Les athlètes japonais en route vers la victoire olympique
Osaka Naomi : performance, humilité et identité assumée pour la championne de tennis japonaise
Sport Personnages Tokyo 2020- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
Osaka Naomi naît au Japon en 1997, d’un père américain d’origine haïtienne et d’une mère japonaise, et déménage aux États-Unis à l’âge de trois ans. Elle s’entraîne au tennis depuis toute jeune et entame un parcours professionnel à partir de 2013 où elle monte rapidement en grade. Lorsqu’à l’US Open 2018 elle défait Serena Williams, la jeune femme devient la première Japonaise de l’histoire du tennis, hommes et femmes confondus, à remporter un des quatre tournois du Grand Chelem (voir notre article lié).
Cette rencontre est également restée dans les mémoires avec les nombreux avertissements que Serena Williams, détentrice de 23 titres de Grand Chelem, avait reçu de l’arbitre en raison de ses protestations successives. La grande majorité du public avait néanmoins les yeux rivés sur la championne, qui signait son retour dans un grand tournoi depuis la fin de son congé maternité.
Osaka Naomi était alors à ce moment-là considérée comme un obstacle pur et simple à la victoire de la légende américaine. Cependant, le regard des spectateurs envers la jeune femme de 20 ans a changé du tout au tout lors de sa montée sur le podium. Osaka Naomi leur a exprimé directement ses excuses pour avoir remporté le match : « Je sais que vous souteniez tous Serena Williams… Je suis vraiment désolée que le match se soit terminé comme cela… » Ces propos empreints d’une innocente modestie ont alors conquis le cœur de nombreuses personnes.
À peine quelques mois plus tard, le 26 janvier 2019, la toute fraîche championne réalise un deuxième exploit : elle remporte l’Open d’Australie face à la Tchèque Petra Kvitova. Cette nouvelle prouesse à un tournoi du Grand Chelem la propulse numéro 1 au classement mondial, une première pour une joueuse asiatique (voir notre article lié). Encore une fois, elle tient à rester humble dans ses mots après sa victoire : « J’ai l’impression d’avoir joué avec la mentalité d’une petite fille de trois ans, et d’avoir maintenant cinq ans. »
Elle rentre ensuite dans une période de stagnation, où elle change d’entraîneur à deux reprises. Lors de sa défaite à l’Open d’Australie 2020, elle explique « ne pas avoir encore acquis l’état d’esprit d’une championne ».
Le 12 septembre 2020 toutefois, elle remporte la finale de l’US Open contre la Bélarusse Victoria Azarenka, et obtient donc son troisième titre de Grand Chelem (et son deuxième US Open). Elle passe de la neuvième à la troisième place au classemement mondial.
Outre ses compétences sportives, Osaka Naomi fait également parler d’elle dans les médias sur des sujets touchant notamment à ses racines. La loi japonaise n’autorisant pas de posséder plusieurs nationalités à partir de 22 ans, elle choisit de renoncer à la nationalité américaine pour prendre celle japonaise (voir notre article lié).
Son statut de femme noire a aussi son importance. En août dernier, en soutien à la communauté noire, elle fait savoir qu’elle se retirait du tournoi de Cincinnati pour protester contre les tirs sur l’Afro-américain Jacob Blake aux États-Unis, en expliquant être « une femme noire avant d’être joueuse de tennis » (voir notre article lié). Elle décidera finalement de continuer le championnat et participera à la demi-finale.
Le 20 février 2021, Osaka Naomi a remporté son deuxième Open d’Australie. Elle devient ainsi la détentrice de quatre titres de Grand Chelem.
(Photo de titre : Jiji Press)