Qui sont les dieux du Japon ?

Le panthéon des dieux japonais : quels sont les différents types de divinités ?

Histoire Culture

Le panthéon des dieux japonais est constitué de divinités célestes comme terrestres, et le peuple de l’Archipel est parfois allé jusqu’à déifier des personnages qui ont réellement existé. Un expert en mythologie nous en parle.

Auprès du peuple : les divinités folkloriques

Il y a des divinités qui ne sont mentionnées ni dans le Kojiki ni dans le Nihonshoki, mais qui sont vénérées depuis les temps anciens comme des kami proches des humains. Ebisu en est le meilleur représentant.

Cet être est généralement représenté tenant d’une main une canne à pêche et de l’autre une daurade. il fait partie des « Sept divinités du bonheur » et l’on estime qu’il a été conçu par les pêcheurs. Lorsque la mer apportait sur le rivage un dauphin, une baleine ou des cadavres humains, les pêcheurs parlaient d'« Ebisu » et croyaient que c’était cet Ebisu qui leur apportait de bonnes pêches. Ils savaient peut-être que les changements de courants marins faisaient s’échouer des épaves inhabituelles.

Le terme « Ebisu » signifiait à l’origine « personne venue de l’extérieur » : c’est une divinité qui apporte le bonheur depuis l’autre côté de la mer. Le sanctuaire de Nishinomiya dans la préfecture de Hyôgo est l’un de ces lieux sacrés où on le vénère. Mais dans le Kojiki et le Nihonshoki, Ebisu est associé à Hiruko, le fils difforme de Isanagi et Izanami, que le couple a déposé dans une barque rouge sur la mer.

Les divinités Ebisu (gauche) et Sarutahiko (© Satô Tadashi)
Les divinités Ebisu (gauche) et Sarutahiko (© Satô Tadashi)

Ebisu n’est pas le seul exemple d’une divinité née au sein du peuple. Citons également le cas de Kôjin, la divinité des fourneaux, les dôsojin, qui empêchent que les mauvais esprits entrent dans les villages, des toshi-gami qui viennent pour le Nouvel An, de Ta-no-kami qui protège la culture du riz, d’Ugajin, représenté par un serpent à tête humaine, divinité des céréales, ainsi que la divinité Oshirasama, vénérée dans la région du Tôhoku (nord-est) comme la déesse des vers à soie.

Une statue du dieu Ugajin, dans le temple bouddhiste Mimuroto-ji, à Uji, préfecture de Kyoto. (sannsann/Pixta)
Une statue du dieu Ugajin, dans le temple bouddhiste Mimuroto-ji, à Uji, préfecture de Kyoto. (sannsann/Pixta)

Les dôsojin sont vénérés sous le nom de Sarutahiko, qui apparaît dans le Kojiki et le Nihon shoki. On dit que lorsque les petits-enfants d’Amaterasu sont descendus sur terre, c’est cette divinité, un géant au long nez qui les a guidés. Sarutahiko serait par ailleurs le modèle des créatures tengu.

Mais parmi ces divinités nées des croyances populaires, la plus célèbre est O-inari-san, le nom familier de la divinité du riz, Inari-no-kami.

Des divinités qui ont d’abord été des humains

Pour les religions monothéistes comme le christianisme ou l’islam, Dieu a créé les êtres humains, et aucun homme ne peut devenir un dieu. Mais au Japon, il y a des humains qui sont vénérés comme des divinités dans certains sanctuaires, peut-être parce qu’une divinité pouvait habiter un corps humain. Le meilleur exemple est sans doute Sugawara no Michizane (845-903). À la fois homme de lettres et homme politique, il a vécu à l’époque Heian, et le rang élevé qu’il a occupé dans la vie publique fit des jaloux et suscita des rumeurs selon lesquelles il avait l’intention de s’opposer à l’empereur. Cela lui valut d’être exilé à Dazaifu, à l’époque siège du gouvernement à Kyûshû, où il mourut.

Il se produisit alors dans la capitale des cataclysmes : on en vint à penser qu’ils étaient peut-être causés par l’esprit de Michizane. Et cela coïncida avec la mort de personnes à l’origine de son exil... Michizane fut alors craint comme le dieu Tenjin et vénéré dans l’ancienne capitale du Japon. On raconte que c’est ainsi que le sanctuaire Kitano Tenmangû de Kyoto a vu le jour.

Des fleurs de prunier au-dessus de la statue d’un bœuf en position couchée, près de la salle au trésor du sanctuaire Kitano Tenmangû. Sugawara no Michizane appréciait en effet les pruniers dans son jardin, et quand il fut exilé à Dazaifu sur l’île de Kyûshû, il consacra même une ode à ses fleurs bien-aimées. (Photojp / Pixta)
Des fleurs de prunier au-dessus de la statue d’un bœuf en position couchée, près de la salle au trésor du sanctuaire Kitano Tenmangû. Sugawara no Michizane appréciait en effet les pruniers dans son jardin, et quand il fut exilé à Dazaifu sur l’île de Kyûshû, il consacra même une ode à ses fleurs bien-aimées. (Photojp / Pixta)

Devenu la divinité Tenjin, Sugiwara no Michizane a d’abord été craint comme l’esprit d’une personne morte avec des griefs. Petit à petit néanmoins, son image s’est transformée en celle d’un homme de lettres qui excellait en poésie, et il en est venu à être vénéré comme la divinité des études. De nos jours, les sanctuaires qui lui sont consacrés dans tout le pays sont fréquentés par des jeunes venus prier pour la réussite aux examens. Cela montre comment le caractère des divinités et les bienfaits qu’elles prodiguent changent au fil du temps.

Plus tard, on ne s’est plus seulement contenté de célébrer les âmes dans les sanctuaires afin de leur apporter du réconfort et de l’apaisement, mais aussi de déifier des personnages ayant accompli de hauts faits. Tokugawa Ieyasu qui est vénéré au sanctuaire Tôshôgû de la ville de Nikkô en est un bon exemple.

(Illustations : © Satô Tadashi)

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