Exploration de l’histoire japonaise

Kasuga no Tsubone, ou le rôle prépondérant des concubines du shogun Tokugawa

Histoire Culture

Kasuga no Tsubone a joué un rôle prépondérant dans la fondation du système des ôoku, dans lequel les concubines des shoguns de l’époque d’Edo (1603-1868) étaient garantes de la stabilité de la succession. Après avoir été la nourrice du troisième shogun Iemitsu, elle est devenue l’une des femmes les plus puissantes du royaume.

Tokugawa Iemitsu et les femmes de sa vie

En 1629, Ofuku a accédé au statut de courtisane et s’est désormais appelée Kasuga no Tsubone. Faisant office d’intermédiaire dans la recherche de concubines pour Iemitsu, Kasuga a amené au château d’Edo des femmes comme Ofuri, Oraku et Otama. Ofuri, qui a été la première à se trouver enceinte, a donné naissance à une fille en 1637. Iemitsu a en outre commencé à s’intéresser aux femmes déjà présentes dans le château, et il a entamé des relations avec Onatsu et Orisa, deux servantes de son épouse.

Nom (antécédents) Profil
Descendance
Oman (nonne au temple Keikô-in, Ise) À l’issue d’une audience avec Iemitsu, elle revint à la vie séculière et devint sa concubine.
Pas d’enfant. Aurait avorté, selon la rumeur, parce que d’aucuns craignaient que son statut de fille d’un noble de cour ne l’autorise à interférer dans le shogunat.
Ofuri (née dans la famille des Gamô, serviteurs du shogun) Amenée au chateau d’Edo par Tsubone, elle devint la maîtresse d’Iemitsu en 1636.
Sa fille Chiyohime a épousé plus tard le chef du domaine d’Owari (actuelle préfecture d’Aichi).
Oraku (issue d’une famille d’agriculteurs de la province de Shimotsuke, actuelle préfecture de Tochigi) Découverte par Tsubone alors qu’elle revenait d’une visite à Asakusa, et amenée au château d’Edo.
Son fils Takechiyo est devenu le quatrième shogun Ietsuna.
Onatsu (issue d’une famille de citadins de Kyoto) Était servante de Takako, l’épouse d’Iematsu, avant de devenir la maîtresse de celui-ci.
Son fils Chômatsu est devenu Tsunashige, le chef du domaine de Kôfu (actuelle préfecture de Yamanashi).
Otama (issue de la famille de l’intendant du régent) Servante d’Oman qui devint concubine d’Iematsu sur la recommandation d’Ofuku.
Son fils Tokumatsu est devenu Tsunayoshi, le cinquième shogun.
Orisa (peut-être issue de la famille d’un fonctionnaire de Kyoto) Était servante de Takako, l’épouse d’Iematsu, avant de devenir la maîtresse de ce dernier.
Son fils Tsurumatsu est mort à l’âge d’un an.
Omasa (fille du serviteur en chef du domaine d’Owari, actuelle préfecture d’Aichi) Tsunobe l’a fait entrer au château d’Edo.
Son fils Kamematsu est mort à l’âge de quatre ans.

Tableau établi par l’auteur en se basant sur des sources diverses

Les concubines d’Iemitsu ont par la suite donné naissance à cinq garçons. Deux d’entre eux sont morts dans leur prime enfance, mais deux autres allaient devenir shogun — Ietsuna et Tsunayoshi — et le cinquième prendre la direction du domaine de Kôfu (actuelle préfecture de Yamanashi).

En 1643 toutefois, au milieu de cette succession de naissances, Kasuga no Tsubone est morte de maladie. Auparavant, quand Iemitsu avait contracté la variole, on dit qu’elle avait juré de ne jamais pendre de médicaments, tout en priant pour sa guérison. Toujours est-il qu’elle refusa toute forme de traitement ou de médication, jusqu’à ce qu’Iemetsu l’en dissuade. Elle n’en décéda pas moins à l’âge de 64 ans.

Après sa mort, les revendications respectives brandies par les trois mères des fils d’Iemitsu ont semé le désordre dans la succession. Le système mis en place par Tsubone avait certes garanti le maintien de la succession au sein de la famille, mais il n’était pas en mesure d’empêcher ce genre de discorde.

(Photo de titre : portrait de Kasuga no Tsubone. Avec l’aimable autorisation de l’Institut d’historiographie, Université de Tokyo)

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