Les 24 divisions de l’année solaire au Japon
« Hakuro » : rosée blanche
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L’écart de température entre le jour et la nuit entraîne la formation de rosée, et c’est à ce phénomène que le terme solaire hakuro (rosée blanche) doit son nom. En dépit de la persistance de la chaleur, divers signes laissent présager l’arrivée de l’automne.
Le mot traditionnellement employé en japonais pour désigner le mois de septembre est nagatsuki, ou « les nuits qui s’allongent », un phénomène qui certes se poursuit naturellement depuis le solstice d’été, mais qui donne l’impression d’être encore plus remarquable à partir du mois de septembre.
Cet article se penche sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 7 au 21 septembre.
Le Festival des chrysanthèmes (9 septembre)
Le Chôyô-no-sekku, ou Festival des chrysanthèmes, qui à l’origine avait lieu le neuvième jour du neuvième mois lunaire, se déroule désormais le 9 septembre. C’est l’un des cinq principaux festivals sekku célébrés chaque année au Japon.
Dans la cosmologie chinoise du yin et du yang et le système des cinq éléments, où les nombres impairs sont considérés comme yang, et donc de bon augure, le neuf est le plus favorable. La date lunaire originelle tombe à la mi-octobre dans le calendrier moderne, au moment précis où les chrysanthèmes sont en pleine floraison.
En Chine, les chrysanthèmes ont la réputation d’écarter l’adversité et d’être dotés d’un pouvoir spirituel propice à la longévité. C’est pour cette raison que, à l’époque de Heian (794-1185), la cour impériale japonaise a introduit dans ce festival les fleurs pour la décoration, l’ajout de pétales aux boissons alcoolisées et la lecture de poésie pendant les prières destinées à la protection contre les catastrophes. À partir de l’époque d’Edo (1603-1868), on a consommé du riz cuit avec des châtaignes lors du Chôyô-no-sekku, et le saké aux chrysanthèmes est devenu une boisson appréciée de tous.
Le jour du respect pour les personnes âgées (troisième lundi de septembre)
Le jour du respect pour les personnes âgées est un jour férié spécifique au Japon. C’est une journée dédiée au respect des personnes âgées et à la célébration de la longévité. Elle trouve son origine dans un événement organisé le 15 septembre 1947 par l’Association pour le respect des personnes âgées à Nomadani (qui fait aujourd’hui partie de Taka), dans la préfecture de Hyôgo. En 1966, cette date a été décrétée fériée au niveau national.
L’anémone du Japon
Cette fleur est originaire de Chine. Les caractères utilisés pour écrire son nom (秋明菊, shûmei-giku) signifient « brillant chrysanthème d’automne », mais cette anémone appartient en fait à la famille des Ranunculaceae (renonculacées). Les Occidentaux l’ont appelée anémone du Japon du fait de son allure typiquement japonaise.
Le festival annuel du sanctuaire Tsurugaoka Hachimangû de Kamakura (14-16 septembre)
Le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangû a été fondé en 1063, année où Minamoto no Yoriyoshi (988-1075) a ouvert à Kamakura une annexe du sanctuaire Iwashimizu Hachimangû de Kyoto. Par la suite, son fils Minamoto no Yoritomo, le fondateur du shogunat de Kamakura, l’a déplacé pour l’installer là où il se trouve aujourd’hui.
L’Azuma kagami, une chronique historique de l’époque de Kamakura (1185-1333), raconte l’origine du festival annuel Reitaisai du sanctuaire. En 1187, une cérémonie connue sous le nom de hôjôe, au cours de laquelle des animaux captifs étaient relâchés, conformément aux principes bouddhistes, et un yabusame (rituel de tir à l’arc à cheval) était accompli. Le festival a donc un histoire vieille de plus de 800 ans. Lors du yabusame désormais célébré le 16 septembre, des archers habillés en samurai et chevauchant au galop tirent sur des cibles disposées sur le terrain du sanctuaire. On dit que ce rituel a servi de prétexte pour recruter des soldats. (Voir également notre article : Enseigner la voie des samouraïs à travers l’archerie à cheval)
La bergeronnette
Les 24 termes solaires peuvent être subdivisés en 72 kô, ou microsaisons. Le kô qui commence le 13 septembre est appelé sekirei naku (chant de la bergeronnette). En dépit de la croyance qui veut que les bergeronnettes commencent à chanter en automne, elles le font tout au long de l’année. On les appelle aussi « tapoteuses de pierres », en raison de leur façon de sautiller en agitant la queue de haut en bas comme pour frapper le sol.
Selon la légende, Izanagi et Izanami, les divinités mâle et femelle qui ont créé l’archipel japonais, ont appris à procréer en remuant les hanches à la façon des bergeronnettes, et c’est pour cette raison que cet oiseau est considéré comme un symbole de perpétuation des lignées familiales.
Le konbu
On pense que les Japonais consomment l’algue konbu depuis la période Jômon (env. 10 000-300 av. J.C.), et il est mentionné dans des documents datant de l’époque de Nara (710-794). C’est un ingrédient essentiel du bouillon dashi utilisé pour apporter la saveur umami à la cuisine japonaise. En 1908, Ikeda Kikunae, professeur à l’Univerité impériale de Tokyo, a identifié l’acide glutamique comme l’élément umami du konbu. On trouve au Japon du konbu sauvage et cultivé, dont plus de 90 % provient de l’île de Hokkaidô. On le récolte en été et en automne et on le fait sécher avant de l’expédier.
L’aubergine
Il existe un proverbe japonais qui dit : « Ne donne pas d’aubergine d’automne à manger à ta belle-fille. » Selon une interprétation, il s’agit d’un avertissement visant à lui éviter de prendre froid, mais selon une autre lecture, cette phrase traduirait plutôt l’hostilité d’une belle-mère qui refuse de gâcher un aliment aussi savoureux...
L’aubergine est un légume qu’on peut préparer de multiples façons, grillée, en ragoût, frite ou marinée. Elle figure dans bien des recettes régionales et, outre les variétés rondes et longues, on trouve aussi le mizu-nasu, ou « aubergine d’eau », souvent mangé cru.
Les poires nashi
Les poires nashi sont très appréciées en Chine, où elles sont considérées comme le roi des fruits. Elles sont appréciées pour leur consistance à la fois juteuse et craquante, ainsi que pour leur douceur délicieuse, et on leur attribue la faculté de prévenir l’épuisement dû à la chaleur estivale.
(Article supervisé par Inoue Shôei, chercheuse sur le calendrier et auteure, prêtresse shintô, professeure invitée à l’université Tôhoku Fukushi. Photo de titre : épis de riz nimbés de rosée matinale. Toutes les photos sont de Pixta, sauf mentions contraires.)