
Inoue Naoya, le « monstre » de la boxe japonaise
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L’ascension d’Inoue Naoya, le n°1 de la boxe professionnelle au Japon aujourd’hui est décidément irrésistible. Il est l’actuel détenteur des titres de champion du monde poids coq de la World Boxing Association (WBA) et de l’International Boxing Federation (IBF). 19 combats, 19 victoires dont 16 KO. Jamais battu. Surnommé « le monstre ». Depuis son impressionnante victoire par KO lors du combat pour le titre mondial, son appréciation n’a cessé de croître à l’étranger. Le très renommé magazine américain The Ring, qui fait autorité en la matière, le classe 4e boxeur mondial actuel de son classement Pound For Pound (« toutes catégories de poids confondues »).
Domination technique dans tous les compartiments du combat
La force d’Inoue réside dans sa puissance de frappe, sa vitesse et son niveau technique hors pair. Son style est extrêmement orthodoxe. Ce n’est pas lui qui va jouer de techniques louches ni d’envolées non-conventionnelles sur le ring. Il est le boxeur par excellence qui se définit par des gestes techniques basiques, mais portés à leur plus haut niveau de perfection.
Yamanaka Shinsuke, ancien champion du monde WBC, lui aussi en poids coq, explique :
« Inoue peut mettre son adversaire KO avec n’importe quel coup de poing : droit, crochet, haut, du droit comme du gauche. Pour dire les choses plus exactement, il est capable de se mettre dans la position idéale pour frapper tous les coups avec un maximum d’efficacité. La boxe, c’est le jeu de jambes, les enchaînements, éviter les coups de l’adversaire. Mais dès que vous bougez, vous mettez votre équilibre en danger. De façon générale, il est difficile de mettre de la puissance dans un coup en l’asseyant solidement sur le poids de tout son corps. Inoue, lui, le fait sans problème. C’est là où il est vraiment remarquable. »
En outre, Inoue excelle à anticiper les mouvements de ses adversaires. Certains spécialistes disent de lui : « Il est comme un maître des arts martiaux traditionnels. »
À priori, ces atouts font d’Inoue un génie de la boxe. Et pourtant, son père et entraineur, Inoue Shingo, ne le voit pas comme ça.
« Parler de génie, c’est ne regarder que le résultat. Naoya n’est pas du tout un génie. C’est parce que je lui ai répété cent fois la même chose depuis qu’il est tout petit, c’est à force d’entraînement, parce qu’il a répété et répété les gestes qu’il n’arrivait pas à faire, qu’aujourd’hui il a acquis cette compétence. »
Son père lui a appris les bases et l’indépendance
Inoue avait 6 ans quand il a commencé la boxe. À l’époque, son père s’entraînait pour participer à des compétitions de boxe amateur. C’est en le voyant qu’il a dit à son père : « Moi aussi, je veux boxer. »
Pour l’entraînement de Naoya, son père a axé son enseignement uniquement sur les fondamentaux. Ce qu’il n’arrivait pas à faire, il le lui a fait répéter autant de fois que nécessaire jusqu’à ce qu’il y arrive. Quel que soit le sport, il n’y a rien de plus difficile que de faire les choses évidentes comme si elles étaient évidentes. Mais dans la famille Inoue, on les a poussées à un degré d’exigence et de perfection inégalé. Aujourd’hui encore, alors qu’il est au sommet de la boxe professionnelle, Inoue inclut toujours les mouvements de base dans sa routine. Il n’y a pas de perfection sans constance dans l’effort, c’est clair.
Inoue Naoya, le 3 mai 2019, en plein entraînement dans le centre de boxe Ôhashi, à Yokohama (Jiji Press)
Il est également évident que l’une des clés du succès d’Inoue Naoya vient de ce que son père Shingo a toujours respecté l’indépendance de ses enfants. Déjà, comme il le déclare lui-même : « Je n’avais jamais pensé faire pratiquer la boxe à mes enfants. »
Ce que Naoya confirme : « Je n’ai jamais eu le sentiment que mon père me forçait à boxer. Un jour, lors d’un tournoi, j’étais collégien à l’époque, j’ai vu un boxeur se faire crier dessus et se faire frapper par son entraîneur. Ça m’a choqué. C’est un coup à vous faire détester la boxe, non ? Alors que vous l’avez justement commencé parce que vous aimiez... On ne continue pas, quand on est traité comme ça. »
C’est parce que c’est la voie qu’il avait lui-même choisie qu’il a pu poursuivre malgré la sévérité du coaching de son père.