectuées à la fin du XIXe siècle, l’Américain E.S. Morse, qui a découvert les monticules, a trouvé des pièces de « poterie à motif cordé », selon l’expression qu’il a forgée, qui avaient été décorées en imprimant des cordes dans l’argile. En japonais, « motif cordé » se dit jômon, le mot qui a laissé son nom à la période de production de ce type de céramique. La poterie Jômon diffère selon le moment et l’endroit où elle a été produite. Il y a environ 5 000 ans, au milieu de la période Jômon, des modèles très élaborés tels que les vases kaen-gata (en forme de flamme), ôkan-gata (en couronne) et à motifs en spirale ont été créés à l’Est du Japon et intégrés dans l’usage quotidien. Dans le Tôhoku (nord-est du Japon) de la fin de la période Jômon, il y a 3 000 ans, est apparu un genre de poterie délicate et sophistiquée connue sous le nom de style Kamegaoka, mais une distinction était alors établie entre les pots grossièrement moulés destinés à la cuisson des aliments et les vases raffinés à usage rituel.

(Voir notre article lié : La céramique japonaise : une tradition vivante aux multiples visages)

Poterie ôkan-gata (en couronne), classée trésor naturel, provenant des fouilles du site Sasayama de Tôkamachi, dans la préfecture de Niigata (photo avec l’aimable autorisation du Musée municipal de Tôkamachi).
Poterie ôkan-gata (en couronne), classée trésor naturel, provenant des fouilles du site Sasayama de Tôkamachi, dans la préfecture de Niigata (photo avec l’aimable autorisation du Musée municipal de Tôkamachi).

Récipient à motifs en spirale provenant des fouilles de Morioka, dans la préfecture d’Iwate (Musée d’étude du site archéologique de Morioka)
Récipient à motifs en spirale provenant des fouilles de Morioka, dans la préfecture d’Iwate (photo avec l’aimable autorisation du Musée d’étude du site archéologique de Morioka).

La poterie était parfois utilisée pour l’inhumation des bébés morts peu après leur naissance. Dans certains cas, le moment de la naissance était représenté, avec la bouche de la mère à l’embouchure du vase et celle de l’enfant plus bas à mi-hauteur. D’où la théorie selon laquelle les gens de Jômon assimilaient les vases au sexe féminin et, en les utilisant pour l’inhumation des bébés, exprimaient le désir de les voir revenir à la vie. On pense que la culture Jômon croyait en la renaissance et la réincarnation.

Vase orné d’un motif représentant une naissance provenant des fouilles du site de Tsugane-goshomae, dans la préfecture de Yamanashi (Comité éducatif de Hokuto)
Vase orné d’un motif représentant une naissance, provenant des fouilles du site de Tsugane-goshomae, dans la préfecture de Yamanashi (photo avec l’aimable autorisation du Comité éducatif de Hokuto).

Suite > Les prières pour la fertilité

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Yamada YasuhiroArticles de l'auteur

Professeur au Musée national d’histoire du Japon, spécialiste des tombes et des structures sociales de la préhistoire, principalement pendant la période Jômon. Né à Tokyo en 1967. Titulaire d’un diplôme de sciences humaines de l’Université de Tsukuba. Professeur de littérature. Avant d’occuper ses fonctions actuelles, il a été conservateur du site archéologique et du Musée anthropologique de Doigahama et professeur à l’Université de Shimane.

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