Les 24 divisions de l’année solaire au Japon

« Taisho » : grande chaleur

Vie quotidienne Tradition

Comme son nom l’indique, Taisho (Grande chaleur) est la période la plus chaude de l’année. C’est le début des vacances scolaires. Si certaines personnes cherchent à fuir la chaleur en allant à la mer ou en montagne, les agriculteurs, eux, s’occupent à l’arrachage et la tonte de l’herbe.

Taisho (grande chaleur), l’une des 24 périodes solaires au Japon, est l’époque la plus chaude de l’année. Dans le calendrier moderne, elle débute aux environs du 22 juillet. Sur une grande partie du territoire japonais, la chaleur culmine au début du mois d’août, et les informations émettent des avis de vigilance « jours de chaleur extrême » (môsho) quand la température dépasse 35 °C et « nuits tropicales » (nettaiya) quand elle ne descend pas en dessous de 25 °C.

Cet article va se pencher sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 22 juillet au 6 août.

Shochû-mimai

Cette expression désigne les cartes de vœux estivales que les gens envoient à des personnes qu’ils voient rarement ou envers lesquelles elles ont une dette de reconnaissance, par exemple des enseignants. L’envoi des shochû-mimai se fait traditionnellement entre la période solaire appelée shôsho (petite chaleur) et le début officiel de l’automne (vers le 7 août). Les cartes de vœux expédiées plus tard sont appelées zanshô-mimai. (Shochû veut dire « le plus fort de l’été » et zanshô « ce qu’il reste de chaleur »).

Le festival de feux d’artifice du fleuve Sumida (dernier samedi de juillet)

C’est le plus vieux festival de feux d’artifice du Japon. Tokugawa Yoshimune a introduit les feux d’artifice dans le festival dédié à Suijin, la divinité shintô de l’eau, en 1734, après la Grande famine de 1733, en vue de prier pour le repos des morts. Les feux d’artifice marquaient le commencement de la saison de la navigation sur le fleuve Ryôgoku (aujourd’hui Sumida), et la croyance voulait que le son et la fumée repoussent les fantômes en quête de vengeance et consolent les esprits. Les bâteaux de plaisance connus sous le nom de yakata-bune offrent une excellente façon de bénéficier d’une vue dégagée des feux d’artifices, en sachant toutefois qu’ils sont coûteux.

Les bateaux de plaisance yakata-bune et le festival de feux d'artifice du fleuve Sumida
Les bateaux de plaisance yakata-bune et le festival de feux d’artifice du fleuve Sumida

Le scarabée rhinocéros et le cerf-volant

Ces deux insectes sont prisés des enfants et des jeunes au cœur de l’été. Le scarabée rhinocéros mâle porte de longue cornes sur la tête et le corps, et son nom en japonais, kabuto-mushi, fait référence au kabuto (casque) des samouraïs (et mushi signifie « insecte »). Les cerfs-volants sont connus au Japon sous le nom de kuwagata-mushi, en raison de leurs énormes pinces ; un kuwagata est un objet décoratif destiné à donner une allure plus imposante à un casque. Les insectes se servent de ces appendices lorsqu’ils se battent avec d’autres insectes mâles.

Scarabée rhinocéros (à gauche) et cerf-volant
Scarabée rhinocéros (à gauche) et cerf-volant

Casque d'un samouraï (kabuto), auquel le scarabée rhinocéros doit son nom en japonais. Il porte un kuwagata sur le devant.
Casque d’un samouraï (kabuto), auquel le scarabée rhinocéros doit son nom en japonais. Il porte un kuwagata sur le devant.

Uchimizu

Le mot uchimizu fait référence à l’arrosage pour se soulager de la chaleur. Cette pratique relevant de la sagesse traditionnelle remonte à l’époque d’Edo (1603-1868). La vaporisation d’eau au coucher du soleil fait baisser la température ambiante, en précisant qu’elle est plus efficace sur la terre que sur l’asphalte. Plus récemment, elle a attiré l’attention en tant que coutume écologique japonaise.

La coutume de l'uchimizu
La coutume de l’uchimizu

Les éventails uchiwa et sensu

Agiter un uchiwa (éventail plat) ou un sensu (éventail pliant) génère une brise rafraichissante qui dissipe la chaleur de l’été. Ces éventails sont considérés comme des éléments essentiels lors des festivals estivaux et des danses traditionnelles bon odori. Les uchiwa, plus anciens, ont été, dit-on, importés de Chine au cours de la période Asuka (593-710). À l’époque de Heian (794-1185) ils ont été modifiés de façon à donner naissance aux sensu pliants, plus faciles à porter. L’uchiwa est d’usage courant avec le yukata, un fin kimonio d’été, et le sensu avec le furisode (à manches longues) ou tout autre kimono d’apparat. De nos jours, les éventails électriques de poche sont devenus populaires.

Uchiwa (à gauche) et sensu
Uchiwa (à gauche) et sensu

Le festival Tenjin d’Osaka (25 juillet)

Le festival Tenjin fait partie des trois grands festivals du Japon (les deux autres étant le festival Kanda de Tokyo et celui de Gion à Kyoto). Au Tenmangû, un sanctuaire dédié à Sugawara no Michizane, le festival est célébré depuis environ 1 000 ans en vue de prier pour la croissance et la prospérité d’Osaka, ainsi que pour la protection contre le mal. Des sanctuaires portables sont montés sur des bateaux, tandis que d’autres défilent dans les rues du centre d’Osaka. Quelque 100 bateaux chargés de sanctuaires portables abritant divers esprits divins sillonnent la rivière Ôkawa. On célèbre des cérémonies spéciales sur les bateaux, et on tire également des feux d’artifice pour les divinités.

Sanctuaires flottants au festival Tenjin
Sanctuaires flottants au festival Tenjin

Les trois grands festivals du Tôhoku

Le festival Neputa (à Hirosaki, entre le 1er et les 7 août approximativement), et le festival Nebuta (à Aomori, du 2 au 7 août)

Le festival Neputa de Hirosaki est inscrit sur la liste des biens culturels traditionnels immatériels importants. On dit qu’il trouve son origine dans la rite de purification consistant à mettre à l’eau des objets sacrés pour qu’ils servent de boucs émissaires et éloignent l’impureté. Le festival Nebuta d’Aomori est célébré pour repousser les catastrophes et prier pour la bonne santé. (Voir notre article en détail : Quatre grands festivals du Tôhoku [1] : le Nebuta matsuri d’Aomori)

Le festival Nebuta d'Aomori célébré pour la première fois en trois ans, le 2 août 2022. (Jiji)
Le festival Nebuta d’Aomori célébré pour la première fois en trois ans, le 2 août 2022. (Jiji)

Le festival Kantô (à Akita, du 3 au 6 août)

Ce festival est conçu comme un rite de purification et l’occasion de prier pour une récolte abondante. Les participants défilent en portant, sur la paume des mains, le front, les épaules ou les hanches, de gigantesques appareillages de 46 lanternes accrochées à des bâtons. C’est un bien culturel traditionnel immatériel important. (Voir notre article en détail : Quatre grands festivals du Tôhoku [2] : le Kantô matsuri d’Akita)

Le festival Kantô d'Akita (préfecture d'Akita)
Le festival Kantô d’Akita (préfecture d’Akita)

Le festival Tanabata de Sendai (du 6 au 8 août)

Le festival remonte à l’époque de Date Masamune, auquel le domaine féodal de Sendai doit son essor. Le festival se tient aujourd’hui au mois d’août, en ajoutant un mois au calendrier lunaire. (Quatre grands festivals du Tôhoku [4] : le Tanabata matsuri de Sendai)

Le festival Tanabata de Sendai
Le festival Tanabata de Sendai

Le jour commémoratif de Hiroshima (6 août)

Le bombardement atomique de Hiroshima a eu lieu le 6 août 1945, peu avant la fin de le Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, cette journée est dédiée à la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie dans le bombardement, et à la prière pour la paix dans le monde. Lors de la Cérémonie commémorative pour la paix, célébrée par la ville de Hiroshima, on sonne la Cloche de la paix, et les sirènes tintent d’un bout à l’autre de la ville à 8 h 15 du matin, l’heure exacte du bombardement. Pendant une minute, les gens rendent hommage aux victimes et prient pour l’instauration d’une paix durable dans le monde. Le Japon commémore aussi le bombardement de Nagasaki le 9 août. (Voir notre article : Le Musée de Hiroshima pour la paix : écouter les cris des âmes transmis par les vestiges de l’explosion)

Le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima
Le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima

Suite > Semi Shigure (l’averse des cigales)

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