Les 24 divisions de l’année solaire au Japon
« Kanro » : rosée froide
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La période solaire kanro (rosée froide) commence aux alentours du 8 octobre dans le calendrier moderne. L’air s’éclaircit et la rosée donne un sentiment de fraîcheur. C’est le tout début des récoltes d’automne et bien des écoles célèbrent la journée du sport. Les oiseaux hivernaux, tels que les oies et les canards, font leur entrée au Japon. Le bourdonnement des insectes emplit l’air nocturne.
Cet article se penche sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 8 au 23 octobre.
La journée du sport
La plupart des écoles du Japon tiennent leur journée du sport à cette époque de l’année, bien que certaines lui préfèrent le printemps pour éviter la chaleur persistante et les typhons. Le deuxième lundi d’octobre est un jour férié qui lui est dédié.
La première journée du sport au Japon s’est sans doute déroulée en mars 1874, dans une école navale de Tsukiji, à Tokyo. L’idée émanait d’un professeur anglais, Frederic William Strange, inspiré par l’athlétisme alors pratiqué dans les écoles de son pays. La coutume s’est diffusée dans les écoles élémentaires de l’Archipel dans les années 1890. L’événement équivalent qui a lieu dans les lycées et collèges est parfois appelé « festival d’éducation physique ». Il comporte de nombreuses épreuves, telles que la course, les courses d’obtacle et de relais, des compétitions d’athlétisme, et de la danse, ainsi que des jeux, comme le tamaire, ou « ballons dans le panier », où des équipes s’affrontent pour placer dans un délai déterminé le plus grand nombre possible de ballons dans leur panier.
Le déroulement des journées du sport change avec le temps — de nos jours certaines écoles élémentaires émettent à l’avance des tickets numérotés ou permutent les spectateurs des épreuves dans différents gradins de façon à réduire la bousculade à laquelle les parents doivent se prêter pour pouvoir prendre des photos de leurs enfants.
Nagasaki Kunchi (7-9 octobre)
Le grand festival du sanctuaire Suwa, dans la ville de Nagasaki, remonte à quelque 380 ans La date qui lui a été attribuée est celle du neuvième jour du neuvième mois de l’ancien calendrier lunaire et kunichi, ou « neuvième mois », est probablement l’origine étymologique du nom du festival.
Les différents quartiers de Nagasaki se relaient pour danser au cours du festival — une fois tous les sept ans. Le meneur du groupe de danse porte un kasaboko (mi-hallebarde mi-parapluie) pesant plus de 100 kilos. Les supports utilisés changent tous les ans — certaines années un taikoyama, une estrade géante d’environ une tonne portée par 36 personnes, défile, jeté en l’air à de nombreuses reprises. Lors d’un autre spectacle, le jaodori (danse du dragon), un groupe porte de tous côtés un dragon géant à la poursuite d’un « joyau ».
Un certain nombre de plats spéciaux sont servis pendant la période du festival, dont le riz bouilli avec des haricots azuki, les radis blancs macérés avec des grenades, et la soupe de loche.
Le Kannamesai du sanctuaire d’Ise (15-17 octobre)
Le Kannamesai est un festival célébré au sanctuaire d’Ise, considéré comme le plus haut lieu sacré du shintoïsme, pendant lequel la première récolte de céréales de l’année en cours est présentée en remerciement à Amaterasu (la déesse du soleil). Au nombre des offrandes figurent les premiers épis de riz récoltés dans la rizière de l’empereur, située dans l’enceinte du palais impérial, et du riz produit par des cultivateurs de diverses préfectures du Japon.
Le murasaki-shikibu
Le murasaki-shikibu est un arbuste japonais à feuilles caduques. À mesure de l’avancée de l’automne, ses fruits mûrissent et deviennent violets. On l’appelle beauty berry (baie de la beauté) en anglais, et le nom qu’il porte en japonais, emprunté à l’autrice du Dit du Genji, Murasaki Shikibu, ferait référence, dit-on, à la couleur violette (murasaki) du fruit. Il existe aussi une variété, appelée shiro-shikibu, qui produit des fruits blancs.
Le festival du feu Kurama de Kyoto (22 octobre)
Célébré au sanctuaire Yuki, ce festival passe pour l’un des plus excentriques de Kyoto. Il a vu le jour à l’époque de Heian (794-1185), quand la divinité Yuki Daimyôjin a été déplacée du palais impérial de Kyoto au mont Kurama, accompagnée par une procession de gens portant des torches en roseaux du fleuve Kamo. De nos jours, les participants portent le temple de la divinité entouré par des porteurs de flambeaux, et ils défilent dans le village enveloppés d’une nuée d’étincelles. À l’apogée de l’événement, les porteurs de flambeaux convergent vers la porte Sanmon du temple Kurama.
Mushi-kiki, l’écoute des insectes
Mushi-kiki est le nom donné à l’écoute récréative du bourdonnement des insectes les soirs d’automne. À l’époque de Heian, les gens organisaient des sorties bien arrosées à la campagne pour se repaître du bruit des insectes et, à l’époque d’Edo (1603-1868), la vente d’insectes, en tant qu’animaux de compagnie d’un nouveau genre, a pris son essor.
L’ancienne anthologie Man’yôshû et Le Dit du Genji contiennent des poèmes sur le chant des insectes. Dans les poèmes haïku, le mot mushi, qui désigne les insectes et d’autres créatures de petite taille, est employé en référence au chant des insectes à l’automne. Divers grillons et sauterelles figurent aussi dans les chansons enfantines japonaises.
Les pommes
La pomme est riche en fibres et en vitamine C. La préfecture d’Aomori produit environ 60 % des pommes du Japon, dont beaucoup servent à faire du jus, de la confiture, du cidre et des friandises. Parmi les pommes consommées aujourd’hui au Japon figurent des variétés comme les pommes fuji, tsugaru et ôrin, qui sont toutes issues de croisements avec des variétés occidentales introduites au Japon à l’ère Meiji (1868-1912).
Les champignons shimeji et hiratake
Les champignons couramment vendus au Japon comme des shimeji regroupent le buna-shimeji, rond, à chapeau brun, et le hiratake, au chapeau large. Le « vrai » hon-shimeji, qui pousse à l’état sauvage dans les forêts d’arbres à feuilles caduques et de pins, est riche en saveurs. La douceur de son goût fait qu’il se prête à toutes sortes de préparations. (Voir notre article en détail : Les champignons dans la cuisine japonaise : des saveurs multiples)
Le maquereau
Le maquereau (saba) est hautement nutritif et il a la réputation d’être le roi des poissons à dos bleu. On peut le pêcher tout au long de l’année, mais il est plus gras, et donc plus savoureux, en automne. C’est pourquoi on considère qu’il est de saison en automne et en hiver. Il contient une puissante substance minérale antioxydante grâce à laquelle il est bénéfique pour la santé à bien des égards. On peut consommer le maquereau salé et grillé, cuit avec du miso, vinaigré ou cru en sashimi.
(Article supervisé par Inoue Shôei, chercheuse sur le calendrier et auteure, prêtresse shintô, professeure invitée à l’université Tôhoku Fukushi. Photo de titre : campanules d’automne en fleurs le long du chemin qui gravit le mont Gassan dans la préfecture de Yamagata. Toutes les photos sont de Pixta, sauf mention contraire.)