La culture pop nippone se mondialise

Les 50 ans de Hello Kitty : comment Sanrio est devenu une entreprise mondiale

Divertissement

Hello Kitty a fêté son 50e anniversaire en 2024. Le personnage est tellement populaire que lorsque Sanrio avait publié « l’explication officielle », selon laquelle Kitty « n’était pas un chat mais une petite fille, née à Londres », l’information avait fait le tour du monde. Comment expliquer une telle notoriété pendant si longtemps ?

Plus de 30 ans de succès à l’étranger

Contrairement à ses bonnes performances au Japon, l’entreprise a connu des difficultés à l’étranger : en 1974, Sanrio a créé une filiale aux États-Unis et s’est activement développée en Europe et en Asie, et s’est même impliquée dans la production de films à Hollywood. Cependant, en 1986, lorsque Shintarô a envoyé son fils Kunihiko diriger la filiale américaine, le déficit cumulé atteignait 3,6 milliards de yens. Kunihiko a parcouru le continent avec une valise remplie de catalogues et de produits pour développer le réseau des points de vente.

Les débuts de Hello Kitty aux États-Unis ont été marqués par le fait que la distribution des produits Sanrio s’effectuait au travers de ses boutiques Gift Gate, qui atteignaient les villes intérieures et régionales où les divertissements étaient rares. La mémoire collective des enfants enthousiasmés par les « accessoires kawaii du Japon » s’est accumulée pendant plusieurs générations, et cette image a pénétré le marché américain en profondeur.

À la fin des années 2000, l’entreprise a commencé à développer et à concevoir localement des produits pour le marché américain. Des collaborations avec des marques de bijoux, de cosmétiques et de vêtements de luxe ont également été encouragées. Des célébrités américaines telles que Mariah Carey, Paris Hilton, Katy Perry et Lady Gaga ont embrayé sur cette « innovation en matière de design ». Elles se souvenaient avoir adoré les accessoires kawaii de Sanrio lorsqu’elles étaient petites filles dans les années 1980-90.

La collaboration entre Kitty et des marques de luxe telles que LVMH et Swarovski a permis aux adultes de continuer à aimer et à montrer les personnages sur lesquels ils avaient craqué lorsqu’ils étaient enfants. L’arrivée de l’ère des réseaux sociaux, combinée à la présence de people portant des produits sous licence, a permis aux gens d’exprimer leur amour pour Kitty et de répandre cette nouvelle attirance pour Kitty.

Chiffres d’affaire par région et taux de ventes à l’étranger de Sanrio

Sanrio est aujourd’hui présent dans plus de 130 pays et territoires. En 2004, année du 30e anniversaire de la naissance de Kitty, les ventes à l’étranger ont dépassé les 10 milliards de yens, et 10 ans plus tard, en 2014, elles dépassaient les 30 milliards de yens, le ratio des ventes à l’étranger par rapport aux ventes totales dépassant les 30 %.

Récupération en forme de victoire après une période de doutes

En 2013, Tsuji Kunio, le vice-président qui avait dirigé les activités de Sanrio à l’étranger, décède subitement à l’âge de 61 ans. Le petit-fils de Shintarô, Tomokuni, rejoint l’entreprise en janvier 2014, mais après avoir atteint son bénéfice d’exploitation le plus élevé au cours de l’exercice 2014, Sanrio a commencé à faire face à de mauvaises performances.

Depuis qu’il a repris le flambeau de la présidence de son grand-père en 2020, Tomokuni a remanié son conseil d’administration, recruté des talents extérieurs et abaissé l’âge moyen des membres du CA de 65 à 50 ans. Les réformes organisationnelles et structurelles, ainsi que les initiatives pour relancer la croissance, sont en cours.

Les nouvelles initiatives comprennent la promotion de plusieurs plateformes numériques, par exemple par l’entrée dans ROBLOX, une plateforme de jeux en ligne qui permet aux utilisateurs de créer et de partager leurs propres jeux vidéo en ligne, et l’utilisation de Virtual Puroland, un parc à thème dans le métavers.

Augmenter le « temps Sanrio » (le temps passé à jouer à des jeux et à regarder des vidéos de personnages Sanrio, ou encore à utiliser des produits des personnages dans la vie quotidienne) en étendant les licences au numérique est devenu l’objectif stratégique.

Le slogan qui résume la philosophie de l’entreprise, en japonais Minna nakayoku (« Tous amis »), était en anglais Small Gift, Big Smile (« Petit cadeau, grand sourire »). Aujourd’hui, il s’est changé en One World, Connecting Smiles (« Un monde, des sourires »), de façon à souligner l’importance de la communication pour connecter les sourires du monde entier.

Pour Sanrio, l’essentiel était de pouvoir garder ses personnages « entourés de sourires amicaux » en les concédant sous licence à des entreprises d’autres secteurs. La clé du succès résidait dans le fait d’avoir fait évoluer la manière d’octroyer des licences en fonction de l’évolution de l’époque.

Comment se fait-il qu’un personnage qui n’est même pas doté d’une bouche, sans aucune présence dans les mangas et les animes, et n’ayant aucune intrigue vraiment développée, a réussi à maintenir une forte présence au Japon et à l’étranger depuis 50 ans ? L’explication, en fin de compte, tient dans sa simplicité. C’est précisément parce que dans cette époque où les contenus sont pléthoriques, les personnages kawaii qui ne sont pas envahissants possèdent une capacité à apaiser les cœurs. Et ils continuent de stimuler l’imagination des personnes de tous âges.

(Photo de titre : le stand du 50e anniversaire de Hello Kitty au Japan Festival de São Paulo, en juillet 2024. © Kyodo News Images)

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