Les athlètes japonais en route vers la victoire olympique
Hashimoto Daiki : la médaille d’or en poche pour le nouveau visage de la gymastique
Tokyo 2020 Sport- English
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Aux Jeux olympiques, la gymnastique est la discipline où le Japon a remporté le plus de médailles : 31 d’or, 33 d’argent et 34 de bronze (avant les JO de Tokyo). Pour ce qui est des médailles d’or, seul le judo n’a pas à rougir et peut se vanter de faire mieux, avec 39 médailles.
Pourtant, le dernier championnat du monde de gymnastique, tenu à Stuttgart (Allemagne) en 2019, était loin d’être gagné. Uchimura Kôhei et Shirai Kenzô, qui sont montés sur la plus haute marche du podium par équipes aux JO de Rio en 2016, se remettaient difficilement de leurs blessures et ont fini par se retirer de la compétition.
Après leur arrivée en Allemagne, le tableau s’assombrit encore un peu plus. C’est au tour du membre clé Tanigawa Wataru de se blesser, à la cheville. Il limitera sa participation aux six agrès que sont le sol, le cheval d’arçon, les anneaux, le saut, les barres parallèles et la barre fixe.
Un futur médaillé d’or se révèle à l’international
Les chances du Japon semblent minces. Enfin, jusqu’à l’entrée de Hashimoto Daiki, qui fait un début fracassant au niveau international. Il est le premier lycéen de sexe masculin à représenter le Japon pour ces championnats, depuis Shirai Kenzô en 2013 et 2014.
Lors des qualifications, il obtient la meilleure note de tous les gymnastes japonais dans ses quatre épreuves. Il excelle tout particulièrement à la première d’entre elles : le cheval d’arçon. Cet agrès est particulièrement difficile puisque les gymnastes doivent balancer leurs jambes en cercle tout le long de leur performance, tout en saisissant les poignées du cheval d’arçons. Cette épreuve exige de l’athlète une concentration parfaite ; un égarement même le plus léger et c’est la chute. Même les gymnastes les plus aguerris la redoutent. Mais pas Hashimoto Daiki. Pas plus qu’il n’a redouté sa première compétition internationale. Au contraire, il a réalisé une superbe performance devant les 10 000 spectateurs ébahis de l’arène de Stuttgart.
Hashimoto Daiki mesure 1,64 m pour 54 kg. Son petit gabarit n’est clairement pas un atout pour l’épreuve du cheval d’arçon, où au contraire les athlètes ayant de longs bras et de longues jambes sont avantagés. Mais les efforts du jeune lycéen ont impressionné les juges, lui attribuant une note de 14,883, capable de rivaliser au niveau international.
« J’étais tellement excité. Je ne me suis même pas senti nerveux » a-t-il confié plus tard.
Après deux superbes prestations au saut et à la barre fixe, épreuves auxquelles il devait initialement participer, il s’illustrera au sol en remplacement de Tanigawa Wataru blessé. Et là, stupeur générale ; c’est lui qui obtient la meilleure note, propulsant le Japon à la troisième place lors des qualifications.
En finale, deux jours plus tard, c’est encore le jeune lycéen qui vient à la rescousse du Japon. Il offre quatre autres prestations, une promotion exceptionnelle pour un gymnaste qui participe à sa première compétition internationale.
En gymnastique par équipes, lors de la phase de qualification, seulement quatre des cinq membres d’une équipe participent à chacune des épreuves. Mais seules les trois meilleures notes sont retenues pour le total général, ce qui permet à l’équipe de limiter l’impact en cas de contre-performance de l’un des gymnastes par exemple. Cependant, en finale, les règles sont plus strictes. Seuls trois membres participent à chaque épreuve et toutes les notes sont retenues pour le calcul du total. Ce qui revient à dire qu’aucun des trois athlètes n’a droit à l’erreur. Les enjeux sont considérables et le jeune lycéen était sous pression.
Et pourtant, il n’a pas démérité. Et il a montré de quoi il était capable. Au cheval d’arçon, sa spécialité, il a exécuté une magnifique performance. Ses pointes de pieds étaient parfaites tout le long de sa prestation. Au saut, il a réussi un saut Lopez, une performance difficile pour un gymnaste. Il a également brillé aux barres horizontales, réussissant un salto Cassina parfait, un élément là aussi difficile, qu’il a commencé à intégrer dans ces figures cet été.
C’était loin d’être gagné mais le Japon décroche une médaille de bronze, derrière la Russie et la Chine. L’entraîneur Mizutori Hisashi, membre de l’équipe japonaise médaillée d’or aux Jeux d’Athènes 2004, était aux anges lorsqu’il a vu la performance de Hashimoto Daiki. « Il a dépassé mes attentes. Il a gagné une reconnaissance internationale » exultait-il.
Montrer l’esthétisme des mouvements
Né en 2001 à Narita, dans la préfecture de Chiba, Hashimoto Daiki a commencé la gymnastique à l’âge de six ans, marchant dans les pas de ses deux frères aînés. Lorsqu’il était au collège, il s’est souvent blessé si bien que ses progrès ont été limités. Mais tout change lorsqu’il s’inscrit au lycée municipal de Funabashi, un établissement de renom dans le sport, où il gagne considérablement en technique. Et au début de sa dernière année de lycée en 2019, ses progrès sont plus rapides ; ils lui valent d’être sélectionné pour les championnats du monde.
La gymnastique est notée à la fois sur la difficulté et l’habileté avec laquelle les figures sont exécutées. Hashimoto Daiki a deux points forts : la précision de sa technique et les qualités esthétiques avec lesquelles il réalise ses figures.
Hashimoto Daiki montre à quel point la « belle gymnastique » est si importante, une opinion qui met d’accord les entraîneurs au niveau junior de tout le Japon. L’esthétisme dans l’absolu mais pas seulement. Le lycéen y accorde lui aussi une attention toute particulière. De ses propres mots, son idéal est d’exécuter correctement même les mouvements simples et de ne jamais se laisser aller au relâchement.
Un mois après son entrée fracassante dans la compétition internationale, au mois de novembre 2019, il remporte le concours général individuel à Takasaki, dans la préfecture de Gunma. À 18 ans et trois mois, il est le plus jeune vainqueur d’un titre de concours général individuel, succédant à Nishikawa Daisuke qui avait remporté le Trophée NHK en 1988 et participé aux Jeux olympiques de Séoul la même année.
Cette victoire lui assure une place pour la Coupe du monde du concours général en individuel au printemps 2020. Là aussi, une superbe prestation et le voilà qualifié pour les Jeux olympiques de Tokyo.
Mais Hashimoto Daiki garde bien les pieds sur terre. S’il a été le seul gymnaste à obtenir une note supérieure à 86 à Takasaki, un même résultat aux Championnats du monde ne lui aurait valu qu’une modeste sixième place. Il lui faut améliorer ses performances s’il veut avoir une chance sérieuse de décrocher l’or à Tokyo ; il en est parfaitement conscient. « Il faut que je gagne au moins un point pour espérer avoir une chance au niveau international », dit-il.
Les JO de Tokyo : la consécration de Hashimoto Daiki
Hashimoto Daiki a déjà remporté une médaille aux Championnats du monde, à seulement 18 ans. Shirai Kenzô avait décroché l’or au sol aux Championnats du monde en 2013, alors qu’il était en deuxième année de lycée. Mais il ne maîtrisait pas de manière homogène toutes les épreuves, contrairement à Hashimoto Daiki.
Il y a aussi l’impressionnant palmarès d’Uchimura Kôhei, qui a remporté l’or deux fois de suite à Londres en 2012 et à Rio en 2016, au concours général individuel. Mais même la plus grande star japonaise de gymnastique a attendu d’être en deuxième année d’université pour remporter sa première médaille, aux Jeux olympiques de Pékin en 2008.
Lorsqu’Uchimura, à la grande surprise de tous, a chuté lors des épreuves de qualifications lors des JO de Tokyo le 24 juillet, qui aurait pensé que l’or serait quand même atteint ? Le potentiel de Hashimoto Daiki s’est en effet révélé au monde, et a permis de préserver la place du Japon au sommet de la gymnastique. Le 28 juillet 2021, il a obtenu la médaille d’or au concours général individuel avec une note de 88,465.
(Photo de titre : Hashimoto Daiki en pleine épreuve des barres parallèles. Jiji)