Pourquoi tant de nationalités différentes dans l’équipe nationale japonaise de rugby ?

Sport Événement

L’équipe du Japon de rugby se compose de joueurs venus des quatre coins du monde. Chacun d’eux défend le drapeau du pays du Soleil Levant pour des raisons qui lui sont propres, mais tous ont en commun la capacité de jouer au rugby à la japonaise. La proportion importante de ceux qui sont nés à l’étranger est le reflet de la diversité croissante de l’Archipel. Le 20 septembre dernier, les « Brave Blossoms » (« Les fleurs courageuses ») ont signé un bon début en Coupe du monde de rugby 2019, en battant la Russie 30 à 10.

Pourquoi y a-t-il autant de joueurs d’origine étrangère dans l’équipe du Japon de rugby ?

Les joueurs sélectionnés dans le cadre de la Coupe du monde de rugby ne sont pas tenus d’avoir la nationalité du pays qu’ils représentent, contrairement à ce qui se passe pour les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football.

En vertu de l’article 8 du règlement du World Rugby, l’instance internationale en la matière, pour pouvoir faire partie d’une sélection nationale, un rugbyman doit obligatoirement être né dans le pays concerné ou avoir un parent ou un grand-parent qui soit dans ce cas. S’il ne remplit pas cette condition, il faut qu’il ait préalablement résidé sur place pendant plus de trois années d’affilée avant la date du match. Par ailleurs, il ne doit avoir à son actif aucune sélection avec une autre nation, que ce soit dans l’équipe A ou B de rugby à XV.

Voilà pourquoi des joueurs originaires de pays différents peuvent se retrouver au sein d’une même équipe, porter le même maillot et chanter le même hymne national avant le début d’un match de rugby.

Pour Michael Leitch, ce système a de grands mérites pour les Japonais. « Dorénavant, le Japon va devoir construire son avenir avec des gens venus d’autres pays. Je crois que son équipe nationale de rugby est un bon modèle de ce qu’il faut faire et qu’elle est porteuse d’un précieux message. »

Il y a d’autres disciplines sportives où les couleurs du Japon ont été brillamment défendues par des athlètes élevés en dehors de l’Archipel ou dont l’un des parents n’était pas Japonais. Mais dans le cas de l’équipe nationale de rugby, la diversité des origines nationales et culturelles de ses membres est telle que les choses ont pris une toute autre dimension.

Pour prendre la mesure de l’importance de ce phénomène, il suffit de considérer la composition de la sélection japonaise qui a participé au stage d’entrainement intensif organisé dans la préfecture de Miyazaki (île de Kyûshû) du 9 juin au 17 juillet dernier. Koo Jiwon est originaire de Corée du Sud, alors que Wimpie van der Walt, Grant Hattingh et Pieter Labuschagne sont tous les trois des Sud-Africains. Hendrik Tui est, quant à lui, né en Nouvelle-Zélande et diplômé de l’Université Teikyô de Tokyo. Il a acquis la nationalité japonaise tout comme Timothy Lafaele qui a vu le jour dans les îles Samoa, vécu en Nouvelle-Zélande et fait des études à l’Université Yamanashi Gakuin. Et il en va de même pour Uwe Helu, originaire de Tonga et diplômé de l’Université Takushoku de Tokyo, et Anise Samuela, né dans les îles Fidji. 

La « meute des loups » (wolf pack), le groupe de joueurs de la sélection japonaise qui a participé aux matchs de préparation de la Coupe du monde de rugby 2019.  Avec au premier rang à droite, Pieter Labuschagne et au centre, Michael Leitch, le capitaine de l’équipe nippone. (Jiji Press)
La « meute des loups » (wolf pack), le groupe de joueurs de la sélection japonaise qui a participé aux matchs de préparation de la Coupe du monde de rugby 2019. (Jiji Press)

La sélection nippone comprenait aussi des rugbymen ayant joué dans d’autres pays avant d’opter pour le Japon. C’est le cas de Lomano Lava Lemeki. Issu d’une famille de Tongiens ayant émigré en Nouvelle-Zélande, il a grandi en Australie puis s’est installé en tant que joueur professionnel de rugby dans l’Archipel où il a épousé une Japonaise et acquis la nationalité nippone. William Tupou, né lui aussi en Nouvelle-Zélande de parents originaires des îles Tonga, a pour sa part joué dans la ligue de rugby à XIII de l’Australie et pour l’équipe nationale tongienne avant son arrivée au Japon.

Au total, près de la moitié (20 sur 41) des participants du stage d’entrainement intensif de Miyazaki sont nés en dehors de l’Archipel. Une partie d’entre eux ont grandi au Japon ou s’y sont installés très tôt. Certains sont des citoyens japonais, d’autres pas. Mais quelle que soit leur nationalité, ils sont tous également bienvenus en tant qu’équipiers de la sélection nippone. L’équipe du Japon de rugby est une véritable incarnation de la diversité.

Suite > Un choix très difficile pour Michael Leitch

Tags

événement étranger sport rugby

Autres articles de ce dossier