
Les 24 divisions de l’année solaire au Japon
« Sôkô » : l’arrivée du gel
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La période solaire connue sous le nom de sôkô (l’arrivée du gel) commence approximativement le 23 octobre dans le calendrier moderne. La gelée fait son apparition au nord du Japon et dans les régions montagneuses. Les feuilles des arbres changent progressivement de couleur et nous ressentons la présence de l’automne tout autour de nous.
Cet article se penche sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 23 octobre au 6 novembre.
Les feuillages d’automne
Les montagnes revêtent leur costume automnal. Les arbres et les arbustes à feuilles caduques arborent de vives couleurs — le « brocart d’automne » dont parle la poésie. Les montagnes se parent de superbes motifs, dessinés par des arbres à grandes feuilles, dont divers érables, appelés en japonais momiji ou kaede. Le mot momiji vient du verbe momiizuru, qui fait référence au changement de couleur opéré par les feuilles. Kaede vient de kaerude, un terme ancien désignant les pattes des grenouilles, qui évoquent la forme des feuilles. (Voir également notre article : « Kôyô », la saison rouge et or du Japon)
Feuilles d’automne à Karasawa Cirque, une vallée formée par l’érosion des glaces à Azumi (ville de Matsumoto, préfecture de Nagano). (Pixta)
Malgré leurs étymologies différentes, les mots momiji et kaede sont tous deux employés de façon générale pour désigner les érables à grandes feuilles. Dans les jardins, on appelle momiji les érables dont les sinus (espaces entre les lobes) sont plus larges, et kaede ceux dont les sinus sont plus étroits. Parmi les variétés les plus prestigieuses, l’iroha momiji tire son nom du fait que chacune de ses feuilles est constituée de sept lobes, le même nombre que celui des sons dont se compose l’ouverture du célèbre poème irohanihoheto. Le hauchiwa kaede doit son nom à sa ressemblance avec le hauchiwa magique, ou « éventail de plumes », utilisé par les créatures folkloriques tengu.
La contemplation des feuilles d’automne, appelée momiji-gari (littéralement « chasse aux feuilles d’automne »), est un loisir depuis longtemps populaire, au même titre que les séances de contemplation des fleurs de cerisier ou de la lune.
Feuilles d’iroha momiji (à gauche); et hauchiwa kaede. (Pixta)
Kannazuki et Kamiarizuki
Dans le calendrier traditionnel, le dixième mois était appelé Kannazuki, « le mois sans dieu », celui où les divinités du Japon se rassemblent au sanctuaire d’Izumo, dans la préfecture de Shimane. À Izumo, en revanche, on l’appelle Kamiarizuki, « le mois des dieux ».
Le jour du kaki (26 octobre)
Kaki kueba / kane ga narunari / Hôryûji
Je mords dans un kaki et
la cloche d’un temple sonne —
Hôryû-ji
Le poète Masaoka Shiki (1867-1902) a écrit un poème célèbre à propos du son de la cloche du temple Hôryû-ji qu’il entend alors qu’il mange un kaki lors d’un voyage à Nara. Parce qu’il a écrit ce poème le 26 octobre 1895, l’Association coopérative japonaise des producteurs de fruits a proclamé le 26 octobre jour du kaki en 2005.
Les kakis ont une longue histoire au Japon, où l’on sait qu’on les cultivait dès l’époque de Nara (710-794). Ils sont riches en vitamine C et en bêta-carotène, et c’est leurs bienfaits pour la santé qu’évoque le proverbe japonais « Quand les kakis rougissent, les médecins pâlissent ».
Le festival d’automne du sanctuaire Uwatsuhiko, préfecture d’Ehime (29 octobre)
C’est l’un des principaux festivals célébrés au sanctuaire Uwatsuhiko, dans la préfecture d’Ehime. Les rites religieux ont lieu le 28 octobre, et le festival le 29. Il a été célébré pour la première fois en 1649, sous le règne de premier seigneur de l’ancien domaine d’Uwajima, Date Hidemune (fils aîné du célèbre daimyô de Sendai, Date Masamune). Des représentations géantes de démons-bœufs, hautes de cinq à six mètres, défilent en tête de la procession du mikoshi (sanctuaire portable) qui traverse la ville en vue d’exorciser le mal. Des jeunes gens portant des vêtements rouges et des masques de cerf accomplissent le yatsu shika odori (la danse des huits cerfs) en guise de remerciement à la divinité du sanctuaire.
Le festival d’automne du sanctuaire Uwatsuhiko avec ses démons-bœufs (à gauche) (Pixta), et jeunes gens accomplissant le yatsu shika odori. (Avec l’aimable autorisation d’Uwajima Hyakkei)