Les 24 divisions de l’année solaire au Japon

« Bôshu » : barbes et graines

Vie quotidienne Tradition

Aux environs du 5 juin, alors que les jours s’allongent, le Japon entre dans la saison connue sous le nom de bôshu. Nous vous présentons ici ce qui caractérise cette période :

La contemplation des lucioles (mi-juin)

Les lucioles commencent à luire lors des soirées humides, une heure environ après le coucher du soleil. Les regarder tracer les arabesques de leur danse envoûtante dans la nuit constitue un divertissement traditionnel de la saison, déjà mentionné dans le Nihon shoki. On en dénombre quelque 50 espèces, mais seul un petit nombre d’entre elles, dont les lucioles genji (luciola cruciate), heike (luciola lateralis) et hime (luciola parvula), ont des adultes qui luisent. Ces insectes aiment vivre dans les cours d’eau propres, au flux tranquille, et dans les prairies et les rizières avoisinantes, mais les changements survenus dans l’environnement ont entraîné une baisse du nombre des endroits où on les trouve, et par voie de conséquence un essor du mouvement pour la préservation des lucioles. Leur vol lumineux est en fait une parade de séduction effectuée par les mâles, tandis que les femelles attendent dans l’herbe, en luisant par intermittence.

Lucioles hime
Lucioles hime

La fête des pères

Le troisième dimanche de juin est le jour de la fête des pères, conformément à une coutume empruntée par le Japon aux États-Unis. Au Japon, il existe une tradition qui veut qu’on envoie des roses jaunes.

La fête des wagashi (16 juin)

Le 16 juin 848, l’empereur Nimyô a offert aux divinités des wagashi (pâtisseries japonaises) et des mochi (gâteaux de riz gluant), pour célébrer le changement de nom de l’ère impériale, désormais appelée ère Kashô. À l’époque moderne, l’Association Wagashi du Japon a fait de cette date le jour de la fête des wagashi. Le Kashô no Iwai était une cérémonie célébrée par la cour impériale et le shogunat à l’époque d’Edo (1603-1868) en vue de prier pour rester en bonne santé et conjurer les catastrophes. Cette pratique a été abandonnée à l’ère Meiji (1868-1912), mais la date du 16 juin a été réintroduite en 1979 sous le nom de Fête des wagashi.

Wagashi ressemblant à des hortensias
Wagashi ressemblant à des hortensias

Les rakkyô (oignons)

Les oignons rakkyô (Allium chinense) sont de saison à cette époque de l’année. Originaires de Chine, ils ont été introduits au Japon, où on les apprécie conservés dans du vinaigre, et souvent servis avec du curry et du riz. On dit que cette coutume a vu le jour lorsque quelqu’un a servi des rakkyô macérés dans du vinaigre doux faute d’autres condiments vinaigrés disponibles.

Rakkyô macérés dans du vinaigre doux
Rakkyô macérés dans du vinaigre doux

Le calmar volant japonais

Le surume-ika, ou calmar volant japonais, est de saison entre le mois de mai et le mois de septembre. On le pêche dans tout le Japon, mais plus particulièrement dans les préfectures de Hokkaidô et d’Aomori. On peut le servir cru en sashimi, dépecé et débité en fines tranches ressemblant à des nouilles sômen (ika sômen), fourré au riz gluant puis cuit dans un bouillon doux et épicé (ikameshi), coupé en anneaux et plongé dans l’huile bouillante, ou mijoté au court-bouillon. Le calmar séché, ou atarime, est un amuse-gueule apprécié en accompagnement des boissons.

Calmar volant japonais (à gauche) et atarime, constitué de calmar coupé en tranches fines et légèrement grillé, servi ici avec de la mayonnaise et du piment.
Calmar volant japonais (à gauche) et atarime, constitué de calmar coupé en tranches fines et légèrement grillé, servi ici avec de la mayonnaise et du piment.

Suzuki (le bar)

Le suzuki, ou bar, est de saison entre le mois de juin et le mois d’août. Son nom en japonais, qui ressemble au mot voulant dire « rincer », proviendrait, dit-on, de la blancheur de sa chair, qui donne l’impression d’avoir été rincée. Le bar est un poisson à chair blanche très apprécié en été. Pour préparer un sashimi rafraîchissant appelé arai, qui veut dire rincer, le poisson, débité en tranches fines, est plongé dans de l’eau glacée afin de raffermir la chair. Même frite, la chair reste tendre.

Bar refroidi préparé en sahimi arai
Bar refroidi préparé en sahimi arai

(Article supervisé par Inoue Shôei, chercheuse sur le calendrier et auteure, prêtresse shintô, professeure invitée à l’université Tôhoku Fukushi. Photo de titre : reflet du mont Fuji dans une rizière. Toutes les photos : Pixta)

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