Pourquoi tant de nationalités différentes dans l’équipe nationale japonaise de rugby ?

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Ôtomo Nobuhiko [Profil]

L’équipe du Japon de rugby se compose de joueurs venus des quatre coins du monde. Chacun d’eux défend le drapeau du pays du Soleil Levant pour des raisons qui lui sont propres, mais tous ont en commun la capacité de jouer au rugby à la japonaise. La proportion importante de ceux qui sont nés à l’étranger est le reflet de la diversité croissante de l’Archipel. Le 20 septembre dernier, les « Brave Blossoms » (« Les fleurs courageuses ») ont signé un bon début en Coupe du monde de rugby 2019, en battant la Russie 30 à 10.

Une capacité à s’adapter au « rugby japonais »

Le parcours de Michael Leitch a dû logiquement contribuer à le propulser à la tête de l’équipe du Japon de rugby, en tant que capitaine. Au bout du compte, la sélection de l’Archipel est vraiment japonaise, même si elle respecte la diversité des origines nationales et culturelles de ses membres.

Prenons par exemple le cas de Wimpie van der Walt né en Afrique du Sud. En raison de sa taille (1,88 m), il est considéré comme grand au Japon et petit dans son pays natal dont les habitants ont bien souvent des allures de géant, en particulier dans le domaine du rugby. Ses atouts sont une étonnante rapidité de récupération du ballon au sol et une grande force mentale qui lui permet de multiplier sans hésiter les contacts et les plaquages bas à répétition. Mais Wimpie van der Walt n’a jamais réussi à faire valoir ses qualités indéniables en Afrique du Sud. En revanche, il est très apprécié au Japon où l’enjeu consiste non pas à chercher à s’imposer par sa stature physique mais en surmontant le « handicap » de la taille.

La sélection japonaise est pleine d’histoires similaires à celle de Wimpie van der Walt. Les quinze postes différents d’une équipe de rugby offrent à chaque joueur l’occasion de briller à sa façon sur le terrain.

Au cours de la Coupe du monde de rugby de 2015, qui s’est déroulée en Angleterre, Michael Leitch (à gauche) a occupé le poste de capitaine de l’équipe du Japon. Celle-ci a obtenu de très bons résultats en phase de poule avec trois victoires et une seule défaite. Michael Leitch a ensuite quitté la sélection nippone pendant un certain temps puis repris ses fonctions de capitaine en 2017. (Photo : Ôtomo Nobuhiko)
Au cours de la Coupe du monde de rugby de 2015, qui s’est déroulée en Angleterre, Michael Leitch (à gauche) a occupé le poste de capitaine de l’équipe du Japon. Celle-ci a obtenu de très bons résultats en phase de poule avec trois victoires et une seule défaite. Michael Leitch a ensuite quitté la sélection nippone pendant un certain temps puis repris ses fonctions de capitaine en 2017. 

Les mérites de la diversité

Michael Leitch avoue qu’il dit souvent à sa petite fille de cinq ans que la différence est une bonne chose. « On n’est absolument pas obligé de se comporter comme tout le monde. On a tout intérêt à essayer de faire les choses autrement. Et il n’y a aucune raison de s’en inquiéter », précise-t-il.

Le capitaine des Brave Blossoms ne fait pas bien entendu référence à de simples différences entre Japonais et non-Japonais. Ce qu’il veut dire, c’est que chaque personne a un caractère qui lui est propre et qu’elle est unique. Nous avons besoin d’individus avec des points de vue différents. Si une façon de procéder cesse de fonctionner, nous pouvons en choisir une autre qui pourra déboucher sur une solution et marquer le point de départ d’une nouvelle ère. Quand des individus avec des perspectives et des idées différentes arrivent à joindre leurs forces, ils sont en mesure de faire face à de puissants adversaires qu’ils n’auraient jamais pu combattre seuls. Voilà en quoi consistent les mérites de la diversité.

À l’occasion de la Coupe du monde de rugby 2019, les Brave Blossoms vont devoir à coup sûr unir leurs forces pour affronter les formidables équipes qui les attendent et ce faisant, montrer tout ce qu’ils doivent à leur diversité.

(Photo de titre : Michael Leitch [au centre] lors du test match qui a opposé l’équipe du Japon à celle de l’Angleterre en novembre 2018 au stade de Twickenham, près de Londres. Les Japonais ont été battus par les Anglais sur le score de 15 à 35. Photos : Ôtomo Nobuhiko, sauf mention contraire)

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Ôtomo NobuhikoArticles de l'auteur

Journaliste sportif. Né en 1962 à Kesennuma, dans la préfecture de Miyagi. Diplômé de l’Université Waseda. Travaille en tant que reporter spécialiste du rugby pour le journal Chûnichi Sports de Tokyo tout en écrivant des articles pour d’autres périodiques, notamment Sports Graphic Number et Rugby Magazine. Auteur de nombreux ouvrages sur le rugby dont « Le Rêve de Kamaishi » (Kamaishi no yume) et « Un Esprit immuable » (Fudô no tamashii).

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