À la rencontre de l’art bouddhique

La statue en bronze du Bouddha historique, Shakyamuni, à sa naissance

Art

Muda Tomohiro [Profil]Muramatsu Tetsufumi [Profil]

L’une des plus anciennes statues du bouddha historique, Shakyamuni, réalisées au Japon, est actuellement conservée au Musée national de Nara. Elle représente le moment de sa naissance.

Une petite sculpture témoignant de l’aube du bouddhisme

Cette image illustre la scène dramatique qui a suivi la naissance du Bouddha.

Il y a environ 2 500 ans, Siddhartha Gautama vit le jour dans une famille princière du clan Shakya, sur les rives supérieures du Gange, dans le nord-est de l’Inde (Lumbini, aujourd’hui situé au Népal). Sorti du flanc de sa mère, Maya, alors qu’elle se reposait sous un arbre sala, il aurait aussitôt fait sept pas, chacun marqué par l’éclosion d’un lotus sous ses pieds, avant de lever la main droite vers le ciel, d’abaisser la gauche vers la terre et de déclarer : « Je suis seul honoré dans les cieux et sur la terre. »

Cette statue appartient à un ensemble d’images représentant la naissance de Siddharta, le bouddha historique (aussi appelé Shakyamuni). Elles sont particulièrement vénérées au Japon lors du festival célébrant cet événement, le Kanbutsu-e ou Hana Matsuri (fête des fleurs), qui a lieu chaque année le 8 avril. Selon la légende, le dieu dragon aurait fait tomber une pluie de nectar divin, l’amrita, sur le lieu de la naissance de Siddharta, un hommage perpétué aujourd’hui par l’aspersion d’eau parfumée ou de thé sucré (amacha) sur les statues du Bouddha nouveau-né.

Cette petite statue en bronze doré, représentant Bouddha à sa naissance, appartient au temple Shôgen-ji, situé dans la ville de Komaki (préfecture d’Aichi). Haute de moins de 10 centimètres, elle a été coulée en bronze avant d’être recouverte d’une fine couche d’or. Son visage légèrement allongé arbore une expression caractéristique des représentations bouddhiques antérieures à la période de Nara (710-794), souvent qualifiée de « sourire énigmatique ». Il est estimé que cette œuvre remonte au VIᵉ ou VIIᵉ siècle, peu après l’introduction du bouddhisme au Japon.

À l’arrière de la tête se trouve un hozo ou tenon, qui servait à fixer la sculpture à une auréole. Le Bouddha est vêtu d’un vêtement en forme de jupe, appelé mo, noué à la taille, dont les plis forment un motif symétrique. Un style similaire se retrouve dans les statues de bien plus grande taille conservées au temple Hôryû-ji, à Nara, ce qui laisse penser que cette œuvre est la plus ancienne représentation connue de la naissance de Siddharta réalisée au Japon. Son dynamisme saisissant, évoquant une vie nouvelle, rappelle une époque où cette religion encore récente s’épanouissait avec vigueur dans le pays.

Maya, la mère du Bouddha, est décédée une semaine après l’avoir mis au monde. L’illustre destin de son fils ne faisait que commencer.

Statue en bronze du Bouddha Shakyamuni à sa naissance

  • Hauteur : 8,3 cm
  • Époque : période d’Asuka (593-710)
  • Provenance : temple Shôgen-ji (Komaki, préfecture d’Aichi)
  • Prêt de longue durée au Musée national de Nara (les visiteurs souhaitant l’admirer doivent vérifier à l’avance si elle est exposée le jour de leur visite)
  • Désignée bien culturel important

(Toutes les photos : © Muda Tomohiro)

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    bouddhisme religion art

    Muda TomohiroArticles de l'auteur

    Photographe. Né à Nara en 1956, il sort diplômé de l’université Waseda en 1980. Il axe son travail sur les liens qui nous relie à la nature et au cosmos, et s’intéresse autant aux portraits qu’aux paysages, sans oublier l’architecture ou les conséquences de la catastrophe du 11 mars 2011. Ses photographies qui magnifient l’art et la statuaire bouddhique de tout le continent asiatique sont renommées dans le monde entier. Site web : www.muda-photo.com

    Muramatsu TetsufumiArticles de l'auteur

    Professeur d’études bouddhiques à l’Université de Komazawa. Né à Tokyo en 1967. Après son doctorat à l’Université Waseda en histoire de l’art bouddhiste et en art zen, il travaille au musée Aizu de Waseda jusqu’à sa nomination à son poste actuel. Nommé directeur du Musée de la culture et de l’histoire du zen à Komazawa, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont l’« Introduction à la statuaire bouddhique par un professeur de la faculté de bouddhisme de l’université Komazawa » (Komazawa Daigaku Bukkyô gakubu kyôju ga kataru Butsuzô kanshô nyûmon) ainsi que « Ces Bouddhas du Kantô qui invitent au voyage » (Kantô : Ai ni ikitaku naru Hotoke-sama).

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