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Kuroda Sayako : le destin exemplaire d’une fille d’empereur

Société

Kuroda Sayako est la sœur de l’empereur actuel du Japon Naruhito, et la fille de l’empereur retiré Akihito. À dater de son mariage en 2005, elle a perdu son statut de princesse, quitté le palais impérial et mené une vie de citoyenne ordinaire en compagnie de son époux Kuroda Yoshiki, dont elle a pris le nom. Mais en 2012, elle a accédé au rang de prêtresse du sanctuaire shintô d’Ise. Voici l’histoire étonnante d’une Japonaise au destin hors norme.

Devenue une femme au foyer faisant ses courses comme tout le monde

Le mariage a eu lieu le 15 novembre 2005. Il s’est déroulé à l’hôtel Impérial de Tokyo en présence de ses parents, d’autres membres de sa famille et du gouverneur de Tokyo de l’époque, Ishihara Shintarô. Celui-ci a levé son verre en l’honneur des mariés au cours du banquet qui a fait suite à la cérémonie.

Un an plus tard, le jeune couple a acheté un appartement dans un immeuble de grand standing ultra sécurisé situé non loin de l’Université Gakushûin où tous deux avaient fait leurs études. Kuroda Sayako a payé les deux tiers du prix en utilisant les 152,5 millions de yens (environ 1,18 million d’euros) que lui avait alloué la maison impériale quand elle avait renoncé à son statut de princesse. Et son époux a financé le reste de la somme en contractant un emprunt.

Kuroda Sayako est alors devenue une femme au foyer qui faisait ses courses dans les rues commerçantes de son quartier. Au début, elle était discrètement protégée par des agents de la police métropolitaine de Tokyo spécialement affectés à sa sécurité. Mais à l’heure actuelle, elle bénéficie d’une protection plus légère assurée par la police locale. De temps à autre, elle rend visite à ses parents. Et il lui arrive aussi d’assister en compagnie de son époux à des célébrations et des cérémonies organisées dans l’enceinte du palais impérial.

Un rôle à la mesure de la fille d’un empereur

2012 a constitué un tournant décisif dans la vie de Kuroda Sayako. Cette année-là, elle est en effet devenue prêtresse (saishu) du grand sanctuaire shintô d’Ise dédié à Amaterasu, la déesse du soleil considérée comme l’ancêtre de la lignée impériale japonaise. Pendant une année, elle a assisté sa tante Ikeda Atsuko (fille de l’empereur Hirohito et sœur aînée de l’empereur retiré Akihito) qui l’avait précédée dans cette fonction. Dans le shintô, les saishu sont chargées d’effectuer des rituels au nom de l’empereur, et depuis l’après-guerre ce rôle est assumé par une fille d’empereur.

Kuroda Sayako (au centre) en train d’officier en tant que prêtresse (saishu) du sanctuaire d’Ise, dans la préfecture de Mie, le 5 octobre 2013. Elle tient des branches de cléyère du Japon (sakaki), un arbre considéré comme sacré au Japon, destinées aux divinités (kami) en guise d’offrande (tamagushi). (Jiji)
Kuroda Sayako (au centre) en train d’officier en tant que prêtresse (saishu) du sanctuaire d’Ise, dans la préfecture de Mie, le 5 octobre 2013. Elle tient des branches de cléyère du Japon (sakaki), un arbre considéré comme sacré au Japon, destinées aux divinités (kami) en guise d’offrande (tamagushi). (Jiji)

Le visage de Kuroda Sayako est toujours empreint de douceur. Mais quand elle revêt la veste blanche et le pantalon (hakama) rouge cramoisi des prêtresses shintô, il en émane une expression de noblesse tout à fait impressionnante. En 2014, l’impératrice Michiko avait écrit un poème à l’occasion de la première réunion poétique de l’année (Utakai hajime) où elle évoque la détermination de sa fille.

Je vais servir au [nouveau] sanctuaire
Où la divinité sera bientôt transférée
A dit ma fille en partant,
Le regard paisible

En 2017, Ikeda Atsuko a cessé ses fonctions et sa nièce, Kuroda Sayako lui a succédé en tant que prêtresse du sanctuaire d’Ise. Chaque année, elle réside plusieurs semaines à Ise, loin de Tokyo. Elle était d’ailleurs présente sur place, quand le couple impérial s’est rendu au sanctuaire en avril 2019 pour annoncer à Amaterasu l’intention d’abdiquer de l’empereur Akihito.

En avril 2021, Kuroda Yoshiki a fait l’objet d’une promotion au sein du gouvernement métropolitain de Tokyo. Il a quitté sa position de chef du département de la planification urbaine pour un poste de direction plus important. Et il touche à présent un salaire annuel plus élevé que celui des chefs de département du gouvernement métropolitain qui est de l’ordre de 10 millions de yens (environ 77 000 euros). Par ailleurs les deux époux ont fini de rembourser le prêt immobilier qu’ils avaient contracté quinze ans auparavant pour financer l’achat de leur logement.

Née et éduquée en tant que fille d’empereur, Kuroda Sayako a ensuite été appelée à mener la vie d’une femme japonaise ordinaire en raison de son mariage. Et puis elle a fini par trouver tranquillement la place qui lui revenait en assumant la célébration de rituels pour la famille impériale et le peuple japonais au sanctuaire shintô d’Ise.

(Photo de titre : Kuroda Sayako et son époux Kuroda Yoshiki dans le jardin de roses du parc de Shinjuku Gyoen, à Tokyo, le 23 novembre 2005, quelques jours après leur mariage. Reuters)

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