Le « kôji », ou le secret derrière les saveurs de la cuisine japonaise

Gastronomie

Maehashi Kenji [Profil]

La fermentation est un procédé répandu dans toutes les cuisines du monde. Elle tient cependant une place particulière dans la gastronomie nippone. Voyons de plus près le rôle essentiel du kôji dans l’alimentation et ses bénéfices sur la santé.

Un système immunitaire renforcé

Les condiments servent en général à harmoniser un plat. Cela peut paraitre simple quand il s’agit d’ajouter du sel ou du sucre. Ceux contenant du kôji ont non seulement leur propre saveur, complexe et unique, mais affectent également les ingrédients avec lesquels ils sont utilisés grâce aux enzymes, exacerbant leur goût.

Les sauces et bouillons développés dans les pays occidentaux sont un concentré d’umami extraits d’une variété d’ingrédients. Mais les condiments japonais à base de kôji sont produits avec un minimum d’ingrédients et se basent en grande partie sur la fermentation. La cuisine de l’Archipel est simple, mais nous permet de profiter de goûts riches en complexité grâce à cette méthode.

Une fois grillé avec le miso, les saveurs du poisson sont décuplées. (Pixta)
Une fois grillé avec le miso, les saveurs du poisson sont décuplées. (Pixta)

Par ailleurs, ill a été démontré que les composants produits lorsque les enzymes du kōji agissent sur les ingrédients sont un atout pour la santé.

Les composants résultant de la dégradation de l’amidon incluent glucose et oligosaccharides. Ils aident à réguler la flore intestinale, soulageant la constipation et la diarrhée, et participent ainsi à un système immunitaire plus fort, réduisant allergies et infections.

Les composants résultant de la dégradation des protéines, eux, contiennent des peptides aux structures diverses et fonctions variées : certains peuvent aider à réduire la pression sanguine quand d’autres sont anti-acides. La nourriture contient toujours des protéines à un certain degré, les plats contenant du kôji ont donc toujours ces peptides. Les mesurer demande des analyses complexes et du matériel spécialisé. Néanmoins, comme mentionné ci-dessus, plus la fermentation progresse et la saveur devient prononcée, plus la dégradation des protéines augmente, produisant davantage de peptides. La richesse du goût est donc un indice de leurs bienfaits sur la santé.

Les produits fermentés : plus c’est savoureux, plus ils sont bons pour la santé. (Pixta)
Les produits fermentés :plus c’est savoureux, plus ils sont bons pour la santé. (Pixta)

Préserver le futur de la culture du kôji

Kinshoku est un terme japonais qui désigne un régime alimentaire à base de fungus. Il fait référence à une alimentation riche en levures, champignons, moisissures, bactéries et autres micro-organismes, essentiellement à base de produits fermentés.

Ces aliments contiennent des cellules bactériennes de micro-organismes ou des métabolites produits par des micro-organismes, ainsi que d’autres composants issus des enzymes microbiennes.

Pour résumer, disons que la cuisine traditionnelle japonaise, et la nourriture japonaise en général, contiennent presque tout le temps des mets issus de la fermentation à base de kôji. Ils préservent ainsi la santé de leurs consommateurs grâce aux composants issus de la dégradation des ingrédients par les enzymes, en plus d’en améliorer le goût. Le peu de transformation nécessaire pour préparer les ingrédients renforce davantage l’aspect sain des repas.

Les aliments à base de kôji sont les piliers du régime alimentaire traditionnel et sain des Japonais, et bien que le washoku évolue avec le temps, j’espère que nous pourrons préserver la culture des aliments à base de kôji dans l’avenir.

(Photo de titre : Pixta)

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Maehashi KenjiArticles de l'auteur

Professeur au département de génie brassicole à la faculté de biologie appliquée de l’Université d’agriculture de Tokyo depuis 2016. Après son doctorat en agrochimie, il est assistant, maître de conférences puis professeur associé à la faculté de biologie appliquée. En 2003, alors maître de conférences, il fait partie d’une équipe de recherche travaillant sur la génétique du goût au Monell Institute for Chemical Senses basé aux États-Unis. Ses travaux de recherche portent sur le goût et les condiments fermentés.

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