Les 24 divisions de l’année solaire au Japon
« Shôman » : légers mûrissages
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Shôman (légers mûrissages) est le nom donné à la période solaire qui commence approximativement le 20, 21 mai sur le calendrier moderne, lorsque les cultures fleurissent et que tout regorge de vie. Le mot japonais shôman peut aussi se traduire par « petite satisfaction », en référence au sentiment éprouvé par les agriculteurs.
Cet article va se pencher sur les événements et les phénomènes naturels qui jalonnent la période allant en gros du 20 mai au 5 juin.
Les iris
Les mois de mai et juin constituent la haute saison pour les iris, tels que les ayame, les kakitsubata et les hanashôbu.
Les variétés se distinguent par la forme de leurs pétales : les ayame se reconnaissent à leur motif réticulaire, les kakitsubata ont une raie blanche et les hanashôbu sont mouchetés de jaune. Le 5 mai, jour des enfants, offre l’occasion de faire des bouquets de hanashôbu. À cette époque de l’année, le musée Nezu de Tokyo expose le célèbre trésor national Kakitsubata d’Ogata Kôrin (1658-1716), une paire de paravents en papier à six panneaux ornés de peintures d’iris de la variété à laquelle l'œuvre doit son nom, pour célébrer l’éclosion des fleurs dans les jardins du musée.
Les carthames
À l’origine, la couleur pourpre employée par les Japonais provenait du carthame, bien que la majorité de ces fleurs fussent jaunes. Le carthame, qui est mentionné à la fois dans l’ancien recueil de poèmes Man’yôshû et dans Le Dit du Genji, est cultivé et utilisé dans la teinture depuis l’époque de Heian (794-1185). De nos jours, la préfecture de Yamagata est l’une des principales régions de production, et le film du Studio Ghibli Souvenirs goutte à goutte met en scène la culture du carthame dans cette région. La superposition des teintures produit de vives couleurs. Le carthame entre aussi dans la fabrication du rouge à lèvres.
Le festival Tenjin au sanctuaire Yushima Tenmangû (25 mai)
Le sanctuaire Yushima Tenmangû, à Tokyo, tient son festival Tenjin à ce moment de l’année. Le sanctuaire est dédié à Sugawara no Michizane, vénéré dans le shintô en tant que divinité de l’érudition. Les étudiants sont nombreux à rendre visite au sanctuaire avant la saison des examens en vue de prier pour leur réussite.
La cérémonie du ver à soie Gokyûsô
Les vers à soie éclosent en été et sont alimentés par un apport régulier de feuilles de mûriers. L’impératrice Masako accomplit une cérémonie d’alimentation des vers à soie élevés dans une ferme dédiée à cet usage à l’intérieur du palais impérial de Tokyo. On se sert de leurs cocons pour fabriquer du fil destiné à être utilisé lors des cérémonies et des rituels célébrés par la cour impériale.
La plantation du riz
Au début de la plantation du riz, on célèbre la cérémonie saori pour accueillir la divinité des rizières. « Sa » fait référence à la divinité et « ori » veut dire « descendre » (des cieux). Certaines régions organisent des festivals, appelés onda-matsuri ou onda-sai, au cours desquels les gens mangent du sekihan (riz rouge préparés avec des haricots azuki et du riz mochi) et prient pour obtenir d’abondantes récoltes et une bonne santé.
Hashirizuyu
Hashirizuyu, ou « saison des pluies fugace », désigne la brève période d’averses persistantes qui précède la saison des pluies proprement dite. L’Agence météorologique japonaise annonce le début officiel de la saison des pluies alors que hashirizuyu s’éloigne vers le nord de l’archipel.
Shijyûkara, la mésange japonaise
C’est également la période de reproduction de la mésange japonaise (Parus minor) dans le pays tout entier. Elle a une tête noire dotée de deux joues blanches, et le dessous de son corps est orné de bandes noires caractéristiques qui partent du cou et descendent jusqu’à la queue. À partir du début de l’été, elle pond et s’occupe de ses petits.
Le changement de garde-robe
Au Japon, l’habitude de changer de garde-robe pour revêtir les habits d’été en juin et ceux d’hiver en octobre remonte, dit-on à l’introduction des uniformes pour les étudiants et les fonctionnaires à l’ère Meiji (1868-1912). Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours dans les écoles et dans certaines entreprises. (Voir notre article : L’uniforme scolaire à travers les âges au Japon)
Les fèves
Les fèves, qui semblent vouloir grimper jusqu’au ciel, sont appelées pour cette raison soramame en japonais, littéralement les pois (mame) du ciel (sora). Elles perdent rapidement leur fraîcheur, si bien qu’il convient de les cuire peu après leur acquisition. Les fèves sont excellentes bouillies dans de l’eau salée, grillées ou sous forme de beignet tempura, et elles ajoutent une touche printanière aux salades, aux soupes ou aux pâtes. Dans la préfecture de Kanagawa, on fait griller les fèves préalablement séchées, avant de les plonger dans un mélande de sauce soja, de sucre et de piment. Du fait qu’elles sont grillées, et non pas bouillies, elles ont une texture croustillante.
Le poulpe (tako)
Le poulpe commun est de saison en divers endroits du pays. Le poulpe est mentionné dans l’Izumo-no-kuni fudoki, un ouvrage compilé au VIIIe siècle, ce qui montre bien que les Japonais l’apprécient depuis les temps anciens. À l’époque d’Edo (1603-1868), on disait que le poulpe faisait partie des aliments préférés des femmes, au même titre que le taro et la citrouille kabocha. Le poulpe se consomme de bien des façons au Japon, notamment en sashimi, bouilli, frit, en vinaigrette et sous forme de boulettes takoyaki.
(Article supervisé par Inoue Shôei, chercheuse sur le calendrier et auteure, prêtresse shintô, professeure invitée à l’université Tôhoku Fukushi. Photo de titre : épis de blé oscillant dans la brise d’été. Toutes les photos : Pixta, sauf mention contraire)