
Dieux des mythes et légendes : Susanoo, Hachiman, et le serpent géant Yamata-no-Orochi
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Susanoo contre le serpent géant Yamata-no-Orochi
Amaterasu, la divinité suprême, avait un jeune frère, Susanoo, né du nez de son père, Izanagi, au moment où celui-ci le lavait pendant un rituel de purification du retour de la terre des morts (voir notre article précédent).
Susanoo était un faiseur de problème, qui avait perturbé le pays céleste où habitait sa sœur, avant de semer ensuite la confusion dans le monde terrestre. Mais chassé du pays des cieux, il s’est mis à agir comme un héros lorsqu’il est arrivé dans la région d’Izumo (qui se trouve dans l’actuelle préfecture de Shimane).
Susanoo y rencontre alors un vieux couple, et leur fille, la princesse Kushinada, qui sont en pleurs tous les trois. Quand il leur demande la raison de leur chagrin, l’homme et la femme lui expliquent que le monstre terrifiant qui apparaît une fois par an a déjà mangé huit de leurs filles et que le tour de la plus jeune, la neuvième, Kushinada, est arrivé. Ce monstre du nom de Yamata-no-Orochi est un serpent gigantesque qui a huit têtes et huit queues, et un corps fait de huit montagnes et vallées.
Susanoo, qui a accepté de les débarrasser de la créature à condition qu’il reçoive ensuite la princesse Kushinada pour épouse, fabrique un vin de riz très fort dont il remplit huit jarres. Le serpent géant arrive, les vide toutes et s’endort, ivre. Susanoo sort son épée et le tue. Et à l’instant où il tranche une queue, apparaît une épée magnifique, qui est ensuite devenue l’un des trois trésors sacrés du Japon.
Susanoo et la princesse Kushinada (© Satô Tadashi)
Une divinité de l’amour
Des légendes dans lesquelles un héros chasse une créature maléfique et sauve une jeune fille innocente, il en existe partout dans le monde. Celle de la mythologie grecque dans laquelle le héros Persée sauve Andromède étant la plus représentative, toutes, dont celle de Susanoo, sont dites collectivement « de type Persée et Andromède ».
À Izumo, cadre de cette légende, se trouvent plusieurs sanctuaires dédiés à Susanoo. Mais si cette divinité est un héros et aussi un dieu du combat, aujourd’hui toutefois, nombreux parmi les gens qui s’y rendent le font pour prier le dieu du mariage. En effet, le mythe de l’éradication de Yamata-no-Orochi est sans doute vu comme l’histoire de l’amour qui a lié Susanoo à Kushinada.
Susanoo et Kushinada se sont installés dans ce qui est devenu le sanctuaire de Suga, situé dans la ville d’Izumo. Lorsque l’on marche sur le sentier de montagne qui mène au sanctuaire intérieur, on voit trois rochers qui abritent les divinités Susanoo, Kushinada et leur enfant, Yashimajinumi. Nombreux sont les gens qui prient en face d’eux pour un mariage heureux.
Au sanctuaire de Suga, sur la stèle au centre est inscrit un poème court (waka), attribué à Susanoo lui-même, qui aurait été à l’origine de nom de la région d’Izumo. On dit également que ce serait le tout premier waka. (© Pixta)
Il existe un autre endroit où l’on dit que Susanoo et Kushinada auraient vécu : le sanctuaire Yaegaki de la ville de Matsue. Son « étang miroir » est un endroit célèbre pour prédire les rencontres. On fait flotter sur la pièce d’eau un morceau de papier japonais sur lequel on a placé une pièce de monnaie. Suivant la vitesse et l’endroit où elle sombre, on peut prédire le temps qu’il faudra pour rencontrer la bonne personne ainsi que la distance jusqu’à elle. (Voir notre article : Le sanctuaire Yaegaki : des eaux mythiques pour prédire l’amour)
L’étang miroir du sanctuaire Yaegaki (Pixta)
Lafcadio Hearn (qui prit plus tard le nom de Koizumi Yakumo) avait lu la légende de Susanoo et Kushinada. Il a vécu pendant l’ère Meiji à Matsue et il a décrit l’apparence des nombreux jeunes gens venus prier dans ce sanctuaire pour une bonne rencontre. Aujourd’hui encore, Susanoo demeure le héros de l’amour.
Ōkuninushi, le petit-fils de Susanoo, a hérité de la bénédiction du succès en amour. Son nom évoque le mythe du lapin blanc d’Inaba. Il a nettoyé la blessure du lapin qui pleurait parce qu’un requin l’avait écorché vif pour se venger de la tromperie qu’il lui avait fait subir, et il lui a appris comment se soigner.
Son image est celle d’un dieu au bon cœur, mais il possède le pouvoir de commander sur terre. Notons qu’il est aussi un Don Juan : le Kojiki (Chronique des faits anciens) indique qu’il a 6 épouses et 180 enfants... Vénéré dans le grand sanctuaire d’Izumo, il est célèbre comme divinité de l’amour.
Les sanctuaires Hikawa
La préfecture de Shimane n’a pas l’exclusivité des sanctuaires où l’on vénère Susanoo. Il est célébré dans environ 280 sanctuaires appelés « Hikawa », principalement dans les préfectures de Saitama et de Tokyo.
On dit que le nom « Hikawa » lui-même vient de la rivière Hiikawa (ou rivière Hii, kawa signifiant « rivière ») qui se situe dans la préfecture de Shimane, le cadre du mythe de Yamata-no-Orochi.
Le pavillon des prières du sanctuaire Musashi Ichi-no-miya Hikawa, dans la préfecture de Saitama (Pixta)
Le sanctuaire principal des sanctuaires Hikawa est appelé Musashi Ichi-no-miya Hikawa. « Ichi-no-miya », ou « sanctuaire numéro 1 » est un système né au début de l’époque de Heian (794–1185), qui désigne dans chaque région les sanctuaires au rang le plus élevé. Cette dénomination fait comprendre que ce lieu attirait des croyants depuis très longtemps dans la région alentour de Tokyo.
L’eau qui jaillit de « l’étang du serpent » se trouve dans l’enceinte du sanctuaire et coule dans « l’étang du dieu ». On voyait sans doute un lien entre l’eau abondante et la légende du serpent géant Yamata-no-Orochi. Encore aujourd’hui, ce sanctuaire est très populaire auprès de ceux qui souhaitent faire un bon mariage.
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