
Sankin kôtai : vérités et idées reçues sur le service en alternance à l’époque d’Edo
Les Cinq routes d’Edo : renforcer l’influence du centre du Japon
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Un moyen habile pour surveiller les seigneurs
Les Cinq routes avaient des largeurs différentes, comprises en cinq et neuf mètres environ, l’objectif militaire étant le premier critère retenu.
En 1659, des inspecteurs furent nommés pour gérer ces routes. Avec plusieurs casquettes, ils avaient également pour tâche de surveiller les daimyô. Ils informaient directement les fonctionnaires du shogunat, qui observaient de près les routes.
Avec l’établissement du système du sankin kôtai, les seigneurs féodaux étaient contraints de se rendre régulièrement à Edo pour y séjourner un certain temps et accomplir diverses tâches, avant de regagner leur fief de province. La largeur des cinq routes se prêtait parfaitement à leurs processions vers Edo, celles-ci s’apparentant davantage à des parades militaires. Et ce système de service en alternance convenait aussi parfaitement au shogunat qui voulait garder à l’œil les dirigeants régionaux. Les déplacements entre 20 heures et 4 heures du matin étaient en principe interdits. Même le retard d’un seigneur ne justifiait pas un déplacement la nuit. Les fortes dépenses entraînées par l’hébergement signèrent en partie la perte de pouvoir de ces grands seigneurs.
Les autres routes au Japon
Les Cinq routes s’étendaient jusqu’à Kyoto à l’ouest et Shirakawa au nord, ce qui était insuffisant pour couvrir tous les domaines. D’autres routes, plus petites, sillonnaient également le pays.
Routes secondaires
Nom | Longueur (km) | Description |
---|---|---|
Sendai-Matsumaedô (environ 86 stations postales) | 530 | Elle reliait Shirakawa à Minmaya dans la pointe nord de Honshû via Sendai, Morioka et Aomori. |
Mito Kaidô (20 stations postales) | 116 | C’était l’une des plus importantes routes secondaires, faisant le lien entre Senju à Edo et Mito (aujourd’hui dans la préfecture d’Ibaraki). L’actuelle route nationale 6 suit la route Sendai-Matsumaedô. |
Mikuni Kaidô (35 stations postales) | 198 | Elle commençait à Takasaki (aujourd’hui dans la préfecture de Gunma) sur la route de Nakasendô, pour se poursuivre jusqu’à Teradomari à Echigo (préfecture de Niigata). |
Hokkoku Kaidô (19 stations postales) | 130 | Elle reliait Oiwake sur la route Nakasendô à Naoetsu sur la route Hokurikudô. Utilisée pour les pèlerinages au temple Zenkô-ji à Nagano, on l’appelle également la route Zenkôjidô. |
Hokurikudô (environ 50 stations postales) | 480 | Elle longeait en grande partie le littoral de la mer du Japon depuis Naoetsu (préfecture de Niigata). Elle se dirigeait vers l’intérieur jusqu’à Toriimoto (préfecture de Shiga) sur la route de Nakasendô. |
Ise Kaidô (7–9 stations postales) | 74 | Relativement courte, cette route bifurquait à partir de la route du Tôkaidô et était empruntée par les pèlerins du Grand sanctuaire d’Ise. |
San’yôdô (50 stations postales) | 550 | Elle reliait Kyoto à Shimonoseki dans l’ouest de Honshû (préfecture de Yamaguchi). C’était une route très fréquentée notamment le long de la mer intérieure de Seto. |
San’indô (environ 31 stations postales) | 610 | Elle reliait également Kyoto à Shimonoseki, mais se trouvait le long de la côte de la mer du Japon. |
Le nombre de stations postales est parfois discuté. Les distances sont approximatives;
Jusqu’en 1700, les samouraïs du domaine de Kishû (aujourd’hui préfecture de Wakayama) empruntaient la route Ise Kaidô pour traverser Ise (aujourd’hui préfecture de Mie) avant de prendre la route du Tôkaidô pour se diriger vers Edo.
Dans le « Guide illustré du pèlerinage d’Ise » (Ise sangû meisho zue), est représentée une image d’un daimyô passant devant la gare de Seki-juku (aujourd’hui dans la préfecture de Mie) sur la route du Tôkaidô. Cette gare reliait la route principale et la route Ise Kaidô. Difficile de savoir réellement si le groupe était originaire de Kishû, mais la photo montre clairement les serviteurs d’un domaine se rendant à Ise Kaidô.
Images extraites du « Guide illustré du pèlerinage d’Ise » (Ise sangû meisho zue). On y voit le groupe d’un daimyô passant devant la gare postale de Seki-juku. Cette gare reliait la route du Tôkaidô à la route Ise Kaidô (avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète).
Les trafics étaient différents d’une route à une autre. Par exemple, des routes comme la route Hokurikudô et la route San’yôdô étaient extrêmement fréquentées, à tel point que le trafic était suffisant pour rivaliser avec la totalité des Cinq routes d’Edo. Elles jouaient par ailleurs un rôle vital, si l’on considère la ville de Kyoto comme le centre du Japon. La route Hokurikudô reliait l’ancienne capitale du Japon à Kanazawa et à Echigo (aujourd’hui préfecture de Niigata). La route San’yôdô la reliait à l’ouest. Ces routes étaient cependant seulement secondaires, le shogunat accordant davantage d’importance aux routes menant à la capitale de l’époque, Edo.
Le sankin kôtai impliquait des déplacements en masse, nécessitant un transport à la hauteur pour les marchandises, ce qui profitait largement au commerce. Ainsi, les samouraïs n’étaient pas les seuls à se déplacer plus souvent, les citoyens ordinaires aussi. Si le réseau routier a initialement été construit à des fins militaires, ses routes ont largement dépassé leur fonction première, soutenant à la fois le commerce, l’industrie et le tourisme.
(Photo de titre : « Les routes de Kisoji Nakasendô et du Tôkaidô, d’Edo jusqu’à Fushimi » [Edo yori Fushimi made Kisoji Nakasendô Tôkaidô ezu]. L’image montre les routes de Nakasendô, Kôshû Kaidô et du Tôkaidô [de haut en bas]. L’illustration est d’un auteur inconnu en 1668. Photo avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)