Les athlètes paralympiques : des hommes et des femmes exemplaires

Kôzai Hiroaki, une star internationale à la tête de l’équipe du Japon de handibasket

Sport Société

Yoshii Taeko [Profil]

Avant de faire carrière en tant que joueur professionnel au Japon et en Allemagne, Kôzai Hiroaki a été l’une des stars et même, à un moment donné, le capitaine de l’équipe de handibasket (basket en fauteuil roulant) de l’Université de l’Illinois, aux États-Unis. À l’heure actuelle, il s’efforce d’aider l’équipe du Japon à décrocher une première médaille dans cette discipline aux Jeux paralympiques de Tokyo. Il joue les quarts de finale contre l’Australie le 1er septembre.

Kôzai Hiroaki KŌZAI Hiroaki

Né en en 1988 dans la préfecture de Chiba avec une agénésie (absence de formation) des membres inférieurs. Il commence à jouer au handibasket à l’âge de 12 ans et fait ses débuts dans l’équipe du Japon des moins de 23 ans au lycée dès son entrée en seconde. Entre 2010 et 2013, il joue dans l’équipe de handibasket de l’Université de l’Illinois (É.-U) et avec elle, il remporte le championnat national des Etats-Unis de 2010 ainsi que le titre de meilleur joueur (MVP) pendant deux saisons consécutives. Il faisait également partie de l’équipe du Japon quand elle décroche une médaille d’argent aux Jeux paralympiques asiatiques en 2014 et 2018. A partir de 2013, Kôzai Hiroaki a mené une carrière professionnelle d’une part au Japon avec les Chiba Hawks et l’équipe NO EXCUSE et de l’autre en Allemagne, d’abord pour le BG Baskets de Hambourg puis à partir de 2018, pour le prestigieux RSV Lahn-Dill de Wetzlar qui a été neuf fois champion d’Allemagne et sept fois d’Europe.

Un sport collectif en fauteuil roulant auréolé de prestige

Il suffit d’assister une fois à un match de handibasket pour se rendre compte que ce sport collectif en fauteuil roulant se pratique à un rythme tout aussi endiablé que le basket valide. Les joueurs parcourent le terrain en tous sens à une allure folle ; ils effectuent des changements de direction et des passes époustouflants ; et ils marquent des buts en se heurtant, dans un enchevêtrement impressionnant de bras et de roues. Le basket fauteuil se joue à 5 contre 5 avec un règlement pratiquement identique à celui du basketball, mis à part quelques aménagements dus à la présence de fauteuils. Resté longtemps le seul sport collectif spectaculaire pouvant être pratiqué en fauteuil roulant, il a joué un grand rôle dans le développement du handisport en général et il compte de nombreux adeptes dans le monde.

Au Japon, le handibasket a de plus en plus la cote. En 1999, Inoue Takehiko, auteur du fameux manga consacré au basket Slam Dunk (1990-1996), publie depuis 1999 une autre bande dessinée à succès intitulée Real dont les héros se mesurent à travers le handibasket.

Kôzai Hiroaki n’est pas du tout mécontent de ce regain d’intérêt mais il préfère de loin contribuer à accroître la popularité de cet sport en s’impliquant sur le terrain. Depuis 2013, il est devenu une véritable star en tant qu’ailier des équipes allemandes du BG Baskets de Hambourg et du RSV Lahn-Dill de Wetzlar qui a été sacré neuf fois champion d’Allemagne et sept fois d’Europe. Et ce qu’il vise à présent, c’est une première médaille dans cette discipline pour le Japon aux Jeux paralympiques de Tokyo.

Privilégier le jeu de transition

Kôzai Hiroaki a déjà participé à trois olympiades paralympiques et il est bien placé pour savoir qu’une place sur le podium ne se remporte pas si facilement. En 2016, à Rio de Janeiro, il a pris la tête de l’équipe du Japon en compagnie de son pivot de longue date, Fujimoto Reo, et sous la direction de l’entraineur Oikawa Shinpei. Malheureusement, les handibasketteurs japonais ont été, contre toute attente, éliminés dès la phase de groupes. Un échec difficile à admettre pour un joueur qui a tout lieu d’être fier de ses brillants résultats en tant que professionnel. « Au JO de Pékin et de Londres, j’étais le plus jeune joueur de l’équipe », explique-t-il. « Je voulais juste donner le meilleur de moi-même et mettre mes compétences à l’épreuve d’une compétition de niveau mondial. À Rio de Janeiro, mon objectif était tout autre. Je souhaitais faire forte impression et créer une dynamique dans la perspective des Jeux de Tokyo. Mais après les résultats décevants de notre équipe, j’ai compris que nous devions changer complètement de stratégie. »

Kôzai Hiroaki en train de viser le panier adverse au cours du match de phase de groupes qui a opposé le Japon et les Pays-Bas, le 10 septembre 2016, durant les Jeux paralympiques de Rio de Janeiro. (© Jiji)
Kôzai Hiroaki au cours du match de phase de groupes qui a opposé le Japon et les Pays-Bas, en septembre 2016, durant les Jeux paralympiques de Rio de Janeiro. (Jiji Press)

Après les JO de Rio, l’équipe du Japon de handibasket a cessé de privilégier les qualités individuelles des joueurs et mis l’accent sur le jeu de transition, c’est-à-dire la contre-attaque. Elle a recruté des entraineurs professionnels de façon à acquérir les capacités physiques et mentales indispensables pour contre attaquer et relancer le jeu rapidement. Dans le même temps, il y a eu un grand changement dans la carrière professionnelle de Kôzai Hiroaki. Il a en effet quitté les BG Baskets de Hambourg où il avait joué pendant quatre ans pour l’équipe du RSV Lahn-Dill de Wetzlar qui caracolait en tête des championnats d’Allemagne et d’Europe.

Suite > Une stratégie payante

Tags

handicapé sport JO parasport basket

Yoshii TaekoArticles de l'auteur

Journaliste sportive. Né dans la préfecture de Miyagi. Après avoir travaillé 13 ans au sein du quotidien Asahi Shimbun, elle se lance dans une carrière free-lance en 1991. La même année, elle remporte le prix « Mizuno sports writer » pour son livre Kaerazaru kisetsu Nakajima Satoru F1 gonenme no shinjitsu (« Une saison irréversible, la cinquième année de vérité pour le champion de F1 Nakajima Satoru »). Les thèmes qu’elle développe concerne les capacités cachées de l’être humain. Parmi ses écrits : Hi no maru joshi bare nippon naze tsuyoi no ka (« Pourquoi l’équipe de ballet du Japon est-elle si redoutable ? », édité chez Bungei Shunju, 2013), ou Tensai wo tsukuru oyatachi no rule (« Comment les parents fabriquent-ils des génies ? », édité chez Bungei Shunju, 2016).

Autres articles de ce dossier