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Comment fabriquer des Japonais ?Une réponse avec « The Making of Japanese », d’Ema Ryan Yamazaki

Éducation Société Cinéma Personnages

Les Japonais sont-ils « fabriqués » à l’école primaire ? En quoi l’éducation y est-elle différente qu’en Occident par exemple ? Le documentaire « The Making of Japanese » a été réalisé par Ema Ryan Yamazaki, elle-même en recherche de son identité de Japonaise.

Ema Ryan Yamazaki YAMAZAKI RYAN Ema

Réalisatrice de films documentaires, née en 1989 à Kobe, Japon. Diplômée du département de production cinématographique de l’université de New York (États-Unis). Elle a commencé sa carrière en tant qu’assistante monteuse du réalisateur Sam Pollard et a produit en 2017 Monkey Business : Les aventures des créateurs de Georges, le petit curieux, qui retrace la vie de H.A. et Margret Rey, les auteurs de Georges le petit curieux, une populaire série d’albums illustrés et dessins animés pour les enfants. Parmi ses autres films, citons aussi Le Kôshien, dans le lointain : Le stade de tous les rêves (2020).

Compassion, aide et responsabilité

Le documentaire présente également des scènes qui pourraient en étonner plus d’un. Par exemple, celle de l’écolier délégué de la semaine qui vérifie que les chaussures d’intérieur sont bien placées dans le placard. Ou bien le moment où les élèves s’entraînent à marcher et bouger de la bonne manière en amont de la cérémonie de remise des diplômes. Notons aussi la scène où, lors d’une session de formation pour les enseignants, un professeur d’université donne une conférence dans laquelle il souligne que « l’esprit de groupe et la coopération exigées par l’éducation japonaise ne sont pas seulement une bonne chose, c’est une arme à double tranchant ».

Yamazaki déclare néanmoins : « Les écoles primaires japonaises sont excellentes dans le respect de l’esprit d’entraide et de compassion, à l’écoute des soucis des écoliers autour de soi comme s’il s’agissait des siens. C’est le plus grand message de ce film », souligne-t-elle.

« En fait, les spectateurs dans les autres pays ont été tellement impressionnés par mon documentaire que j’ai entendu de nombreuses personnes dire que les enfants japonais étaient extraordinaires. En Finlande, le film est devenu une sorte d’ouvrage de référence pour la construction de la communauté. Il a donné l’occasion d’une remise en question de l’éducation locale, et j’ai senti que derrière cela se cachait le sentiment qu’ils pourraient s’inspirer de la façon de faire des Japonais, car de plus en plus d’enfants ne pensent qu’à eux-mêmes en raison des valeurs de liberté qui ont été promues jusqu’à présent ».

La projection du documentaire en Finlande © Cineric Creative / NHK / Pystymetsä / Point du Jour
La projection du documentaire en Finlande © Cineric Creative / NHK / Pystymetsä / Point du Jour

Table ronde en Finlande lors de la projection © Cineric Creative / NHK / Pystymetsä / Point du Jour
Table ronde en Finlande lors de la projection © Cineric Creative / NHK / Pystymetsä / Point du Jour

Lors de projections à l’étranger, Yamazaki a été très surprise par la réaction des spectateurs envers l’épisode du ramassage des ordures par les supporters de l’équipe japonaise lors de la Coupe du monde de football.

« Partout où je suis allée, le film a été interprété comme étant l’explication derrière l’habitude des supporters japonais de ramasser les déchets après un match, comme si cette scène était célèbre dans le monde entier. Les étrangers se font une image des Japonais comme propres et professionnels. »

Quelles sont les caractéristiques comportementales des Japonais ? Au cours des interviews et du tournage du film, qui quelque part s’est superposé à une recherche d’elle-même, Yamazaki a été particulièrement impressionnée par l’idée du sens des responsabilités.

« Les écoliers japonais se voient confier des responsabilités à l’école dès leur plus jeune âge. Ils sont chargés d’ouvrir les fenêtres de la classe, de préparer le déjeuner, faire le ménage, etc. Je pense que le sens des responsabilités, qui consiste à s’acquitter correctement du rôle qui lui est assigné, fait partie de l’ADN de chacun. Dans la société japonaise d’aujourd’hui, il y a des cas où cela fonctionne de manière positive, mais d’un autre côté, il y a aussi des gens qui sont tourmentés par ces tâches qui leur sont imposées. »

« En dehors du Japon, chaque culture traite les enfants à sa manière et ne leur donnent pas nécessairement ce genre de responsabilités. C’est pourquoi les étrangers sont très surpris lorsqu’ils voient des programmes télévisés comme Comme des grands (Hajimete no otsukai) où de très petits enfants doivent se rendre seuls pour effectuer une course que leurs parents leur ont confiée, suivis en caméra. La responsabilité est l’un des mots clés lorsqu’on parle du Japon. Il y a du bon et du mauvais, mais je pense que les aspects positifs sont énormes. »

(Interview de Ishii Masato, de Nippon.com. Photos d’interview : Hanai Tomoko)

Le film

Bande-annonce

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