Les 24 divisions de l’année solaire au Japon

« Shûbun » : l’équinoxe d’automne

Vie quotidienne Tradition

La période du shûbun, entre le 22 septembre et le 6 octobre, coïncide peu ou prou avec la plus belle pleine lune de l’année.

Shûbun (l’équinoxe d’automne) tombe approximativement le 23 septembre dans le calendrier moderne. Comme à l’équinoxe de printemps, le soleil se lève plein est et se couche plein ouest, et le jour et la nuit ont une durée égale. Les gens rendent hommage aux ancêtres lors du Higan, la période de vacances pour les bouddhistes qui se situe chaque année aux alentours des équinoxes, mais cette pratique est plus marquée à l’automne. La fin du Higan amène, dit-on, un réchauffement du printemps ou un rafrîchissement de l’automne.

Les dates des 24 périodes solaires et des 72 (micro-saisons), fixées par l’Observatoire astronomique national du Japon, sont calculées en se basant sur la position du soleil. Au Japon, les deux équinoxes donnent lieu à des vacances nationales, dédiées à l’appréciation de la nature.

Cet article se penche sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 22 septembre au 6 octobre.

Higan-bana (le lycoris rouge)

La floraison des lycoris rouges, qui se produit en automne, coïncide avec la période du Higan, au cours de laquelle les gens se rendent sur les tombes de leurs ancêtres, d’où le nom de higan-bana (fleurs de l’équinoxe) qui leur est communément attribué. Ces plantes vivaces sont originaires de Chine. On les appelle aussi manjushage, une transcription du sanscrit qui fait référence aux fleurs célestes. Du fait du poison qu’elles contiennent, concentré dans le bulbe, on les plante sur les talus qui bordent les champs, pour prévenir les invasions de souris, taupes et autres nuisibles. À l’approche du Higan, les tiges émergent comme si on venait de les planter, et donnent six fleurs d’environ dix centimètres de diamètre avant que les feuilles apparaissent.

Higan-bana
Higan-bana

Tsukimi (la contemplation de la pleine lune)

Jûgoya, ou « la quinzième nuit », est le nom donné à la pleine lune du quinzième jour du huitième mois du calendrier traditionnel, qui était la pleine lune la plus prestigieuse de l’automne. Cette tradition de célébration prend son origine dans le festival chinois de la mi-automne, aucours duquel les familles se rassemblent pour admirer la pleine lune et la célébrer, selon un rituel qui remonte à la dynastie des Tang (618-907). Introduite au Japon à l’époque de Heian (794-1185), jûgoya n’était célébrée qu’au sein de l’aristocratie. Elle s’est diffusée plus largement dans la population au début de l’époque d’Edo (1603-1868).

Lors du jûgoya, les gens dédient un endroit spécial à la présentation de produits saisonniers tels que le taro, les noisettes et les kakis, de concert avec des boulettes de riz exposées en remerciement pour la récolte. La présence d’herbes de la pampa s’explique par le fait que, outre qu’elles ressemblent à des épis de riz, ces plantes ont la réputation de servir d’abri aux divinités, et par voie de conséquence de repousser les mauvais esprits. (Voir notre article en détail : « Tsukimi », la contemplation de la pleine lune)

Boulettes de riz et herbes de la pampa exposées pour la contemplation de la lune.
Boulettes de riz et herbes de la pampa exposées pour la contemplation de la lune.

Kinmokusei (l’olive parfumée)

Le kinmokusei est célèbre en tant que l’un des trois grands arbres aromatiques du Japon. En période de floraison, les fleurs émettent un doux parfum évoquateur du changement de saison. Les fleurs séchées sont utilisées dans la préparation du thé doré d’osmanthus (gui hua cha), un célèbre thé chinois.

Kinmokusei
Kinmokusei

Sanseki no Uta (trois poèmes du soir)

L’anthologie impériale du XIIIe siècle Shin kokin wakashû contient trois célèbres poèmes sur les soirs d’automne écrits par les moines bouddhistes Saigyô (1118-1190) et Jakuren (1139-1202) et par Fujiwara no Teika (1162-1241), l’un des compilateurs du recueil.

Le regard tourné vers l’extérieur pour ne voir
ni fleurs ni
feuilles cramoisies —
une hutte de chaume sur le rivage
ce soir d’automne

Dans le poème de Fujiwara no Teika, plutôt qu’un beau paysage, le poète ne voit qu’une hutte de pêcheur, qui évoque la solitude propre à la saison.

Coucher de soleil d'automne
Coucher de soleil d’automne

Le précieux matsutake

Le matsutake, un champignon connu pour son arôme caractéristique, est populaire depuis longtemps, et il est même mentionné dans l’ancien recueil de poésie Man’yôshû. Il pousse au pied du pin rouge japonais et s’avère par ailleurs difficile à cultiver, ce qui fait de lui un mets très recherché. En 2020, l’Union internationale pour la conservation de la nature a inscrit le matsutake sur la liste des espèces vulnérables, et son prix augmente tous les ans. On peut le manger grillé, cuit à la vapeur avec du riz ou dans un récipient en poterie appelé dobinmushi, ou encore s’en servir comme ingrédient dans la préparation du bouillon suimono.

Matsutake (à gauche) et riz bouilli au matsutake.
Matsutake (à gauche) et riz bouilli au matsutake.

Taro

Le tubercule taro, introduit au Japon pendant la période Jômon (env. 10 000-300 av. J.C.), a envahi les rizières. Le tubercule originel est entouré par ses rejetons, et c’est pourquoi ce légume est considéré comme un symbole de récolte abondante et de perpétuation des lignées familiales. On cuit le taro en ragoût avec de la viande, du konnyaku et de la sauce soja pour préparer l’imoni, un plat populaire dans la région nord-est du pays. Tous les ans au mois de septembre, la ville de Yamagata héberge le plus grand festival de l’imoni. Un pot mesurant 6,5 mètres de diamètre et pesant quatre tonnes est utilisé pour cuire l’imoni, et produire 30 000 rations, qui attirent une vaste foule.

 Imoni
Imoni

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