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Les râmen : nés en Chine, élevés au Japon et stars internationales

Gastronomie Culture

Les nouilles en soupe sont originaires de Chine. Mais c’est en arrivant au Japon qu’elles ont évolué en « râmen ». Cette évolution se poursuit encore aujourd’hui, fusionnant avec la culture culinaire et alimentaire japonaise, incorporant des éléments et des tendances du monde entier. Un journaliste gastronomique explique les raisons de la popularité toujours importante des râmen, et vante la saveur de son bouillon.

L’essor des râmen dans le monde aidé par la pop-culture nippone

Très vite, les râmen se sont ensuite répandus à l’étranger. Aujourd’hui, les restaurants de râmen sont courants dans de nombreux pays et régions d’Europe, Amérique et Asie. New York, par exemple, a connu un boom du râmen dans les années 2000 et on dit qu’il s’y trouve maintenant plus de cent restaurants de râmen.

L’un des pionniers de cette tendance a été l’établissement « Momofuku », ouvert en 2004 par un Américain d’origine coréenne, David Chang, qui a longuement étudié les râmen japonais. En 2008, « Ippûdô », fondé à Fukuoka, a ajouté l’option râmen au style de vie new-yorkais. La chaîne est également présente à Paris.

Plusieurs hypothèses sont en concurrence pour expliquer le fait que les râmen soient devenus si populaires à New York. L’une de ces hypothèses serait le mouvement « Cool Japan », par lequel la culture et le sens du service à la japonaise auraient gagné en popularité à l’étranger. Il n’est pas impossible en effet que les râmen se soient développés à l’étranger dans le même mouvement que la pop-culture japonaise, animés, mangas et jeux vidéo. De nombreuses personnes se sont intéressés aux râmen après les avoir vus mis en scène dans un animé ou un manga. L’image positive de la cuisine japonaise a certainement aidé.

La qualité du service et de l’accueil dans les restaurants de râmen a également contribué à leur popularité, en particulier, cela leur a permis d’acquérir le statut de véritables « restaurants », se distinguant ainsi des points de consommation de nouilles chinoises et autres plats asiatiques qui n’ont jamais dépassé la catégorie du « fast food », avec des marges et une qualité des ingrédients qui sont restées faibles. Les râmen, en revanche, reviennent chers, ce qui justifie un prix relativement élevé. Si les deux catégories sont en concurrence, les râmen ne pourront jamais gagner sur le terrain du prix, le seul moyen est donc d’augmenter la valeur ajoutée.

La moelle de porc donne naissance à l’umami, la cinquième saveur

Cela n’aurait évidemment pas été suffisant pour asseoir le succès des râmen dans une ville comme New York, sans un attrait particulier dans les menus eux-mêmes. Ce qui a attiré les papilles des habitants, c’est la soupe à la moelle de porc, aujourd’hui quasiment omniprésente dans les râmen de New York.

Le bouillon obtenu de la cuisson lente et prolongée des os de porc est riche en acide inosinique. Avec une sauce riche en acide glutamique provenant d’algues kombu et en acide guanylique provenant des champignons shiitake, un effet combiné produit un excellent goût, appelé umami. L’umami, considérée désormais comme la cinquième saveur, est la grande spécificité de la cuisine japonaise, difficilement réalisable par les autres traditions culinaires.

Cela explique qu’effectivement, les chaînes de râmen qui se sont développées à l’étranger, y compris « Ippûdô », proposent essentiellement une soupe à la moelle de porc. Dans les communautés où il n’est pas consommé pour raisons religieuses, le porc est remplacé par des os de poulets mijotés jusqu’à l’obtention d’une « soupe blanche au poulet ». Les râmen à soupe claire regagnent du terrain récemment, mais il semble bien que la soupe à la moelle de porc et la soupe blanche au poulet, opaques, ont joué un rôle essentiel dans l’adoption des râmen par les New-Yorkais.

La soupe à la moelle de porc est obtenue en faisant mijoter des os de porc jusqu’à obtention d’une émulsion blanche, ce qui en fait une base diététiquement riche. Aucune autre spécialité culinaire en sert plus de 30 cl, c’est pour cela que les râmen ont été longtemps considérés aux États-Unis et en Europe comme une soupe plutôt que comme un plat de nouilles. Alors qu’au Japon, de nombreux amateurs mangent seulement les nouilles et laissent le fond de soupe (un peu trop riche en sel !).

Jusqu’à présent, la grande majorité des restaurants de râmen à l’étranger sont une imitation des restaurants japonais. Mais récemment, des râmen originaux apparaissent dans divers pays, selon un processus qui n’est pas sans rappeler la façon dont les différents râmen régionaux se sont élaborés au Japon, ancrés dans les habitudes alimentaires propres à tel ou tel pays. Ce phénomène est appelé à s’amplifier dans l’avenir.

(Photo de titre : Pixta)

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Chine cuisine gastronomie ramen nouille

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