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Et ainsi était né le Walkman, le premier baladeur à cassettes

Technologie Culture Musique

Sony a mis en vente son premier « Walkman » (TPS-L2)  le 1er juillet 1979. Ce lecteur de cassettes portable complètement révolutionnaire a ouvert la voie aux baladeurs CD, aux téléchargements de musique et aux services de streaming gratuits des smartphones. Et dès sa deuxième version, commercialisée en 1981, le succès a été planétaire.

Une invention due en grande partie au hasard...

Le tout premier Walkman de Sony exposé au siège de l’entreprise, à Tokyo. Photo prise en juin 2019.
Le tout premier Walkman de Sony exposé au siège de l’entreprise, à Tokyo. Photo prise en juin 2019

Le premier Walkman (TPS-L2) a été mis sur le marché en 1979, pour un prix de 33 000 yens (environ 270 euros). L’appareil se signalait par son élégant décor bicolore, à la fois bleu et gris métallisé.
Le premier Walkman (TPS-L2) a été mis sur le marché en 1979, pour un prix de 33 000 yens (environ 270 euros). L’appareil se signalait par son élégant décor bicolore, à la fois bleu et gris métallisé.

La notice qui accompagnait le premier walkman de Sony a été conçue comme une petite revue dotée d’illustrations et d’explications vivantes et détaillées.
La notice concernant le premier Walkman de Sony a été conçue comme une petite revue dotée d’illustrations et d’explications vivantes et détaillées.

Le premier baladeur à cassettes a été fabriqué à seulement 30 000 exemplaires. C’est dire à quel point Sony ne s’attendait pas à ce qu’il ait un succès aussi foudroyant. À l’époque, on considérait que la musique s’écoutait chez soi avec une chaîne stéréo installée dans la salle de séjour. Et la firme japonaise a dû longuement réfléchir à la stratégie qu’il fallait adopter pour lancer un produit d’une conception aussi nouvelle.

Le Walkman de 1979 a, semble-t-il, été conçu à partir du Pressman, un petit magnétophone portable à cassettes que Sony destinait aux journalistes, comme son nom l’indique. C’est en tout cas de cette façon que le site Internet de la firme japonaise explique les circonstances de sa mise au point. Ibuka Masaru, président honoraire de Sony, aurait demandé à ce que l’on transforme le Pressman de façon à ce qu’il puisse écouter de la musique en avion, lors de ses voyages d’affaires.

L’ingénieur Kuroki Yasuo assumait alors la direction de l’équipe de R&D, ce qui lui a valu plus tard le surnom de « Mister Walkman ». Dans un livre intitulé « La planification, façon Walkman » (Walkman-ryû kikaku jutsu), il raconte ce qui suit. «  Au départ, il n’y a eu aucun projet clairement formulé de création et de mise en vente d’un ‘Walkman’. Des jeunes ingénieurs se sont simplement amusés à mettre au point un lecteur de cassettes portable, pour voir ce que cela donnerait. Mais cet appareil ne figurait pas au programme des futurs produits du département des magnétophones. L’histoire du Walkman est donc d’autant plus fascinante qu’il n’a pas fait l’objet d’une planification. »

Ôsone Kôzô, un autre ingénieur R&D de Sony, a confirmé la version de Kuroki Yasuo au cours de divers interviews. D’après lui, des chercheurs ont mis au point un premier appareil pour le plaisir et ce n’est qu’après que celui-ci a attiré l’attention de la direction. Cette version des faits semble la plus proche de la vérité. La mise au point du premier baladeur à cassettes n’a demandé que quatre mois, un délai exceptionnellement court pour l’époque, même si le Walkman a repris et adapté une grand partie des équipements du Pressman.

Le magnétophone portable Pressman (à gauche) et le premier Walkman (TPS-L2) se ressemblent beaucoup.
Le magnétophone portable Pressman (à gauche) et le premier Walkman (TPS-L2) se ressemblent beaucoup.

Avant de mettre en vente son premier walkman, Sony a organisé une démonstration pour la presse, dans le parc Meiji de Tokyo. Il s’agissait de prouver que l’on pouvait facilement se déplacer et s’activer en utilisant le walkman. Des baladeurs avec des cassettes de musique et d’enregistrements ont été mis à la disposition des journalistes pour qu’ils puissent faire l’expérience par eux-mêmes.
Avant de mettre en vente son premier Walkman, Sony a organisé une démonstration pour la presse, dans le parc Meiji de Tokyo. Il s’agissait de prouver que l’on pouvait facilement se déplacer et s’activer en utilisant le Walkman. Des baladeurs avec des cassettes de musique et d’enregistrements ont été mis à la disposition des journalistes pour qu’ils puissent faire l’expérience par eux-mêmes.

En juillet 1979, les ventes du Walkman n’ont pas été très concluantes, mais aussitôt après, elles ont décollé au point qu’en moins de trois mois les 30 000 premiers exemplaires ont trouvé preneur. Et l’appareil a continué sur sa lancée l’année suivante. En avril 1980, le quotidien Nikkei Sangyô Shimbun a révélé que la production mensuelle de 20 000 Walkman n’était pas suffisante pour couvrir la demande. Le nombre total des ventes pour les sept premiers mois s’est élevé à 140 000. Mais ce n’était qu’un modeste début par rapport au phénomène de société que ce baladeur allait devenir par la suite.

Le 10 janvier 1981, un article du quotidien Nikkei a attiré l’attention des lecteurs sur les étudiants qui écoutaient de la musique sur leur baladeur y compris juste avant de se présenter à l’examen d’entrée à l’université. Comme l’explique Kuroki Yasuo dans son livre mentionné ci-dessus, la vogue du lecteur de cassettes portable chez les jeunes japonais a fait l’objet de vives critiques. « Les adultes ont reproché au Walkman d’encourager ses utilisateurs au narcissisme en les coupant du monde extérieur et ils ont commencé à déplorer la multiplication des cas d’individus repliés sur eux-mêmes. »

Suite > Un succès foudroyant dans le monde

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