Les 60 ans du Shinkansen

Le Shinkansen est-il vraiment le meilleur train à grande vitesse du monde ?

Technologie

Umehara Jun [Profil]

Le Shinkansen a été le premier train à grande vitesse au monde à être mis en service, avant d’être suivi par un certain nombre de trains concurrents. Quels sont les avantages du Shinkansen par rapport à eux ? Un journaliste spécialisé dans les chemins de fer explique.

Des performances environnementales qui deviendront des standards mondiaux

Ce n’est donc pas comme si le Shinkansen allait bientôt être dépassé par les trains à grande vitesse chinois et que sa supériorité technologique appartenait au passé. Le Japon est un petit pays avec un grand nombre d’habitants, et les normes du Shinkansen en matière de bruit et de vibrations sont extrêmement strictes. Ses performances environnementales sont inégalées par tout autre train à grande vitesse.

Les valeurs standard pour le bruit sont de moins de 70 décibels (dB) dans les zones résidentielles, ce qui équivaut au bruit d’un aspirateur en marche, et de moins de 75 dB dans les zones commerciales et industrielles, soit le bruit d’une salle de bowling. Les vibrations, en tout lieu, doivent être inférieures à 70 dB, ce qui équivaut à la perception d’un tremblement de terre d’intensité 2 sur l’échelle japonaise shindo, c’est-à-dire : « ressentie par une majorité de personnes se trouvant tranquillement à l’intérieur ».

Pour lutter contre le bruit et les vibrations, les maisons situées le long de la ligne ont été insonorisées et traitées contre les vibrations, et divers murs insonorisants technologiquement avancés ont été installés le long des voies. Pour réduire les vibrations, les rails ont été remplacés par des rails plus lourds et plus robustes, soudés entre eux pour éliminer les joints. Les câbles aériens ont une tension plus lourde et plus forte que sur les lignes conventionnelles, car l’affaissement est source de bruit.

Voitures de train Shinkansen N700S (premier plan), et N700A en gare JR de Shin-Osaka, en juin 2020. (Jiji)
Voitures de train Shinkansen N700S (premier plan), et N700A en gare JR de Shin-Osaka, en juin 2020. (Jiji)

La forme « laide » des trains Shinkansen par rapport aux trains à grande vitesse d’autres pays s’explique. L’extrémité avant du train est maintenant gonflée à la base, avec une section aérodynamique qui occupe presque la moitié de la surface faciale de la voiture, au lieu de la forme plus élégante des trains précédents. Cela permet de réduire le bruit de claquement produit lorsque les voitures du Shinkansen poussent l’air hors du tunnel à grande vitesse. Les protections qui garnissent les pantographes sont un moyen ingénieux de réduire le bruit du vent provenant des pantographes, responsables de la moitié du bruit total.

Ces standards environnementaux des trains Shinkansen n’ont pas été appréciées à leur juste valeur dans le monde. Les mesures de contrôle du bruit et des vibrations répondant à des normes strictes semblent excessives pour de nombreux pays et sont souvent considérées comme un facteur d’augmentation des coûts lors de l’importation et de l’introduction des trains Shinkansen. Cependant, si l’on s’attend à ce que l’ouverture des lignes ferroviaires à grande vitesse entraîne une augmentation de la population et la formation de grandes conurbations, il est certainement rationnel d’introduire dès le départ un système permettant de réduire le bruit et les vibrations. Le jour viendra où le monde cherchera à atteindre les standards des Shinkansen en matière de pression environnementale.

(Photo de titre : la cérémonie d’ouverture du Shinkansen Tokaidô à la gare de Tokyo le 1er octobre 1964. Jiji)

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Umehara JunArticles de l'auteur

Journaliste spécialisé dans les chemins de fer. Né en 1965. Il travaille à la Banque Mitsui (aujourd’hui Sumitomo Mitsui Banking Corp.) et au département éditorial du Japan Railfan Magazine (Revue japonaise des fans du rail) puis devient indépendant en 2000. Parmi ses principaux ouvrages figurent JR wa ikinokoreru no ka (Japan Railways peut-il survivre ?), Vijuaru Nihon no tetsudô no rekishi (Une histoire visuelle des chemins de fer au Japon) et Teiji unkô o sasaeru gijutsu (la technologie à l’arrière-plan de la ponctualité). Membre du Comité informel de stratégie de gestion du métro de Fukuoka.

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